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LES BORGIA débarquent à la Télé...
par Diafoirus 2011-09-22 16:04:47
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Clio et l'Eglise vont sans doute subir de nouveaux outrages. Carlota a traduit - et commente - un article d'un prêtre espagnol qui rend d'une certaine façon justice au pape Alexandre VI, et à sa fille, Lucrèce Borgia, unique femme à avoir été gouverneur des Etats Pontificaux. Mais où sont les féministes? (17/9/2011)



Le 10 octobre, annoncé à grand renfort de publicité, Canal + diffusera le premier épisode d'une série à très gros budget, où Clio (et l'Eglise) risquent d'être une fois de plus gravement malmenées: mais c'est le but unique de nombreux films et romans à prétention historique.
Sur le site de la série, Rodrigo Borgia-Alexandre VI est présenté comme "Prêt à tout pour sa famille. Et aussi pour le bien de la Sainte Eglise".
Ce dernier point devrait être une forme d'hommage au Pape dont le nom est devenu le symbole des turpitudes supposées de la papauté. Mais on se doute que dans l'esprit de ceux qui font le film, c'est un compliment ambigu, et même empoisonné.

Mon site a déjà consacré, en grande partie grâce à Carlota, plusieurs articles à la famille Borgia, en particulier ici: http://benoit-et-moi.fr/2009/... .
Et il y a un an, sur son blog Settimo Cielo, Sandro Magister reprenait un article de l'OR sur la figure d'Alexandre VI, à propos de la restauration des fresques du Pinturicchio, dans les appartements que le Pape occupait alors.

Il citait le Pr. Antonio Paolucci, directeur des Musées du Vatican:
" Arrêtons-nous devant le portrait du Pape, qui, à genoux , la tiare déposée à ses pieds , contemple en adoration la Résurrection ... Nous allons comprendre la nature d'un homme chez qui cohabitaient une foi sincère , une profonde conscience de son rôle et de son destin , et, en même temps, une voracité , presque une boulimie envers la vie , le pouvoir , l'art , la culture: ces derniers recherchés et aimés sous le signe de l'émerveillement, de l'excès, de la démesure".
(cf. http://benoit-et-moi.fr/ete2010/ )

Bref, les choses ne sont pas aussi simples qu'on voudrait nous le faire croire, et surtout, il convient de replacer les évènements dans le contexte de l'époque à laquelle ils appartiennent. Réécrire l'histoire (ici, de la Rennaissance) à la lumière de notre "aujourd'hui", c'est forcément la trahir. En l'occurrence, dans un but idéologique. L'institution de la Papauté a 2000 ans, et il est évident qu'elle en dérange beaucoup. Malgré les faiblesses des hommes, elle perdure. C'est sans doute que Dieu y veille.

Carlota a traduit et commenté un article d'un prêtre et historien espagnol déjà rencontré dans ces pages (cf.ci-dessous), Alberto Royo Mejía, qui a le mérite, entre autre, de nous rappeler que la "légende noire" de Lucrèce Borgia doit beaucoup à l'imagination débridée de Victor Hugo.
Quand les fantasmes des écrivains se substituent à l'Histoire...

