MARDI DE PENTECÔTE

Le Bréviaire Monastique (Ordre de S.-Benoît) publié en 1953 comporte les 12 lectures suivantes. Le Bréviaire Romain, pour ces jours inchangé de 1568 à 1969, comporte seulement les quatre dernières, découpées en trois.

Premier Nocturne

Du prophète Joël (2, 23-32)
Enfants de Sion, soyez dans l’allégresse, et réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu, parce qu’il vous a donné un docteur de justice, et qu’il fera descendre sur vous la pluie d’automne et la pluie du printemps, comme au commencement. Les aires seront pleines de blé, et les pressoirs regorgeront de vin et d’huile.

Je vous rendrai les années qu’ont dévorées la sauterelle, le ver, la nielle et la chenille, cette armée puissante que j’ai envoyée contre vous. Vous mangerez, et vous serez rassasiés, et vous louerez le nom du Seigneur votre Dieu, qui a fait pour vous des merveilles, et mon peuple ne tombera plus jamais dans la confusion.

Vous saurez alors que je suis au milieu d’Israël, que je suis le Seigneur votre Dieu, et qu’il n’y en a pas d’autre que moi; et mon peuple ne tombera plus jamais dans la confusion. Après cela, je répandrai mon Esprit sur toute chair; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens auront des visions.

Même sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai en ces jours-là mon Esprit. Je ferai paraître des prodiges dans le ciel et sur la terre, du sang, du feu et des tourbillons de fumée. Le soleil se changera en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour du Seigneur. Et alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé; car le salut sera sur la montagne de Sion et dans Jérusalem, comme le Seigneur l’a dit, et parmi les restes que le Seigneur aura appelés.

Deuxième Nocturne

Sermon de saint Jean Chrysostome, évêque (Inter spur., sermo I in Pentec.; textes grec et latin: PG 52, 803)
Aujourd’hui pour nous, la terre est devenue le ciel, non pas que les étoiles soient descendues du ciel sur terre, mais parce que les apôtres sont montés dans les cieux, car la grâce du Saint-Esprit s’est répandue en abondance et a transformé en ciel la terre entière, non pas en changeant la nature mais en réformant la volonté.

Et Jésus, en effet, rencontra un publicain et fit de lui un Evangéliste; il rencontra un persécuteur et le rendit Apôtre; il rencontra un brigand et il lui ouvrit la porte du Paradis; il rencontra une courtisane et l’égala aux vierges; il rencontra des magiciens et les révéla Evangélistes; il mit en fuite la malice et ouvrit la porte à la bonté; il chassa la servitude et fit entrer la liberté; il nous remit notre dette et nous apporta la grâce de Dieu. C’est pourquoi le ciel est devenu terre et je ne cesserai de le répéter.

Et il se fit soudain un bruit venant du ciel comme un souffle de vent s’élevant avec force, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues partagées comme celles d’un feu non plus de feu mais semblables à celles d’un feu. Si elles étaient de feu, comment ne brûlaient-elles pas? interroge un juif; à mon tour j’interrogerai le juif: si ce n’était pas du feu, comment la flamme ne consumait-elle pas le buisson de petit bois? Qu’y a-t-il de plus fort que le feu, de plus faible qu’un buisson? Pourtant le bois ne brûlait pas et le feu ne s’éteignait pas.

Et comment se fait-il que les corps des trois enfants n’aient pas été brûlés par le feu mais que la fournaise se soit changée en rosée et que les charbons leur aient parus semblables à des roses? C’était une lutte entre le feu et le corps; pourtant les corps remportaient la victoire et ce qui était plus tendre que la cire devint plus ferme que le fer. Expliquez-moi les prodiges anciens, car ils ont précédé ceux dont nous parlons, afin que vous croyez à la vérité. En effet, l’Esprit-Saint s’est manifesté dans le feu à cause de la rapidité avec laquelle l’intelligence l’a reçu: et non pas seulement pour cette raison, mais aussi parce que, de même que le feu consume les épines, de même l’Esprit supprime les péchés. Daniel fut jeté dans la fosse aux lions et ces monstres furieux furent vaincus par la puissance divine.

Troisième Nocturne

Lecture du saint Évangile selon saint Jean (10, 1-10)
En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. C’est à lui que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom ses brebis, et il les mène aux pâturages. Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger, mais elle le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.» Jésus leur dit cette allégorie; mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. Jésus donc leur dit encore: «En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands; mais les brebis ne les ont point écoutés. Je suis la porte: si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance.»

Homélie de saint Augustin, évêque (Traité 45 sur s. Jean, nn. 2-5; texte latin et autre traduction française: BA 73B, 46-51)
Dans la leçon de ce jour le Seigneur propose la comparaison de son troupeau et de la porte par laquelle on entre dans la bergerie. Que les païens disent: «Notre vie est bonne.» S’ils n’entrent point par la porte, à quoi leur sert la vie dont ils se glorifient? Une bonne vie doit procurer à chacun le don d’une vie qui ne finit pas: que sert de bien vivre à celui qui ne peut espérer de vivre toujours? On ne peut même pas appeler bonne la vie de ceux qui méconnaissent dans leur aveuglement le but d’une bonne vie ou qui, dans leur orgueil, le méprisent. Non, personne n’a l’espérance véritable et certaine de vivre toujours s’il ne reconnaît la vie, c’est-à-dire le Christ, et s’il n’entre par la porte dans la bergerie.

Or, ces hommes dont je viens de parler s’efforcent généralement de persuader leurs semblables de mener une vie bonne, sans être chrétiens pour autant. C’est par un autre endroit qu’ils veulent escalader, dérober et massacrer, non protéger et sauver comme le bon pasteur. Il s’est donc trouvé des philosophes qui ont traité avec autant d’abondance que de subtilité tout ce qui a rapport aux vertus et aux vices, distinguant, définissant, concluant les raisonnements les plus ingénieux, remplissant des livres, faisant à plein gosier résonner l’air de leur sagesse. Ils ont été jusqu’à dire aux hommes: «Suivez-nous, attachez-vous à notre secte si vous voulez parvenir à la vie heureuse.» Mais ils n’étaient pas entrés par la porte; ils ne cherchaient qu’à perdre, égorger et massacrer.

Que puis-je en dire? Les pharisiens eux-mêmes faisaient la lecture et en lisant ils annonçaient le Christ, ils espéraient sa venue et ils méconnaissaient sa présence. Ils se vantaient, même quand à eux, d’être du nombre des voyants, c’est-à-dire des sages, et ils niaient le Christ et ils n’entraient point par la porte. Et s’ils parvenaient eux aussi à en séduire quelques-uns, ce n’était point pour les sauver, mais pour les égorger et les perdre. Laissons-les donc également et voyons si du moins ceux qui se glorifient du nom du Christ entrent par la porte. Ils sont vraiment innombrables ceux qui se vantent non seulement de voir, mais veulent se faire voir illuminés par le baptême dans le Christ; or ce sont des hérétiques.

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !