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Saint François Borgia, par Alonso Cano
(Séville, Musée des Beaux-Arts)
Le 10 Octobre
S. FRANÇOIS BORGIA (1510-1572),
CONFESSEUR
Bref historique du culte liturgique
«Memoria S. Francisci de Borja († Romæ, die 30 septembris 1572), anno 1688 in Calendario romano ascripta, Calendariis particularibus relinquitur, quia non agitur de Sancto “momentum universale revera præ se ferente” [SC 211] (La mémoire de saint François de Borgia [† à Rome, le 30 septembre 1572], inscrite au Calendrier romain en 1688, est laissée aux Calendriers particuliers parce que ce Saint n’a pas “un véritable rayonnement universel” [SC 211]» (Calendarium Romanum, <i>Variationes in Calendarium romanum inductae</i>, Romae, 1969, p. 142)».
BRÉVIAIRE ROMAIN (1688-1969)
Deuxième Nocturne
Leçon iv
François [né le 28 octobre 1510], quatrième duc de Gandie, fils de Jean de Borgia et de Jeanne d’Aragon, petite-fille de Ferdinand le Catholique, après avoir passé au sein de sa famille une enfance admirable d’innocence et de piété, se montra plus admirable encore par la pratique exemplaire des vertus chrétiennes et l’austérité de sa vie, à la cour de l’empereur Charles-Quint [1528-1539], et ensuite dans le gouvernement de la Catalogne. A la mort de l’impératrice Isabelle [mai 1536], il fut chargé de conduire son corps à Grenade, pour y recevoir la sépulture. En voyant le changement opéré sur le visage de l’impératrice, il réfléchit à la vanité de tout ce qui est mortel, et s’engagea par vœu à se dépouiller de tous ses biens dès qu’il le pourrait, pour ne plus servir que le Roi des rois. Dès lors il avança tellement dans la vertu, qu’au milieu des affaires du siècle, il reproduisait tous les traits de la perfection religieuse, et qu’on l’appelait le prodige des princes.
Leçon v
Éléonore de Castro, son épouse, étant morte [27 mars 1546], il entra dans la Compagnie de Jésus, afin d’y mener plus sûrement une vie cachée, et de s’interdire l’accès aux dignités par l’engagement sacré d’un vœu. Il mérita que son exemple portât plusieurs princes à embrasser un genre de vie plus austère, et que Charles-Quint lui-même, en abdiquant l’empire, déclarât que François avait été son inspirateur et son guide. Dans cette profession de vie rigoureuse, François réduisit son corps à une maigreur extrême par le jeûne, les chaînes de fer, le cilice, des flagellations longues et sanglantes et la privation de sommeil. D’ailleurs, il ne s’épargnait aucune fatigue pour se vaincre et pour sauver les âmes. Orné de tant de vertus, il fut nommé, par saint Ignace, commissaire général de la Compagnie en Espagne [1554], et quelques années après, on l’élut, malgré lui, troisième général de la Compagnie [2 juillet 1565]. Dans cette charge, il se rendit extrêmement cher aux princes temporels et aux souverains Pontifes, par sa prudence et sa sainteté. Il fonda ou développa en divers lieux nombre d’établissements, envoya des membres de sa Compagnie en Pologne, dans les îles de l’Océan, au Mexique et au Pérou, dirigea vers d’autres contrées des missionnaires qui, par leurs prédications, leurs sueurs et leur sang, propagèrent la foi catholique et romaine
Leçon vi
Il avait de lui-même une si basse opinion qu’il s’appropriait le nom de pécheur, comme étant le sien. Il refusa avec une humilité qui ne se démentit jamais, la pourpre romaine que les souverains Pontifes lui offrirent à différentes reprises. Balayer la maison, mendier son pain aux portes, servir les malades dans les hôpitaux, par mépris de soi-même et du monde, il en faisait ses délices. Tous les jours il consacrait de longues heures, ordinairement huit et quelquefois dix, à la méditation des choses du ciel. Cent fois par jour, il faisait la génuflexion pour adorer Dieu. Jamais il n’omit de célébrer la sainte Messe. L’ardeur divine qui le consumait, se manifestait par l’éclat de son visage lorsqu’il offrait le saint Sacrifice, et quelquefois même pendant qu’il prêchait. Un instinct céleste lui marquait les lieux où le très saint corps de Jésus Christ, caché dans l’Eucharistie, se trouvait en réserve. Sur l’ordre de saint Pie V, il accompagna le Cardinal Alexandrin, légat du Siège apostolique, que le Pape envoyait auprès des princes chrétiens, pour former une ligue contre les Turcs [1571]. Ce fut donc par obéissance qu’il entreprit ce long voyage, malgré l’affaiblissement de ses forces. Il mourut à son retour à Rome, où il avait désiré achever sa vie, à l’âge de soixante-deux ans, [le 30 septembre] en l’année 1572. Sainte Thérèse, qui recourait à ses conseils, l’appelait un saint, et Grégoire XIII, un fidèle administrateur. Enfin, de nombreux et grands miracles l’ayant glorifié, Clément X l’inscrivit au nombre des Saints [1671].
