JEUDI DANS L’OCTAVE DE LA PENTECÔTE
Lecture du saint Évangile selon saint Luc
1. (9, 1-6) En ce temps-là, Jésus rassembla les douze Apôtres et leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et pour guérir les maladies. Et il les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir les malades, et il leur dit: «Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace, ni pain, ni argent, et n’ayez pas deux tuniques chacun. En quelque maison que vous entriez, demeurez-y et repartez de là. La ville dont les gens ne vous recevraient pas, sortez-en et secouez sur eux, en témoignage, la poussière de vos pieds.» Étant partis, ils allèrent de village en village, annonçant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons.
Homélie de saint Ambroise, évêque (Exposition de Luc 6, 65-67: SC 45bis, 250-252)
Quel doit être celui qui annonce le Royaume de Dieu, les préceptes de l’Évangile le montrent: sans bâton, sans besace, sans chaussure, sans pain, sans argent, c’est-à-dire ne recherchant pas l’aide des ressources du monde, mais sûr de la foi, il estimera que, moins il les recherchera, plus il se trouvera riche. Il est loisible de reconnaître à ce passage l’intention d’inculquer un état d’âme tout spirituel, où l’on aurait dépouillé le corps comme un vêtement, non seulement en rejetant le pouvoir et en méprisant les richesses, mais en renonçant même aux attraits de la chair. Toutefois, c’est d’abord une recommandation générale de paix et de constance qui est faite aux disciples: ils apporteront la paix, garderont la constance et observeront leurs obligations d’hôtes. A celui qui annonce le Royaume des Cieux, il ne convient pas de courir de maison en maison et de troubler les lois inviolables de l’hospitalité.
2. Mais, de même que la gratitude doit répondre à l’hospitalité, de même, si les Apôtres ne sont pas reçus, ordre leur est donné de secouer la poussière de leurs pieds et de quitter la ville; cela nous apprend qu’une bonne hospitalité est digne d’une large récompense; à ceux qui nous reçoivent, non seulement nous apportons la paix, mais s’ils se laissent surprendre par des fautes légères, elles seront effacées en vertu de l’accueil fait aux prédicateurs apostoliques. Non sans raison, il est dit aux Apôtres, dans l’Évangile de Matthieu, de choisir la maison où ils entreront, afin de n’avoir pas ensuite à changer de demeure ni à violer les lois de l’hospitalité. Mais celui qui reçoit n’est pas astreint à semblable précaution, car, en choisissant l’hôte, c’est l’hospitalité qu’il diminue.
3. Mais si nous avons ici, selon la lettre, la teneur d’un précepte qui touche au caractère sacré de l’hospitalité, cette parole céleste offre de plus un sens spirituel qui nous plaît. Quand on choisit la maison, c’est la dignité de l’hôte qu’on regarde. Ne serait-ce pas alors l’Église qui est désignée à notre préférence, et le Christ? Est-il maison plus digne d’accueillir les prédicateurs apostoliques que la sainte Église? Qui doit-on préférer à tous, sinon le Christ? Il a coutume de laver les pieds de ses hôtes, et ceux qu’il reçoit dans sa maison, il ne souffre pas de les y voir séjourner avec les pieds souillés, mais il daigne purifier pour la suite du voyage même ceux qui sont venus fangeux du chemin de la vie. C’est bien lui seul que personne ne doit quitter, que personne, pour un autre, ne doit abandonner. C’est à lui qu’on dit à juste titre: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle et nous, nous croyons» (Jn 6, 69).