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N’ayez pas foi en eux
Carlota, 14 septembre 2011
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Hier je suis « tombée en arrêt » devant une grande affiche publicitaire, installée dans l’une des principales places du centre historique d’une ville moyenne de notre bonne France. Cette affiche montrait la silhouette de ce qui de loin ressemblait à un souverain pontife et où l’on pouvait lire « N’ayez pas foi en eux ».
Sur le moment je me suis dis que les publicistes, fervents adeptes du Dieu Mamon, inventaient vraiment n’importe quoi pour vendre je ne sais quel produit. Mais j’ai ensuite cru comprendre qu’il s’agissait de faire de la publicité pour une série télévisée qui allait bientôt passer sur Canal +, et qui était intitulée « Borgia », le gros personnage vêtu de blanc et au visage inquiétant de l’affiche étant l’acteur interprétant le Pape Alexandre VI. Une série télévisée à gros budget, historique de surcroît, a désormais besoin d’un affichage publicitaire urbain (alors que le ministère de l’Éducation Nationale a fait disparaître des pans entiers constitutifs de l’histoire de notre pays, et que l’enseignement de l’histoire est réduit à sa plus simple expression à savoir presque la découverte par l’image de quelques documents soigneusement sélectionnés !). Incroyable ou plutôt tellement prévisible, dans le climat actuel de cathophobie que nous vivons où sous prétexte de liberté d’expression et de laïcité, le politique et le financier mènent une guerre implacable contre l’Église catholique, la seule qui résiste à leurs ambitions.

Les Papes sont donc actuellement vraiment à la mode dans les médias, le pape « en activité » comme ceux décédés depuis plus au moins longtemps. On pourrait évidemment s’en réjouir, mais c'est rarement pour louer l’influence bénéfique et indispensable de l’Église catholique.
Le Pape d’origine espagnol Alexandre VI (né Rodrigo Borja italianisé en Borgia), père de la célèbre Lucrèce Borgia, est sans doute l’un des plus décrié dans la littérature romanesque, puis au cinéma et à la télévision. Ce Pape apparaît en effet dès 1921 dans un long métrage (bien sûr muet) allemand, et l’on n'oubliera pas le film d’Abel Gance, « Lucrèce Borgia », en 1937, avec Edwige Feuillère dans le rôle titre, et Roger Karl interprétant son père. Plus récemment le réalisateur Jan Peter (né en RDA en 1968) lui a consacré un épisode dans sa série « documentaire, ou docu-fiction », thème que l’on emploie dorénavant pour les fictions à connotation historique, « Mätressen - Die geheime Macht der Frauen » Maîtresses, le pouvoir secret des femmes, consacré aux favorites d’hommes d’état: Pape, Rois, Sultans (on voit l’intérêt de faire une émission en traitant les trois à la fois !). Il a été programmé sur la chaîne Arte – France.
Mais le sujet intéresse toujours plus les producteurs et en 2010-11 l’Irlandais Neil Jordan a réalisé le feuilleton « The Borgias », avec Jeremy Irons dans le rôle d’Alexandre VI. Ce réalisateur né à Sligo en 1950 a déclaré lui-même: “Je suis fasciné par les monstres, les gens monstrueux, et d’une fascination qui va jusqu’à l’illogisme et l’irrationalité ». De là à penser qu’il s’invente des histoires pour se complaire dans ses fantasmes… Le doute peut nous effleurer !
Et maintenant c’est donc le tour de nouvelle série de l’affiche produite par notamment Atlantique Productions/Lagardère. C’est un certain John Doman qui joue Rodrigue Borgia.

Bien sûr Alexandre VI n’était pas le Souverain Pontife le plus mystique ni le plus ascète parmi les successeurs de Pierre. Mais là encore la réalité est bien plus complexe qu’elle n’est sciemment présentée et l’on peut parier sans risque que ce sont les petits détails (et encore parfois nés de l’imagination de romanciers ou bien enjolivés) qui vont être narrés bien plus que les faits historiques forts peu politiquement corrects aujourd’hui et qui ont pourtant permis à la civilisation européenne de survivre (cf carte invasions ottomanes jointe).
Benoît XVI, d’ailleurs, a dit ( ndt et ndlr: nous ne parvenons pas à nous souvenir "où", mais nous sommes sûres de l'avoir lu) que l’Église a toujours eu le Pape qui correspondait à son temps pour faire au mieux pour le bien de l’Église malgré les vicissitudes de l’histoire et les faiblesses humaines. L’Église Catholique pourtant, ô combien décriée et combattue, est toujours là.
Finalement ces fictions même peu fidèles à l’histoire ont peut-être une certaine utilité : éveiller la curiosité du grand public qui grâce à internet peut encore pour l’instant trouver des informations complémentaires et détaillées rétablissant certains faits permettant de mieux faire connaître le rôle capital des Souverains Pontifes en matière religieuse bien sûr mais aussi civilisationnelle. C’est dans ce sens que je vous adresse la traduction d’un texte rédigé par le Père Alberto Royo Mejía dan sa rubrique « Thèmes de l'Histoire de l’Église ».





