Dimanche 11 Septembre 2011
<b>I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1568-1960)</b>
TREIZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(DEUXIÈME DIMANCHE DE SEPTEMBRE)
<b><i>Premier Nocturne</i></b>
Job sur son tas de fumier
Du livre de Job (ch. 9)
<i>Leçon i</i>
(vv. 1-5) Job prit la parole et dit: «En vérité, je sais bien qu’il en est ainsi: l’homme pourrait-il avoir raison contre Dieu? Quiconque s’avise de discuter avec lui, ne trouve pas à répondre une fois sur mille. Son cœur est sage et sa force est grande; qui donc lui tiendrait tête impunément? Il déplace les montagnes et elles ignorent celui qui les renverse dans sa colère.
<i>Leçon ii</i>
(vv. 6-10) Il déplace la terre et fait vaciller ses colonnes. Quand il commande le soleil ne se lève pas, il met les scellés sur les étoiles. Lui seul a déployé les cieux et foulé les hauteurs de la mer. Il a fait l’Ourse et Orion, les Pléiades et les constellations du Sud. Il est l’auteur d’œuvres grandioses et insondables, de merveilles qu’on ne peut compter.
<i>Leçon iii</i>
(vv. 11-17) S’il passe sur moi, je ne le vois pas et il glisse imperceptible. S’il ravit une proie, qui l’en empêchera et qui osera lui dire: «Que fais-tu?» Dieu ne revient pas de sa colère; sous lui restent prostrés les satellites de Rahab. Et moi, je voudrais plaider ma cause, je choisirais mes arguments contre lui? Même si j’avais raison, à quoi bon me défendre? Car c’est lui mon juge, qu’il faudrait supplier. Et si, sur mon appel, il daignait comparaître, suis-je sûr qu’il écouterait ma voix? Lui, qui m’écrase pour un cheveu, qui multiplie sans raison mes blessures!»
Second Nocturne
Du livre des Morales sur Job du pape saint Grégoire (9, 2-3; texte latin: PL 75, 859-860)
<i>Leçon iv</i>
«En vérité je sais bien qu’il en est ainsi: l’homme pourrait-il avoir raison contre Dieu?» En effet, l’homme soumis à Dieu a raison, et celui qui se dresse contre lui a tort. Car quiconque se fait l’égal de l’auteur de tous biens perd le bien qu’il avait reçu. Assurément, celui qui s’arroge les biens reçus lutte contre Dieu avec ses propres dons. Il est juste que l’orgueilleux soit arraché à cela même qui relève l’humble. Mais le saint homme comprend que si le juge intérieur scrute la valeur de notre vertu elle sera réputée vice. Ainsi il ajoute avec à-propos: «Quiconque s’avise de discuter avec lui ne trouve pas à répondre une fois sur mille.»
<i>Leçon v</i>
Dans la sainte Écriture, habituellement, le nombre mille signifie le tout. Ainsi le psalmiste dit: «Alliance pour mille générations» (Ps 104, 8), bien qu’il soit évident que l’évangéliste ne compte pas plus de 77 générations depuis l’origine du monde jusqu’à l’avènement du Rédempteur. Que signifie donc le nombre mille, sinon l’ensemble achevé de la génération précédente prédestinée à produire une race nouvelle. Jean le dit: «Avec lui, ils régneront mille années» (Ap 20, 4). Ce qui veut dire que le règne de la Sainte Église s’établit en achèvement total.
<i>Leçon vi</i>
Or dix fois un égale dix; et dix fois dix, cent, et dix fois cent, mille. Ainsi à partir d’un nous arrivons à mille. Que représente un en ce passage, sinon un commencement de bonne vie, et mille, sinon la perfection de cette bonne vie. Mais contester avec Dieu c’est s’arroger toute la gloire des vertus au lieu de la lui rapporter. Celui qui a déjà reçu les dons les plus sublimes, s’il vient à s’enorgueillir perd tout ce qu’il avait reçu. Que le saint homme y réfléchisse.
<b>Troisième Nocturne</b>
Lecture du saint Évangile selon saint Luc (17, 11-19)
<i>Leçon vii</i>
En ce temps-là, Jésus faisait route vers Jérusalem et passait aux confins de la Samarie et de la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent au-devant de lui; et, se tenant éloignés, ils élevèrent la voix, en disant: «Jésus, Maître, ayez pitié de nous.» Lorsqu’il les eut vus, il dit: «Allez, montrez-vous aux prêtres.» Et comme ils y allaient, ils furent guéris. Or l’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint, glorifiant Dieu à haute voix. Et il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus, lui rendant grâces, et celui-là était Samaritain. Alors Jésus, prenant la parole, dit: «Est-ce que les dix n’ont pas été guéris? Où sont donc les neuf autres? Il ne s’en est pas trouvé qui soit revenu, et qui ait rendu gloire à Dieu sinon cet étranger.» Et il lui dit: «Lève-toi, va; ta foi t’a sauvé.»
