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Alerte : Une nouvelle drogue fabrique des paranos
par Diafoirus 2011-07-30 15:46:13
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Une nouvelle drogue fabrique des paranos

Le docteur Timothy Hayes, 54 ans, qui était ce soir-là de service aux urgences du principal hôpital de Boston, n’en revenait pas lorsqu’il vit arriver dans une ambulance deux individus paraissant complètement déconnectés de la réalité. « Ils étaient dans un état de surexcitation aigüe, raconte-t-il. Ils avaient tous deux autour de la trentaine. Leur agitation frénétique se doublait d’une violence homicide. L’équipe médicale dut les immobiliser avec des lanières dans le véhicule qui les conduisit jusqu’ici. Dès leur admission, l’incohérence brutale et menaçante de leur attitude obligea une petite armée d’infirmiers et de secouristes à les neutraliser complètement avec des camisoles de force et des injections de calmants. Il a fallu ensuite les expédier à l’étage de la psychiatrie pour un premier traitement. De ma vie, je n’avais vu pendant un aussi court laps de temps une telle expression de hargne, d’hostilité désespérée, de volonté destructrice chez des êtres ayant perdu le contrôle d’eux-mêmes. Pourtant, j’ai passé vingt ans à tenter de récupérer les naufragés de paradis artificiels. Pour moi, un spectacle aussi dramatique, aussi accablant, c’était inédit. Je suis resté pendant plusieurs heures comme ahuri en me disant que je venais d’assister en direct aux ravages d’une substance qui n’en était, sans doute, qu’à ses débuts. »


Des cas de ce genre, il y en eut 303 en 2010 dans tous les Etats-Unis. Cette année, nous en sommes déjà à près de 3 500 – soit plus de vingt incidents par jour. Les experts des Poison Control Centers estiment qu’en décembre 2011, on pourrait avoir dépassé les 10 000 cas annuels. Une épidémie ? Certains le redoutent. La cause ? Une poudre ou des cristaux vendus comme des « sels de bain ».

Des « sels de bain » qui devraient théoriquement adoucir la peau ou stimuler la circulation au cours de paisibles et bienfaisantes immersions mais qui, en réalité, recèlent par nature une sorte de dynamite présentée sous d’alléchantes étiquettes : « Rave On », « Ivory Wave », « Vanilla Sky », « Loco-Motion » ou « Charley Sheene ». Etiquettes ouvrant le domaine des rêves mais ne signifiant absolument rien. Ces sels ne sont considérés par leurs acheteurs que comme de la drogue. Ils la sniffent, se l’injectent ou la fument. Elle vient de Chine, de l’Inde et contient – pour les chimistes avertis – du méthylone, du MDPV, du méphédrone ou des produits connus comme des cathinones synthétiques.

Au Yémen et en Somalie, une forte proportion d’hommes mâchent des feuilles d’arbustes qui secrètent de la cathinone naturelle, stimulant puissant au terrible pouvoir d’asservissement. Fabriquée en laboratoire, on l’expulsa très vite des marchés pharmaceutiques. Elle revient aujourd’hui par deux canaux différents. D’abord, le canal clandestin. Dans la trentaine d’Etats qui les ont interdits, ces « sels de bain » se vendent au coin des rues environ trente dollars le paquet de la grosseur d’une boîte d’allumettes. C’est l’univers habituel des dealers qui proposent à la sauvette une série de « voyages » à une population à la dérive dont le profil, encadré par des statistiques récentes, montre qu’elle est de moins en moins jeune et de plus en plus féminine. Ensuite, le canal légal. Dans la vingtaine d’Etats où ces sels se trouvent plus ou moins tolérés, les dealers se voient concurrencés par de sombres boutiques qui, derrière leurs étagères de bouteilles d’alcool et de cartouches de cigarettes, écoulent impunément – mais pour combien de temps encore ? – les fameux sachets portant simplement la mention exigée par la Food and Drug Administration : « impropre à la consommation ».

La « défonce » avec la marijuana, la cocaïne, l’héroïne ou le LSD est connue, analysée, décortiquée depuis des lustres par tous ceux qui, de près ou de loin, ont approché l’univers des stupéfiants : chacun s’enfonce dans ses fantasmes en les colorant de toutes ses velléités, toutes ses frustrations, en les magnifiant de prodigieuses extravagances, en les meublant de promesses inouïes avant de ressortir de cette parenthèse hors du temps la tête lourde, les yeux hagards, l’esprit vide. Au petit matin, ces drogues laissent des épaves. Avec les « sels de bain », le scénario est complètement différent : ils n’attendent pas le petit matin pour transformer leurs consommateurs, non pas en épaves, mais en explosifs. Rien à voir avec le calme, la « détente », les havres irréels procurés par les poudres et autres produits déjà répertoriés. Les « sels de bain » déclenchent chez les individus une sorte de superexcitation, d’hyperdynamisme sans cesse exacerbés par une paranoïa agressive, extrêmement dangereuse pour eux-mêmes – et donc aussi pour quiconque a le malheur de croiser leur chemin.