Une femme à la tête du pouvoir papal: Lucrèce Borgia
Par Alberto Royo Mejía
Original ici: http://infocatolica.com/blog...

La légende noire a caché pendant des siècles la véritable image de la seule femme qui fut gouverneur des états pontificaux.

Victor Hugo (1802-1885) a ravivé avec son œuvre à succès Lucrèce Borgia (1833) la légende noire entourant cette importante dame de l’histoire de l’Église. Il n’était pas le premier à déverser des accusations sur elle, en effet c’est Franceso Guicciardini, dans sa célèbre Histoire de l’Italie datée du XVIème siècle qui a jeté les bases de bobards odieux contre Lucrèce, des bobards qui ont fait école. Mais Victor Hugo a tiré profit du personnage, déjà très discuté, pour élaborer une nouvelle image, plus sinistre encore si c’est possible: une Lucrèce Borgia ternie par des commentaires malfaisants et sans fondement lancés par les ennemis politiques du Pape Alexandre VI (son père).
Victor Hugo construit toute une légende noire vénéneuse et calomnieuse jusqu’à l’irréel et l’absurde. Grâce à son œuvre de théâtre le bas peuple peut se gorger les oreilles de morbidité (Ndt : admettons que l’auteur de cet article y aille un peu fort, mais il est vrai que Victor Hugo a été nourri aux mamelles d’une France profondément anticléricale : Elle avait fait la chasse aux prêtres, « génocidé » les Vendéens catholiques, quelque peu calmée sous le Directoire, elle avait néanmoins incarcéré un Pape en France et plus exactement dans la prison de Valence où il était mort et avait obligé son successeur à sacrer Empereur, un « aventurier », après avoir fait guillotiner un souverain héréditaire, roi par la grâce de Dieu ! Quant au public plus avide des catastrophes et détails scabreux, TF1 notamment et en général les médias ne le contrediront pas…Et ce n’est pas pour rien, en plus de son talent, que Victor Hugo est devenu le romancier légendaire d’une Troisième République triomphante). Épuisé par ses recherches infructueuses dans le but de trouver des noms et des données sur les assassinats ordonnés ou perpétrés par Lucrèce Borgia, le romancier en cite plusieurs, choisis au petit bonheur la chance !

Dans l’introduction au théâtre de Victor Hugo (Garnier-Flammarion, Paris, 1979) le professeur de l’Université de Louvain Raymond Pouilliart affirme : « Tomasi avait écrit un livre, édité trois fois en français, « les Mémoires pour servir à l’histoire de César Borgia, duc de Valentinois » (ndt « La vie de César Borgia appelé depuis le Duc de Valentinois descrite par Thomas Thomasi, traduit de l’italien, à Leide chez Theodore Haak, 1712 – aujourd’hui Leyde, ville hollandaise qui au siècle dit des Lumière était considéré comme le le plus grand centre d’impression de livres de livres européens) ; très tard, quasiment au moment de sa rédaction, Victor Hugo trouve l’un de ces exemplaires à la Bibliothèque royale. Les noms italiens étaient francisés par le traducteur de Tomasi ; la Biographie Universelle de Michaud les donne en leur forme originale… ». Cela dit, il prend les noms dans une Biographie universelle qui pour universelle qu’elle fut ne pouvait mentionner toutes les victimes dont il charge Lucrèce. Plus loin, il signale : « Hugo invente des parents proches pour rendre plus sûre l’existence de vengeurs ». Il en prend quelques uns parmi les ennemis d’Alexandre VI. Et comble du pire drame de sa carrière littéraire et comble de la fiction antihistorique, Victor Hugo fait que Lucrèce dans le dernier acte, empoisonne son fils Jean et cinq de ses amis...Et son fils moribond, dans un acte d’une bouleversante justice, poignarde sa mère et la tue.

