Le 22 août
CŒUR IMMACULÉ DE LA B. VIERGE MARIE
Premier Nocturne
Du livre des Proverbes de Salomon
Leçon i
(ch. 8, 12-17) Moi, la sagesse, j’habite dans le conseil, et je suis présente parmi les pensées judicieuses. La crainte du Seigneur hait le mal. Je déteste l’insolence, et l’orgueil, et la voie mauvaise, et la langue double. A moi est le conseil et l’équité; à moi est la prudence, à moi est la force. C’est par moi que règnent les rois, et que les législateurs ordonnent ce qui est juste. C’est par moi que les princes commandent, et que les puissants rendent la justice. J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui veillent dès le matin pour me chercher me trouveront.
Leçon ii
(ch. 8, 18-25) Avec moi sont les richesses et la gloire, les biens superbes et la justice. Car mes fruits valent mieux que l’or et les pierres précieuses, et mes produits sont meilleurs que l’argent le plus pur. Je marche dans les voies de la justice, au milieu des sentiers de la prudence, pour enrichir ceux qui m’aiment, et pour remplir leurs trésors. Le Seigneur m’a possédée au commencement de Ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le principe. J’ai été établie dès l’éternité, et dès les temps anciens, avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue; les sources des eaux n’avaient pas encore jailli; les montagnes ne s’étaient pas encore dressées avec leur pesante masse; j’étais enfantée avant les collines.
Leçon iii
(ch. 8, 34-36 et 9, 1-5) Heureux l’homme qui m’écoute, et qui veille tous les jours à ma porte, et qui se tient à la porte de ma maison. Celui qui me trouvera, trouvera la vie, et puisera le salut dans le Seigneur. Mais celui qui péchera contre moi blessera son âme; tous ceux qui me haïssent aiment la mort. La sagesse s’est bâti une maison; elle a taillé sept colonnes. Elle a immolé ses victimes, mêlé son vin, et disposé sa table. Elle a envoyé ses servantes pour appeler à la citadelle et aux remparts de la ville: «Que quiconque est petit vienne à moi.» Et elle a dit aux insensés: «Venez, mangez mon pain, et buvez le vin que je vous ai préparé.»
Second Nocturne
Sermon de saint Bernardin de Sienne (Sermon 9 pour la Visitation; texte latin: Opera omnia [Quaracchi, 1959], t. 6, 123-124)
Leçon iv
Quel mortel, s’il ne s’appuie sur la parole divine, osera célébrer peu ou prou, de ses lèvres non purifiées ou même souillées, cette véritable Mère de Dieu et des hommes, que Dieu le Père, avant tous les siècles, a prédestinée à rester perpétuellement vierge, que le Fils a choisie pour sa très digne Mère, en qui le Saint-Esprit a préparé le séjour de toute grâce? Par quelles paroles le pauvre homme que je suis osera-t-il exalter les sentiments si profonds conçus par ce Cœur très pur et exprimés par cette bouche très sainte, alors que la langue de tous les Anges en est incapable? Car le Seigneur a dit: «L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor du cœur» (Lc 6, 45): et cette parole aussi peut-être un trésor. Peut-on concevoir, parmi les simples hommes, quelqu’un de meilleur que celle-là, qui mérita de devenir la Mère de Dieu, qui pendant neuf mois a abrité Dieu lui-même dans son cœur et dans ses entrailles? Quel trésor est meilleur que cet amour divin lui-même, dont le Cœur de la Vierge était l’ardente fournaise?
Leçon v
De ce Cœur donc, comme de la fournaise du feu divin, la bienheureuse Vierge a tiré de bonnes paroles, c’est-à-dire les paroles d’une très ardente charité. De même que d’un vase plein d’un vin souverain et excellent ne peut sortir que du très bon vin; ou comme d’une fournaise très ardente ne peut sortir qu’un feu brûlant; ainsi, de la Mère du Christ n’a pu sortir qu’une parole d’amour et de zèle souverains et souverainement divins. C’est le fait d’une maîtresse et d’une dame sage que de proférer des paroles peu nombreuses, mais solides et pleines de sens. Ainsi nous trouvons dans l’Évangile, à sept reprises, sept paroles seulement, d’une sagesse et d’une force étonnantes, prononcées par la très bénie Mère du Christ: il est ainsi montré mystiquement qu’elle fut pleine de la grâce septiforme. Avec l’Ange elle n’a prononcé que deux paroles. Avec Élisabeth deux encore. Avec son Fils deux également, la première fois au Temple, la seconde fois aux Noces [de Cana]. Avec les serviteurs des noces, une seule parole. Et dans tous les cas, elle a fort peu parlé. Mais elle s’est dilatée davantage dans la louange de Dieu et dans l’action de grâces, lorsqu’elle a dit: «Mon âme magnifie le Seigneur…» (Lc 1, 46) Là, ce n’est pas avec l’homme, mais avec Dieu qu’elle a parlé. Ces sept paroles, elles les a prononcées selon les sept progrès et actions de l’amour, en observant une progression et un ordre admirable: ce sont là comme sept flammes de son Cœur embrasé.