Homélie de saint Augustin, évêque (Questions Évangéliques 2, 40; texte latin: <i>PL</i> 35, 1354-1355)
Le Seigneur a purifié dix lépreux et leur a dit: «Allez vous montrer aux prêtres.» A ce sujet, on peut se demander pourquoi il les envoya aux prêtres, de telle sorte qu’en cours de route, ils soient purifiés. Hormis les lépreux, nul de ceux qu’il a gratifiés de bienfaits corporels ne se trouve jamais envoyé aux prêtres. C’était aussi de la lèpre qu’il avait purifié celui auquel il a dit: «Va, montre-toi aux prêtres et offre pour toi le sacrifice prescrit par Moïse pour leur servir d’attestation.» Il faut donc rechercher la signification de cette lèpre. Ceux qui en sont délivrés ne sont pas dits <i>guéris</i> mais <i>purifiés</i>. La lèpre est à proprement parler une corruption de la couleur plutôt que de la santé ou de l’intégrité des sens et des membres.
<i>Leçon viii</i>
On peut donc, sans absurdité, penser que les lépreux représentent ceux qui, sans avoir la science de la vraie foi, professent en conséquence les doctrines variées de l’erreur. Loin de cacher leur ignorance, ils la produisent au grand jour comme la science suprême et dans des discours pleins de jactance, ils en font étalage. Or, il n’est si fausse doctrine qui ne soit mêlée de quelque vérité. Dans une seule et même discussion ou récit d’un homme, les vérités s’entremêlent sans ordre aux erreurs comme si elles apparaissaient dans la coloration d’un seul corps. Ainsi en va-t-il de la lèpre, elle altère et flétrit les corps humains, mêlant aux teintes vraies des fausses couleurs.
<i>Leçon ix</i>
Que l’Église se garde donc de tels hommes! Ainsi, s’il se peut, se voyant maintenus à distance ils interpelleront le Christ en une grande clameur, comme ces dix qui s’arrêtèrent à distance puis, élevant la voix, dirent: «Jésus, maître, aie pitié de nous.» Ils l’appellent: «Maître». Et de ce nom, personne, que je sache, n’a jamais interpelé le Seigneur pour lui demander un remède corporel. C’est assez montrer, je crois, que la fausse doctrine est signifiée par la lèpre dont le bon maître lave la souillure.
<b>II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961-1969)</b>
TREIZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(DEUXIÈME DIMANCHE DE SEPTEMBRE)
<i>Au Nocturne</i>
Du livre de Job (ch. 9)
<i>Leçon i</i>
(vv. 1-5) Job prit la parole et dit: «En vérité, je sais bien qu’il en est ainsi: l’homme pourrait-il avoir raison contre Dieu? Quiconque s’avise de discuter avec lui, ne trouve pas à répondre une fois sur mille. Son cœur est sage et sa force est grande; qui donc lui tiendrait tête impunément? Il déplace les montagnes et elles ignorent celui qui les renverse dans sa colère.
<i>Leçon ii</i>
(vv. 6-17) Il déplace la terre et fait vaciller ses colonnes. Quand il commande le soleil ne se lève pas, il met les scellés sur les étoiles. Lui seul a déployé les cieux et foulé les hauteurs de la mer. Il a fait l’Ourse et Orion, les Pléiades et les constellations du Sud. Il est l’auteur d’œuvres grandioses et insondables, de merveilles qu’on ne peut compter. S’il passe sur moi, je ne le vois pas et il glisse imperceptible. S’il ravit une proie, qui l’en empêchera et qui osera lui dire: «Que fais-tu?» Dieu ne revient pas de sa colère; sous lui restent prostrés les satellites de Rahab. Et moi, je voudrais plaider ma cause, je choisirais mes arguments contre lui? Même si j’avais raison, à quoi bon me défendre? Car c’est lui mon juge, qu’il faudrait supplier. Et si, sur mon appel, il daignait comparaître, suis-je sûr qu’il écouterait ma voix? Lui, qui m’écrase pour un cheveu, qui multiplie sans raison mes blessures!»
Lecture du saint Évangile selon saint Luc (17, 11-19)
<i>Leçon iii</i>
En ce temps-là, Jésus faisait route vers Jérusalem et passait aux confins de la Samarie et de la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent au-devant de lui; et, se tenant éloignés, ils élevèrent la voix, en disant: «Jésus, Maître, ayez pitié de nous.» Lorsqu’il les eut vus, il dit: «Allez, montrez-vous aux prêtres.» Et comme ils y allaient, ils furent guéris. Or l’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint, glorifiant Dieu à haute voix. Et il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus, lui rendant grâces, et celui-là était Samaritain. Alors Jésus, prenant la parole, dit: «Est-ce que les dix n’ont pas été guéris? Où sont donc les neuf autres? Il ne s’en est pas trouvé qui soit revenu, et qui ait rendu gloire à Dieu sinon cet étranger.» Et il lui dit: «Lève-toi, va; ta foi t’a sauvé.»