Pour cette fête simplifiée (ou Bréviaire 1961) :
Leçon ix (ou iii)
François [né le 28 octobre 1510], quatrième duc de Gandie, brilla d’abord à la cour de l’empereur Charles V, par l’intégrité de sa vie. Ayant transporté dans la sépulture de Grenade le corps de l’impératrice Isabelle [mai 1536], en revoyant son visage tout changé par la corruption, il fut frappé de la vanité des choses mortelles et se lia par vœu à servir uniquement le Roi des rois, rejetant tout autre bien. Sa femme, Éléonore de Castro, étant morte [27 mars 1546], il donna son nom à la Compagnie de Jésus. Nommé par saint Ignace commissaire général en Espagne, il fut peu après élu malgré lui, troisième général de la Société entière. Sur l’ordre du pape saint Pie V, il accompagna le Cardinal légat Alexandrin que le Pape envoyait auprès des princes chrétiens, pour former une ligue contre les Turcs [1571]. Après avoir entrepris par obéissance un voyage difficile il acheva heureusement le cours de sa vie à Rome, comme il l’avait souhaité, [le 30 septembre] l’an du salut 1572. Il fut inscrit au nombre des saints par Clément X [1671].
Troisième Nocturne
(Au Commun des Abbés, 1° endroit)
Suite du saint Évangile selon saint Matthieu
(ch. XIX, 27-29.
Trad. du Lectionnaire de 1964-65)
Leçon vii
En ce temps-là,
Pierre dit à Jésus:
«Voici que nous avons tout quitté
et que nous t’avons suivi:
quelle sera notre part?»
Jésus leur dit:
«En vérité, je vous le dis: vous qui m’avez suivi,
quand viendra le renouvellement de toutes choses,
lorsque le Fils de l’homme s’assiéra sur le trône de sa gloire,
vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes,
comme juges des douze tribus d’Israël.
Et tous ceux qui auront quitté
maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou domaines
à cause de mon nom,
ceux-là recevront le centuple
et auront en héritage la vie éternelle.»
Homélie de saint Jérôme, prêtre
(Sur Matthieu, l. III, sur Mt 19, 27-30.
Texte latin & autre trad.: SC 259, 80-85)
Confiance admirable! Pierre était pêcheur, il était loin d’être riche, il gagnait sa vie par le travail de ses mains, et cependant il dit avec la plus grande assurance: «Nous avons tout quitté». Et, comme tout quitter ne suffit pas, il ajoute ce qui est parfait: «Et nous vous avons suivi»; nous avons fait ce que vous avez commandé, que nous donnerez-vous en récompense? Jésus leur répondit: «Je vous dis en vérité que pour vous qui m’avez suivi, lorsqu’au temps de la régénération le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous serez aussi assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël.» Le Sauveur ne dit pas: vous qui avez tout quitté; car cela, le philosophe Cratès l’a fait, et une foule d’autres ont méprisé les richesses, mais il dit: «vous qui m’avez suivi», ce qui est le propre des Apôtres et des fidèles.
Leçon viii
Lorsqu’au jour de la résurrection, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, quand les morts sortiront, incorruptibles désormais, de la corruption du tombeau, vous serez, vous aussi, assis sur des trônes de juges et vous condamnerez les douze tribus d’Israël, parce que, tandis que vous embrassiez la foi, elles l’ont repoussée. «Et quiconque aura quitté pour moi, ou maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou terres, recevra le centuple et possédera la vie éternelle». Ce passage concorde avec cette autre déclaration du Sauveur: «Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive; car je suis venu séparer le fils d’avec le père, la fille d’avec la mère, la belle-fille d’avec la belle-mère, et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison» (Mt 10, 34). Ceux donc qui, pour la foi de Jésus-Christ et la prédication de l’Évangile, auront sacrifié toutes les affections, renoncé aux richesses et aux plaisirs du monde, recevront le centuple et posséderont la vie éternelle.
Leçon ix
Certains esprits s’appuient sur cette promesse pour imaginer une période de mille ans après la résurrection, période pendant laquelle nous recevrions le centuple de ce que nous avons quitté et ensuite la vie éternelle; ils ne réfléchissent pas que si cela paraît convenable pour la plupart des biens, il serait ridicule, sous le rapport des femmes, que celui qui aurait quitté son épouse pour le Seigneur, en reçoive cent dans la vie future. Voici donc le sens de cette promesse: celui qui, pour l’amour du Sauveur aura quitté les biens charnels, recevra des biens spirituels, lesquels, par leur valeur propre et comparés aux premiers, leur sont aussi supérieurs que le nombre cent l’est à un petit nombre.