Des documents ecclésiastiques (Histoire du culte du Cœur immaculé de Marie)
Leçon vi
Le culte liturgique, par lequel on rend un juste honneur au Cœur Immaculé de la Vierge Marie, et auquel de nombreux saints et saintes ont préparé la voie, fut approuvé tout d’abord par le Siège Apostolique au début du dix-neuvième siècle, lorsque le Pape Pie VII institua la fête du Cœur Très Pur de la Vierge Marie, pour être pieusement et saintement célébrée par tous les diocèses et les familles religieuses qui en avaient fait la demande; fête que bientôt le Pape Pie IX enrichit d’un office et d’une messe propres. Ce culte ardent et souhaité, né au dix-neuvième siècle, et grandissant de jour en jour, fut accueilli avec bienveillance par le Souverain Pontife Pie XII, qui voulut l’étendre à l’Église entière, en donnant à cette fête une plus grande solennité. L’an 1942, tandis qu’une guerre très cruelle accablait presque toute la terre, ce pape, plein de pitié pour les épreuves infinies des populations, en raison de sa piété et de sa confiance envers la Mère céleste, confia ardemment le genre humain tout entier, par une prière solennelle, à ce Cœur très doux; et il établit la célébration universelle et perpétuelle d’une fête avec Office et Messe propres en l’honneur de ce Cœur Immaculé (1944).
Troisième Nocturne
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (19, 25-27)
Leçon vii
En ce temps-là, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Ayant donc vu sa mère, et, auprès d’elle, le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère: «Femme, voilà votre fils.» Puis il dit au disciple: «Voilà ta mère.» Et, à partir de cette heure, le disciple la prit chez lui.
Homélie de saint Robert Bellarmin, évêque (Des sept paroles du Christ sur la Croix, l. I, ch. 12. Texte latin: Opera omnia, Paris, Vivès, t. 8 [1873], p. 509)
Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean, en lui confiant le soin de la Vierge Mère, furent vraiment un joug suave et un fardeau léger (cf. Mt 11, 30). Qui donc ne partagerait très volontiers la demeure de cette Mère, qui porta neuf mois dans son sein le Verbe incarné et vécut avec lui, très doucement et dévotement, pendant trente années? Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur qui, en l’absence du Fils de Dieu, obtint la présence de la Mère de Dieu? Mais, si je ne m’abuse, nous pouvons, nous aussi, obtenir par nos prières de la bonté du Verbe, incarné à cause de nous et crucifié à cause de son grand amour pour nous, qu’il nous dise à nous aussi: «Voici ta Mère.» Et qu’il dise de nous à sa Mère: «Voici ton fils.»
Leçon viii
Le doux Seigneur n’est pas avare de ses dons, pourvu que «nous approchions du trône de sa grâce avec» foi et «confiance» (He 4, 16), avec un cœur non pas hypocrite, mais véritable et sincère. Celui qui a voulu nous faire cohéritiers du royaume de son Père ne dédaignera certes pas de nous avoir pour cohéritiers de l’amour de sa Mère. Quant à cette Vierge très bonne, elle ne sera pas accablée par la multitude de ses enfants, car elle a un cœur immense, et elle désire vivement éviter la perte d’aucun de ceux que son Fils a rachetés par un sang si précieux et une mort d’un si grand prix. «Approchons donc avec confiance du trône de la grâce» (He 4, 16) du Christ; humblement et avec larmes, demandons-lui qu’il dise à sa Mère, de chacun de nous: «Voici ton fils.» Et qu’il dise de sa Mère, à chacun de nous: «Voici ta Mère.»
Leçon ix
Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille Mère! Qui osera nous arracher de son sein? Quelle tentation pourra nous vaincre, si nous mettons notre confiance dans le patronage de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre? Et nous ne serons pas les premiers à avoir reçu un tel bienfait. Beaucoup nous ont précédés; oui, beaucoup ont accédé à ce patronage unique et tout maternel de cette Vierge, et aucun n’en est revenu déçu ou triste: tous, soutenus par le patronage d’une telle Mère, tout joyeux et contents. Car c’est d’elle qu’il est écrit: «Elle broiera ta tête» (Gn 3, 15). Ils ont donc confiance, grâce à elle, qu’eux aussi marcheront hardiment «sur l’aspic et le basilic, fouleront aux pieds le lion et le dragon» (Ps 90, 13). Car il semble impossible qu’il se perde, celui dont le Christ a dit à la Vierge: «Voici ton fils», pourvu que lui-même ne fasse pas la sourde oreille à ce que le Christ lui dit: «Voici ta mère.»