Le vilain côté de l’affaire, c’est que malgré le médiocre succès de l’œuvre en France (première le 2 février 1833), elle reçut à l’étranger un accueil tel que dès décembre elle était déjà transformée en opéra. Hugo demanda à Felice Romani, librettiste, de reprendre son œuvre littéraire. Donizzeti composa la musique et la première eut lieu à la Scala de Milan et non pas à Paris sur la demande de Hugo. L’opéra est reconstituée et ré - intitulé La Rinnegata (La Répudiée) en 1845. Un autre collègue de Victor Hugo, Alexandre Dumas, père, entreprend d’écrire à charge de Lucrèce, et lui ajoute tout le mythe du poison, en l’étendant à un usage commun dans la famille. Un excentrique Manuel Fernández y González (1821-1888) publie un feuilleton intitulé Lucrèce Borgia, Mémoires de Satan. Et tout à l’avenant, Lucrèce était au yeux de tous, le démon en personnel. Passée la mode de la déprécier, apparaît en 1941 un pamphlet sous la forme d’un livre intitulé Lucrèce Borgia, la princesse des poisons…

Les efforts d’un certain Giusepe Campori qui en 1866 avait publié une étude hyper-documentée intitulée « Une victime de l’histoire : Lucrèce Borgia », n’avait servi à rien. Comme s’il fallait encore des preuves, Ferdinand Gregorovius (Lucrecia Borgia, Stuggart, 1874), expert renommé en histoire romaine, ajoute rien moins que soixante-quinze nouveaux documents pour en finir avec le mythe.

Les plus récentes investigations publiées démontrent que Lucrèce Borgia non seulement ne fut pas une épouse infidèle comme l’on dit (et même on s’y serait peu attendu étant donnée la honteuse corruption de la Renaissance) mais que jamais elle n’utilisa ni ne commanda d’utiliser un poignard, une épée, ni une arme quelconque. Elle n’utilisa pas non plus le mythique poison des Borgia (la cantarella). C’est plus, selon les termes de l’immortel historien anglais William Thomas Walsh, « Lucrèce […] de par l’histoire, les documents et les mémoires dignes de foi, était à son époque une des femmes les plus vertueuses et dignes de louange » (cf Isabel La Cruzada, Espasa Calpe Argentina, 1945).

L’amour de la vérité exige d'être rigoureux et ouverts à toutes les possibilités que les faits et les raisonnements sains présentent sous nos yeux.
Pour cela nous allons réviser brièvement la vérité historique qui entoure Lucrèce et Alexandre VI.
D’abord nous devons remonter un peu arrière, quand le Pape Calixte III (1378-1458) est intronisé à Rome. D’origine espagnole, - évêque de Valence, il fit front à l’invasion turque et à l’agression des troupes ottomanes. Il réhabilita la mémoire de Jeanne d’Arc au moyen d’un nouveau procès (1456). Les problèmes commencent avec les accusations justifiées portées à son encontre au vu des nombreuses preuves concernant son népotisme exagéré qui lui fit concéder beaucoup de charges et de privilèges aux membres de sa famille (ndt népotisme, pouvons-nous supposer, d’autant plus insupportable qu’il favorisait des Espagnols et non pas des nobles Romains !) et en particulier son neveu Rodrigo de Borja, le futur Pape Alexandre VI (1431-1503).