A Saint George, dans le Maine, une femme d’une quarantaine d’années a essayé d’enlever ses dents avec un couteau parce qu’elle était persuadée que des tiques grignotaient peu à peu ses gencives. A Philadelphie, en Pennsylvanie, on trouva un homme de 32 ans en train d’arracher la tuyauterie de sa salle de bain parce qu’il était convaincu que de « terribles ennemis » cachés dans le mur le poursuivaient pour le tuer. En pleine campagne dans l’Etat de New York, on arrêta un homme de 20 ans complètement nu qui courait sur une route nationale. A ceux qui le ligotèrent, il confia qu’il se sentait « poursuivi par une vingtaine de voitures de police » dont les conducteurs avaient « brûlé ses vêtements ».

On pourrait multiplier les exemples de ce type. On pourrait aussi collectionner les scènes de suicide. John McCarthy, 21 ans, était étudiant en architecture à l’université de Dallas et rien ne laissait penser qu’il sombrerait dans la drogue. Un soir, il fuma du « Nuage 9 », un « sel de bain » local sans doute acheté aux dealers des environs. Au bout d’une heure, il expliqua à ses parents, d’une voix dramatique, que le shérif du comté était à ses trousses avec un bataillon d’hommes en uniforme armés jusqu’aux dents. John tenta même de montrer à ses parents la longue file de voitures noires surmontées d’un gyrophare qu’il « voyait » autour du domicile familial. Il était bien seul dans son « trip » et un passage dépressif ayant succédé à une phase de grande nervosité, il se trancha la gorge avec un couteau de boucher. Spectaculaire mais superficiel : quelques points de suture et John put rentrer chez lui. La cure de désintoxication qui suivit fournit d’assez bons résultats. Apparemment. C’était oublier les ravages à moyen terme des « sels de bain », ce lent broyage des repères, cette sournoise décomposition de l’équilibre psychique qui débouche sur une insupportable angoisse. Un matin, on retrouva John sur son lit : il s’était tiré une balle dans la tête.

Suicides, meurtres, tentatives d’assassinat aux services d’urgence des hôpitaux : au-delà de la violence qu’il génère, les médecins sont encore sous le choc d’un prédateur qui les déconcerte. Le Dr Franck Vecchio, de Phoenix, en Arizona, dut recourir à une anesthésie générale tant l’intoxiqué qu’il soignait résistait aux doses les plus massives de sédatifs. Le Dr Just Stritt, de Panama City, en Floride, constata un jour que la température de l’halluciné qu’on lui avait amené dépassait 44 degrés. Quant au Dr Brian Laffitte, de Nobile, en Alabama, il ne put déplorer chez le forcené qu’il avait entre les mains que d’irrémédiables dégâts : muscles brisés par l’agitation et rupture du système rénal.

La nocivité des « sels de bain » n’est donc plus à prouver : brigades anti-drogue et corps médical sont d’accord pour les placer pratiquement en tête des poisons sniffés, inoculés ou fumés. Parce qu’ils ne se contentent pas seulement de provoquer un « voyage » et d’entretenir des hallucinations. Parce qu’ils démolissent le cerveau. Et souvent pour de bon. Or, cette nocivité désormais évidente n’a pas l’air de provoquer chez certains responsables des réactions en rapport avec la gravité du problème. Le contraste apparaît saisissant entre, par exemple, l’inquiétude des gardiens de la loi et l’indifférence des représentants du peuple. Certains membres de la Drug Enforcement Administration ne cachent pas leur affolement devant les effarantes avancées des « sels de bain », alors que la plupart des membres du Congrès cachent mal leur manque total de projets pour y faire face.

Parmi la trentaine d’Etats qui ont placé quelques obstacles devant cette galopante offensive, la Louisiane est celui le plus en flèche. Les deux chambres de son parlement ont voté une loi qui criminalise la possession ou la vente de « sels de bain » : 30 ans de prison et jusqu’à 50 000 dollars d’amende. A l’opposé, le Maine, pourtant rudement secoué ces derniers mois par une vague d’« allumés », se complait encore dans la colonne des laxistes : six mois de prison et pas plus de 1 000 dollars d’amende. Thomas Reagan, lieutenant dans les patrouilles de police de Bangor (Maine), critique des sanctions qui, dit-il, seraient mieux adaptées à des « pétards de marijuana fumés entre collégiens ». « Les “sels de bain” n’attaquent pas dans la même catégorie, insiste-t-il. Eux, ce sont les poids lourds d’un nouveau fléau. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que l’Amérique se défende ? »

CHRISTIAN DAISUG


Article extrait du n° 7401 de Présent
du Samedi 30 juillet 2011

     

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