Ô mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ?
Ecrit par Mgr Nicolas ANTIBA
14-04-2011
(cf. 1 Co 15 :55)
Dans sa fameuse homélie récitée le jour de la Résurrection du Christ, S. Jean Chrysostome reprend cette citation de S Paul.
La mort, avant la résurrection de Jésus, fut un passage sûr et obligatoire, car Adam formé de la terre, « retournera à la terre ». L’homme est un être formé de deux natures. Sa nature physique biologique, qu’il partage avec l’animal, est mortelle. Sa deuxième nature qui l’attache à Dieu, car il est à l’image de Dieu, est immortelle. L’homme ainsi porte en soi ces deux mondes qui sont en conflit. Sa nature biologique le taxe de mort tandis que la spirituelle refuse la mort !
L’homme a toujours essayé de trouver une solution à la mort et s’est perdu derrière le mirage de la « plante » de la vie pour le libérer de cette mort perçue comme une fin. Les sages de l’Ancien Testament acceptaient la mort tel le destin de tout être humain dans le monde, appelé « shéol », Hadès, Enfer, lieu où résidaient les morts. Les philosophies inventèrent la seule immortalité de l’âme. Avant la Résurrection du Christ, la mort fut une fatalité et la vie conjecturale. Le Christ ressuscité a bousculé les mesures des vérités : la vie devient une fatalité et la mort un repos !
Le livre de la Genèse, que nous avons lu durant le Carême, insiste sur le conflit entre la réalité de la mort biologique et le désir humain de la survie. Ainsi Dieu planta dans l’Eden deux arbres : l’arbre de vie, symbole de l’immortalité, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Mais l’homme a désobéi à Dieu et a usurpé ce privilège divin par le péché.
Le Christ a mis fin à ce conflit ! Car Il est venu pour « nous donner la vie ». Le Christ est l’unique « Adam » qui a complètement réussi dans l’expérience de la « connaissance ». Il a parfaitement jeûné devant l’arbre de la connaissance du bien et du mal et acquis le pouvoir sur l’arbre de vie. Il est le seul homme sans péché. Même pendant les plus sombres moments de sa vie, Il n’a pas voulu être loin de la volonté divine. Rappelons ce verset : « Que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ! » (Mt 26 : 39).
La Résurrection du Christ a démasqué le long silence sur la résurrection. Elle a en effet basculé les fatalités ! Le Christ victorieux nous a fait une promesse vraie : « Au vainqueur, je ferai manger de l’arbre de vie placé dans le paradis de Dieu » (Apoc. 2 : 7). En effet, « par la faute d’un seul, la mort a régné du fait de ce seul homme (Adam), combien plus ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus Christ » (Rom 5 : 17).
La mort n’est plus aujourd’hui un enterrement, elle devient un ensemencement. S. Paul le dit : « On sème de la corruption, il ressuscite de l’incorruption » (1 Co 15 :42). On sème le corps corruptible à la mort et on attend qu’il se lève dans sa forme lumineuse que le Christ nous a montrée après sa Résurrection.
Je continuerai dans la même veine que notre S. Jean Bouche d’Or : le Christ est ressuscité et les démons sont tombés, Il est ressuscité et la Mort est morte, Il est ressuscité et l’Enfer est libéré. Ô mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? En effet, « nous célébrons la mise à mort de la mort, la destruction de l’Enfer, le début de la vie éternelle, et nous chantons son Auteur dans la joie » (7° ode du Canon de Pâques). Répétons ensemble :
«Le Christ est ressuscité – Il est vraiment ressuscité»
« CristoV anesth - AlhJwV anesth »
"المسيح قام ** حقا قام"
Archimandrite Nicolas ANTIBA
Exarque patriarcal
curé de la paroisse Saint-Julien-le-Pauvre, Paris
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