Celui-ci, espagnol, comme son oncle provenait de la familla Borja. Ils italianisèrent leur nom en adoptant celui devenu traditionnel de Borgia. Préfet de Rome, sous Sixte IV, il fut nommé légat du Pape, il réconcilia Henri IV de Castille avec sa sœur Isabelle (1472). Il réussit à chasser le Roi de France Charles VIII des États Pontificaux, et il s’allia ensuite avec Louis XII. En 1493 il promulgua une bulle fixant la ligne alexandrine (ndt Inter coetera, qui l’année suivante sera suivi du traité hispano-portugais de Tordesillas) qui détermina la division du Nouveau Monde entre la Castille et le Portugal. Il favorisa ses enfants (qu’il avait eu, violant la règle religieuse, avec Vanozza Catanei) et plus particulièrement César et Lucrèce.

On a tellement dit de choses, sur Alexandre VI, et on a tellement calomnié sa mémoire, et celle de sa fille. Les calomnies commencèrent à toucher le grand public quand le radical et exalté Savonarole prêcha sa réforme morale que certains ont considérée comme précurseur du puritanisme protestant, et qu’il commença à crier par les rues que tous ceux qui suivaient le Pape était des ennemis du Christ, prophétisant à tous vents. « Je vous assure, in verbo Domine, qu'Alexandre n’est absolument pas le Pape, et qu'il ne doit pas être traité comme tel », soutenait-il. Il alla jusqu'à prétendre qu’il avait acheté sa charge et qu’il ne croyait même pas en Dieu. Les gens simples se scandalisaient, mais la vérité est que malgré ses péchés personnels, la doctrine qu’Alexandre VI enseigna fut très fidèle à la Tradition et à la Révélation et même il manifestait une grande et tendre dévotion pour la Très Sainte Vierge.

Il faut rappeler que nous sommes déjà à la Renaissance et que les luttes de pouvoirs se livraient non pas pour des motifs religieux mais pour de vils motifs matériels et humains. Les « familles » ou Maisons, assassinaient, calomniaient, corrompaient ou exilaient selon leur besoin pour assurer ou augmenter leur pouvoir. C'est pourquoi les ennemis politiques de la Maison des Borgia (de surcroît favorisée, comme nous l’avons déjà dit, depuis l’avènement de Calixte III) excitaient le peuple avec des histoires de simonie, d’immoralité et de corruption. Vices crédibles d’autant qu’ils étaient plus que fréquents à cette époque .

Mais ce qui a été à l’origine des très graves et infamantes calomnies dirigés contre ses enfants César et Lucrèce, ce fut le fait d’avoir initié le plan de centralisation et d’unification de l’Italie, une action d’ailleurs en conformité avec l’Europe du moment. Cela signifiait, entre autre, en finir avec les noblesses et les pouvoirs corrompus qui opprimaient durement le peuple. C’est ainsi qu’agirent Louis XI en France (ndt: lui aussi tellement décrié par les romanciers autoproclamés historiens, et historiens idéologues du XIXème siècle), Henri VII en Angleterre, Isabelle et Ferdinand en Espagne.
Pour avoir mis de l’ordre dans l'anarchie de la Renaissance, les nobles et les roitelets dépouillés n’ont rien trouvé de trop vil à dire contre le Pape et sa famille .

Lucrèce fut victime d'intrigues, mariée et démariée selon les convenances de la politique de circonstance.
Une première noce fut arrangée avec Jean Sforza, le neveu du Duc de Milan quand elle avait à peine 13 ans et ne dura guère plus que deux petites années puisque, après l’avoir fait transférée à Pesaro (ndt: cité italienne sur la côte adriatique), le Pape lui-même aurait tenté de faire liquider le duc au moyen d’un sordide assassinat. Alertée par son propre frère, Lucrèce n’hésita pas à mettre en garde son époux de sorte que le Pape n’eut d’autre remède que de s’en débarrasser en annulant (bien qu’il n'ait été que de pure forme) le mariage par l’annulation des vœux, l’union n’avait pas été consommée.