Homélie de saint Augustin, évêque (Questions Évangéliques 2, 40; texte latin: <i>PL</i> 35, 1354)
Le Seigneur a purifié dix lépreux et leur a dit: «Allez vous montrer aux prêtres.» A ce sujet, on peut se demander pourquoi il les envoya aux prêtres, de telle sorte qu’en cours de route, ils soient purifiés. Hormis les lépreux, nul de ceux qu’il a gratifiés de bienfaits corporels ne se trouve jamais envoyé aux prêtres. C’était aussi de la lèpre qu’il avait purifié celui auquel il a dit: «Va, montre-toi aux prêtres et offre pour toi le sacrifice prescrit par Moïse pour leur servir d’attestation.» Il faut donc rechercher la signification de cette lèpre. Ceux qui en sont délivrés ne sont pas dits <i>guéris</i> mais <i>purifiés</i>. La lèpre est à proprement parler une corruption de la couleur plutôt que de la santé ou de l’intégrité des sens et des membres.
<b>III. COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE DU MISSEL DE 1970-2002</b>
<b>VINGT-QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE</b>
(Cycle des lectures A)
La <i>Liturgia Horarum</i>, c’est-à-dire le nouveau bréviaire romain, ne prévoit pas de commentaire sur l’évangile de chaque dimanche, contrairement à la tradition. Dans les éditions du <i>Missel Romain</i> antérieures à 1970, le passage de ce jour se trouve au XXI° dimanche après la Pentecôte. On a donc reproduit ci-après le commentaire que donne le <i>Bréviaire Romain</i> en usage jusqu’en 1960.
<b>Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu</b> (ch. XVIII, 21-35. Trad. liturgique officielle)
Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander :
«Seigneur, quand mon frère
commettra des fautes contre moi,
combien de fois dois-je lui pardonner ?
Jusqu’à sept fois?»
Jésus lui répondit :
«Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
En effet, le Royaume des cieux
est comparable à un roi qui voulut
régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena
quelqu’un qui lui devait dix mille talents
(c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser,
le maître ordonna de le vendre,
avec sa femme, ses enfants et tous ses biens,
en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds,
le serviteur demeurait prosterné et disait :
“Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de pitié, le maître de ce serviteur
le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, le serviteur trouva
un de ses compagnons
qui lui devait cent pièces d’argent.
Il se jeta sur lui pour l’étrangler,
en disant : “Rembourse ta dette!”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait :
“Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison
jusqu’à ce qu’il ait remboursé.
Ses compagnons, en voyant cela,
furent profondément attristés
et allèrent tout raconter à leur maître.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit :
“Serviteur mauvais!
je t’avais remis toute cette dette
parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour,
avoir pitié de ton compagnon,
comme moi-même j’avais eu pitié de toi?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux
jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé.
C’est ainsi que
mon Père du ciel vous traitera,
si chacun de vous
ne pardonne pas à son frère
de tout son cœur.»
Homélie de saint Jérôme, prêtre (Comm. sur Matthieu 18, 23. 35: SC 259, 62…65)
C’est une habitude, chez les Syriens et surtout les Palestiniens, de toujours mêler à leurs propos quelque parabole; ainsi, les auditeurs saisissent par des comparaisons et des exemples ce qu’un simple précepte ne peut leur faire entendre. Par la comparaison du roi et maître et du serviteur qui devait dix mille talents et qui obtint de son maître la remise qu’il implorait, le Seigneur prescrit à Pierre de remettre à ses compagnons de service les péchés moins considérables. Car si ce roi et maître remet si facilement les dix mille talents que son serviteur lui doit, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes à leurs compagnons de service?
Pour plus de clarté, prenons un exemple. Si l’un de nous commet un adultère, un homicide, un sacrilège, eh bien, ces crimes plus importants que la dette de dix mille talents, sont remis à ceux qui implorent, pour autant qu’eux-mêmes remettent à ceux qui leur doivent beaucoup moins. Mais si pour une injure reçue nous sommes implacables, si pour une parole amère nous gardons rancune sans fin, ne reconnaîtrons-nous pas que nous méritons d’être incarcérés et que par l’exemple de notre action nous nous fermons la possibilité du pardon pour nos fautes plus graves?
«C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.» Redoutable sentence qui soumet et transforme le jugement de Dieu selon les dispositions de notre cœur! Si nous ne remettons pas à nos frères les petites offenses, Dieu ne nous remettra pas les grandes. Et parce que chacun peut dire: «Je n’ai rien contre lui, il le sait bien, il a Dieu pour juge; je ne me soucie pas de ce qu’il veut faire, je lui ai pardonné», le Seigneur insiste sur ce qu’il vient d’énoncer et ruine tout semblant de paix fictive par ces mots: «Si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.»
<b>Collecte</b>
(absente du MR1962)
Réspice nos,
rerum ómnium Deus creátor et rector,
et, ut tuæ propitiatiónis
sentiámus efféctum,
toto nos tríbue tibi corde servíre.
Traduction personnelle
Regardez-nous,
ô Dieu, qui avez créé toutes choses
et les gouvernez,
et, afin que nous sentions
l’effet de votre propitiation,
accordez-nous de vous servir
d’un cœur sans partage.