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Histoire du diocèse de Nevers (suite)
par phg 2011-09-18 22:09:42
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MONSEIGNEUR JEAN STREIFF (1966-1987)

Je ne sais quelle fut sa devise épiscopale. Mais il aurait pu prendre : « à gauche toutes, pleins gaz, droit dans le mur et en klaxonnant ».
Le tournant catastrophique pour ce petit diocèse fragile est en effet pris sous ce long, trop long épiscopat. Tout ce que ses prédécesseurs avaient tenté de reconstruire est balayé par cette tornade. L’abbé Steiff est né à Nancy en 1911. Il passe par le Séminaire Français de Rome et la Grégorienne. On aurait pu s’attendre à un parcours catholique… Ordonné prêtre pour le diocèse de Nancy en 1937, il sera vicaire, professeur au Grand Séminaire, aumônier des étudiants. En 1962, il est secrétaire de l’épiscopat chargé de l’action catholique. Une telle charge à une telle date indique à quel genre de prêtre, on doit avoir à faire. Il est à ce titre expert au Concile. Le drame éclate en 1966 pour les catholiques de la Nièvre, l’abbé Streiff devient évêque de Nevers. Il lance tout de suite les réformes conciliaires ou plutôt ce qu’il croit en avoir compris. Il juge que « l’intelligence de la liturgie » est plus importante que la tradition. Il sera bien incapable de trouver cela dans les textes conciliaires. En fait, son « intelligence de la liturgie », c’est l’encouragement aux expérimentations les plus hasardeuses. Il s’attaque aussi aux sacrements en encourageant à les méditer longuement avant de les recevoir. Le sacrement devient une espèce de récompense, la grâce qu’il apporte, importe peu à cet évêque. Il encourage donc à différer le baptême nettement après la naissance et développe les baptêmes collectifs. Le Salut des âmes ne semblent pas le souci de sa « Pastorale ». En 1968, il regroupe les paroisses, là aussi c’est un précurseur…, il en reste 6 aujourd’hui. En 1972, il s’intéresse à l’accueil dans l’Eglise des divorcés remariés. Monseigneur Streiff s’intéresse à beaucoup de choses et de gens à l’exception des…catholiques. Malgré cette grande ouverture d’esprit….il est contesté sur sa gauche par certains de ses prêtres qui contestent le célibat ecclésiastique. Il est aussi contesté sur sa droite avec l’installation des sœurs de Saint Fraimbault près de Donzy. Aujourd’hui ce monastère est une place forte du sédévacantisme. Il refuse, malgré l’insistance de la nonciature, les derniers sacrements à un dominicain traditionaliste.
Pourtant au milieu du désert spirituel que devient la Nièvre, un village d’irréductibles résiste aux légions « streiffiennes ». A quelques kilomètres de la Cathédrale entre Nevers et Fourchambault, à l‘extrémité du diocèse là ou se rejoignent la Loire et l’Allier, Marzy gros village rural, aujourd’hui banlieue de Nevers avec sa solide église romane bourguignonne. Et surtout son curé, Monsieur l’Abbé Hubert Fleury. Monsieur le curé de Marzy porte la barrette, prêche en chaire et célèbre la messe de toujours. Marzy, c’est le cauchemar de Monseigneur Streiff et de ses successeurs. Persécuté l’Abbé Fleury et ses fidèles résistent, monsieur le curé ouvre son église à ses confrères de la Fraternité Saint Pie X, monsieur le curé possède le pouvoir de juridiction. Curieusement malgré les menaces mais sans doute grâce à la foi, au courage et au caractère de l’Abbé Fleury, ils ne toucheront pas à Marzy.
En 1987, Monseigneur Streiff démissionne, il laisse un diocèse complètement déglingué, le nombre de prêtre aura baissé de moitié, les ordinations ont presque disparu mais les catholiques « engagés » parlent de Monseigneur Streiff comme d’une icône. Curieusement, ils oublient un détail, comment se fait-il qu’un évêque qu’ils estiment si intelligent, si remarquable soit resté évêque de Nevers, pourquoi n’a-t-il jamais été promu ? Son testament spirituel est significatif « nous vivons après le Concile Vatican II que personne, même s’il le voulait ne peut mettre entre parenthèses". Monseigneur Streiff s’est sans doute retourné dans sa tombe le 14 septembre 2011…


MONSEIGNEUR MICHEL MOUTEL (1988-1997)