La tristesse avec laquelle Lucrèce reçut la nouvelle la mit dans un état de grande dépression et elle s’enferma dans un couvent, ne communiquant avec son père que par l’intermédiaire d’un messager. On dit que celui-ci fut à l’origine de l’affaire dont fut tiré le sordide récit qui entoura cette famille. Avec l’inattendue grossesse de Lucrèce, cette fois sans mari et recluse, de nombreuses rumeurs se propagèrent sur la paternité du futur enfant. Il y a des versions qui disent que le père était le messager qui était devenu l’amant de la princesse (un certain Pierre), d’autres disent plutôt que l’enfant était le produit des supposées relations que Lucrèce avait maintenu avec son père ou avec son frère.

Un nouveau mariage se réalisera avec le prince d’Aragon Alphonse de Biscaglie, comme stratégie de soutien au Pape, à partir de cette nouvelle alliance avec le Royaume de Naples, une alliance qui se terminera paradoxalement négativement pour les Borgia. Le prince Alphonse est poignardé et à deux doigts de la mort, c’est Lucrèce elle-même qui le soigne et le guérit, en craignant d'autres d’attentats contre sa vie. Malgré cette rencontre avec cet homme qui dit-t-on fut son véritable amour, l’ambition des Borgia la laissera de nouveau veuve.

En 1501 Lucrèce Borgia assume temporairement la direction de l’Église par mandat de son père le Pape Alexandre VI lequel doit se porter à la tête de ses armées pour défendre les terres de la Papauté (ndt: qui ne l’oublions pas permirent que le Saint Siège et l’autorité papale se maintiennent durant des siècles particulièrement troublés). Alexandre VI octroya à Lucrèce le titre de Vicaresse. Malgré une très forte opposition de l’Église à cette nomination, le fait que Lucrèce maitrisât l’espagnol, le grec, l’italien, le français, le latin et pût écrire dans toutes ces langues furent des éléments déterminants à sa splendide gestion de la charge.

Les ambitions politiques de la famille Borgia amèneront à préparer un troisième et dernier mariage entre Lucrèce, et cette foi, le prince et héritier du royaume de Ferrare. Et c’est donc Alphonse d’Este qui lui conférera le titre de duchesse de Ferrare (ndt: elle lui donnera sept enfants). À partir de ce moment ses contemporains parlent d’une Lucrèce bonne épouse et mère de quatre enfants, en même temps qu’elle aurait entretenu une romance platonique avec le poète Pietro Bembo. Elle a 22 ans quand son père meurt; elle a souffert, dans sa personne, la terrible lutte pour le pouvoir que beaucoup de familles tout aussi corrompues ont menée. Le déclin de la famille Borgia, comme puissance de gouvernenement, arrive à sa fin, et elle mène une vie de retraite et de tristesse.

Elle a peut-être été frivole et légère, comme d’autres femmes de son époque - et pas seulement! Mais déjà trois fois mariée, elle assiste à des pièces de théâtre, lit beaucoup, reçoit; elle était élégante, cultivée (elle parlait l’italien, l’espagnol, le latin et le grec), belle, avec beaucoup de classe. Elle se consacre à des œuvres de charité, elle visite les hôpitaux et les hospices, assistant personnellement les malades et les indigents. Elle les aide à garder le moral avec ses soins, ses cadeaux, et sa présence pleine de joie.
[…]
Elle meurt des suites d’un accouchement, après neuf jours de fièvres puerpérales, après avoir reçu derniers sacrements et entourée de l’amour familial dont elle commençait à profiter. (ndt: C’était en 1519. Elle avait donc 39 ans).



http://benoit-et-moi.fr/ete2011/0455009f1b06c3101/0455009f6307e1e02.html

     

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 Pour PEB par Agnus  (2011-09-21 21:42:29)
      LES BORGIA débarquent à la Télé... par Diafoirus  (2011-09-22 16:04:47)


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