...ne préconisait nullement une “vraie révolution”, mais la “contre-révolution”, en précisant : “La contre-révolution ne sera point une révolution contraire, mais le contraire de la révolution”. Ce qui n’est nullement, comme le prétendait Hannah Arendt (Essai sur la révolution, Gallimard, 1967, p. 20), “un trait d’esprit sans contenu”, mais l’expression d’une stratégie qui va bien au fond des choses : refuser d’employer les moyens propres aux révolutionnaires, même sous le fallacieux prétexte de retourner ces armes contre eux, comme l’ont malheureusement fait (entre autres) le fascisme de Mussolini en Italie ou le Kuo-Minh-Tang de Tchang Kaï-chek en Chine.
J’ignore ce que l’auteur entend par “socialisme historique du dix-neuvième” que l’Église aurait “rapatrié” : en tout cas, Marx et Proudhon étaient satanistes et ne s’en cachaient pas. Quant à l’anarchie, spirituelle ou non, c’est encore un mot emprunté aux révolutionnaires et inadéquat pour définir “l’organisation subsidiaire de la société” préconisée par l’Église. Le principe de cette organisation a été très clairement décrit par Pie XI dans Quadragesimo Anno :
De même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes.
Faute de quoi, précisément, les sociétés oscillent sans cesse de l’anarchie au totalitarisme, l’une servant d’alibi à l’autre...
V.