Beaucoup de personnes gardent de cet évêque l'image d’un homme embarrassé en mai 1993 parce qu’il avait à faire : célébrer religieusement dans la cathédrale de Nevers les funérailles de Pierre Bérégovoy qui venait de se suicider. Cérémonie pathétique, musique profane, évêque mal à l’aise, peu audible… Malgré la complexité de la situation, il s’en sort plutôt mieux que son confrère d’Angoulême, l’Académicien Dagens, quelques années plus tard à Jarnac enterrant un ancien président bigame de fait…
L’abbé Moutel naît dans le diocèse de Nantes. Son frère sera maire MRP d’Ancenis. Mauvais présage ? Pas tant que cela. Nous sommes aux confins des Mauges, dans le pays chouan. Après la guerre, le MRP est ce qui reste pour les électeurs de droite. Ce parti a donc des électeurs et des élus locaux beaucoup plus à droite que ses responsables nationaux. La famille Moutel est une famille de notables : notaire, médecin,…Le jeune Michel est élevé dans une famille bourgeoise catholique, il entre au séminaire de Nantes, il est ordonné en 1962. Il devient sulpicien, poursuit des études à Rome, devient professeur au séminaire de Clermont Ferrand avant de devenir supérieur de celui de Nantes. Bref un parcours classique qui en aurait sans doute fait un évêque classique 30 ans avant ou 20 ans après.
En 1988, il devient donc évêque de Nevers. Il se place immédiatement dans la lignée de son prédécesseur mais avec plus de mesure. Il tente de maintenir le doyenné comme dimension des nouvelles paroisses. Monseigneur Moutel applique à son diocèse les recettes de cette époque : diaconat permanent, funérailles présidées par des civils, il est vrai que le nombre de prêtres s’effondre dans le diocèse. En revanche, il tente de redonner un peu de vitalité à ce pauvre diocèse en y installant RCF et en réinvestissant le Grand Séminaire fermé en 61; symbole des temps, il y installe notamment la maison de retraite du clergé. Monseigneur Moutel a plus d’envergure que son prédécesseur puisqu’il sera de 91 à 97, président de la Commission épiscopale de la liturgie. En 1997, il est promu archevêque de Tours. Il n’y restera que 9 mois décédant brutalement.


MONSEIGNEUR FRANCIS DENIAU (1998-2011)

A première vue, Monseigneur Deniau avec sa barbe de missionnaire et son air débonnaire peut sembler un brave homme bombardé par hasard à la tête d’un diocèse. Monseigneur Deniau, derrière les apparences, est un idéologue. L’abbé Deniau issue de famille aisée est ordonné prêtre pour le diocèse de Paris. Il poursuit des études à l’Angélicum. Lorsque les diocèses d’Ile de France sont redécoupés, il opte pour celui de Nanterre. De 1964 à 1970, il est aumônier des étudiants de Nanterre. Il garde un souvenir attendri de cette période. Inquiétant pour un prêtre catholique : aumônier de l’Université de Nanterre en 1968…Il reste dans le monde étudiant et ne devient curé de paroisse qu’en 78 à 42 ans. En 85, il devient vicaire général de Nanterre pour seconder Monseigneur Favreau un ultra progressiste. Nommé curé de Puteaux en 1997, il est nommé en 98, évêque de Nevers. Monseigneur Deniau est un des chouchous de G….S. Il est un des plus mitrés de France dans le dernier classement. A quoi doit-il cette brillante promotion ? A l’ensemble de son œuvre... Mais G….S lui sait particulièrement gré d’avoir fustigé l’archevêque de Recife lorsque celui-ci en 2009 a tout simplement rappelé le droit canon en matière d’avortement. Monseigneur Deniau publie une lettre ouverte à « son frère l’évêque de Recife ». Au passage, il confie avoir accompagné lui-même des femmes avant et après un avortement. Ceci n’a rien de choquant au demeurant, s’agissant « d’un péché réservé » mais le contexte de cet aveu laisse penser peut-être à torts que Monseigneur Deniau est libéral sur la question. C’est d’ailleurs ce que G….S insinue en le présentant aussi comme très éloigné de toute œuvre de restauration ce qui sous la plume de G….S veut dire éloigné de toute tentative de remise en ordre catholique. Dans son diocèse, Monseigneur Deniau est pourtant assez peu apprécié. L’immense majorité des habitants est certes devenue indifférente sur le plan religieux mais l’homme est en plus resté marqué par la banlieue parisienne et est mal à l’aise en province.
Il faut reconnaître à Monseigneur Deniau une certaine habileté dans la gestion du dossier « Marzy » car l’Abbé Fleury a résisté envers et contre tout. Le jour de ses 75 ans, il a été relevé de son titre de curé mais l’évêque a placé Marzy sous l’autorité du curé de Fourchambault, un des seuls prêtres classiques du diocèse, proche de la revue Képhas. Le nouveau curé s’est empressé de ne rien faire et tout continue comme avant à Marzy. Le « Motu Proprio » a même permis à Monseigneur Deniau un remarquable tour de passe-passe, monsieur l’Abbé Fleury a été nommé « prêtre référent pour les fidèles attachés à la liturgie selon les livres liturgiques de 1962 ». Et sa résidence est fixée à Marzy, l’église affectée au « motu proprio » est... l’église paroissiale de Marzy. Habileté mais surtout reconnaissance d’une situation de fait. Aujourd’hui l’Abbé Fleury est un des seuls prêtres dont les offices sont indiqués aussi bien sur le site du diocèse, sur ceux des Instituts ED et sur la Porte Latine… Belle reconnaissance pour un prêtre qui n’est pas toujours facile, est d’un traditionalisme assez austère mais a maintenu la foi dans son village contre vents et marées. Au rythme où va le diocèse, Marzy qui, dans le contexte actuel, survivra à l’Abbé Fleury, sera sans doute l’un des seuls lieux catholiques dynamiques du diocèse. Le diocèse de Nevers n’est d’ailleurs pas si mal loti que cela en matière de Tradition puisqu’en dehors de Marzy, il y a un prieuré de la Fraternité Saint Pie X à Couloutre, ce prieuré desservant un autre centre de messe.
Il y a aussi et là c'est désolant,une des plus fortes présences sédévacantistes de France avec les sœurs de Donzy et un centre de l’Institut Mater Boni Consilii. Il faut noter que là, circulent toutes sortes de théories loufoques et qu’on a le vertige devant les cascades de consécrations et reconsécrations épiscopales. Ce qui est attristant c’est que ces mouvements attirent souvent de « petites gens » sincères et complètement déboussolées par la « pastorale » de type Streiff-Deniau.
Notons enfin que Rome a accepté prestement la démission de Monseigneur Deniau, il n’aura 75 ans que le 3 octobre prochain.

MONSEINEUR THIERRY BRAC DE LA PERRIERE


C’est un pur lyonnais que Nevers vient de recevoir comme évêque. Issue de l’aristocratie lyonnaise, il est formé au Séminaire Saint Irénée de Lyon à une époque ou les séminaristes sont inscrits « en cours par correspondance » à Rome pour recevoir le contre poison de l‘enseignement du séminaire diocésain. Ordonné en 1988, il a très vite une expérience paroissiale Il sera curé de la Trinité de Lyon, cette extraordinaire paroisse moderne fondé par l’Abbé Largnier qui en fut le curé pendant 40 ans et qui n’était pas un progressiste . Il est aussi vicaire général de Lyon et proche du mouvement Foi et Lumière. En 2003, le cardinal Barbarin en fait son évêque auxiliaire. Inquiétant, G….S, tout en le classant mal, le trouve sympathique, mais c’est pour l'opposer au Cardinal Barbain que G....S n'aime pas. Sur le plan catholique, il est fait le portrait d’un évêque conservateur. Attention, conservateur pour G….S ne veut pas dire traditionaliste. Monseigneur Brac de la Perrière incarne la ligne « troisième voie », ni traditionaliste, ni progressiste chère à la conférence épiscopale.
Sa nomination à Nevers est-elle vraiment une promotion. Après toute une vie à Lyon, se retrouver à Nevers dans un diocèse sinistré n’est-il pas un peu déprimant pour cet évêque de 52 ans. Un petit tour sur le site du diocèse donne une idée de l’état des lieux. Sur le simple plan technique, ce site est triste, artisanal, témoignage même sur ce plan matériel d’une immense pauvreté.
Aujourd’hui, si nous appliquions les règles prescrites pour les pays de Mission, Nevers ne serait plus un diocèse mais une administration apostolique. Il n’y a plus de séminaristes et un nombre insuffisant de prêtres en activité pour en faire un diocèse. Avec 27 prêtres, que peut faire le nouvel évêque ? A vue humaine, s’il se contente de « gérer le diocèse », Monseigneur Brac de la Perrière sera le dernier évêque de Nevers. Dans quelques années, il remettra les clés de la Cathédrale Saint Cyr et Sainte Julitte à son confrère d’Autun. Comme en 1801. Espérons que le nouvel évêque soit conscient de cette catastrophe potentielle, demandons pour lui l’aide de Dieu et du Saint Esprit, prions pour lui

     

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