Il m'est apparu utile de vous faire bénéficier de cette lecture en cette Semaine Sainte.

Sermon Sur l'efficacité du signe de la croix. Version de 1858. Archives du sanctuaire de Pontmain.


L’abbé Guérin le redisait à temps et à contretemps :

« Seigneur, sauvez-nous car nous périssons I

Le signe de la croix est le signe du chrétien, c'est-à-dire la marque à laquelle on reconnaît un chrétien de celui qui ne l'est pas. Le signe de la croix nous rappelle les mystères fondamentaux de notre sainte religion.

Il nous rappelle premièrement le mystère de la très sainte Trinité, un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Deuxièmement le mystère de l'Incarnation, c'est-à-dire le Fils de Dieu fait homme pour nous.

Troisièmement le mystère de la Rédemption, c'est-à-dire Jésus-Christ mort pour nous sur la croix.

Trois paroles et un simple geste suffisent pour retracer à notre esprit tout ce qu'il y a de plus admirable dans le christianisme et de plus capable pour exciter dans nos âmes les plus fervents et les plus profonds sentiments d'adoration, de reconnaissance, d'amour, de louange et de piété. Ce signe a une vertu et une puissance merveilleuses. Écoutez, mes frères, avec attention et, désormais, faisons avec beaucoup de respect le signe de la croix. Le signe de la croix a une force terrible contre les démons.

[...] C'est par ce signe que tous les saints ont été vainqueurs des puissances des ténèbres. Les esprits infernaux ne peuvent en soutenir l'aspect. Le signe de la croix dissipe les tentations. Les tentations proviennent ordinairement de la malice du démon qui rôde sans cesse autour de nous pour nous perdre. Toutes ses illusions sont dissipées, tous ses pièges sont déjoués par le signe de la croix. [...] Si nous n'en profitons pas, c'est notre seule négligence qu'il faut accuser.

Le signe de la croix attire les bénédictions célestes. C’est pour cette raison que l'Église l'emploie et le répète sans cesse dans ses cérémonies, dans l'administration des sacrements, pendant le sacrifice de la messe, dans les exorcismes, dans tout le culte extérieur. [...]

Il n'y a pas d'avantages que le signe de la croix ne nous procure. La croix est une source de gloire et de salut; par elle, nous vaincrons le monde, par elle nous gagnerons le ciel.

Ah chrétiens, prenez bien garde d'en rougir ! Malheur, mille fois malheur à quiconque est assez lâche pour en rougir, pour ne pas oser imprimer sur soi le signe auguste de notre rédemption : il abjure sa foi, il n'est plus chrétien !

Quand devons-nous faire le signe de la croix ? Chaque matin en nous éveillant car notre première pensée doit être pour le Ciel. Que de bénédictions on attire sur sa journée lorsqu’on la commence au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Nous devons faire le signe de la croix chaque soir en nous couchant. Le sommeil est l’image de la mort et sommes-nous assurés que nous ne nous réveillerons pas dans l'éternité ?

Protégés par ce signe sacré, nous n’aurons rien à craindre de l'ennemi du salut et le lion infernal n’osera pas approcher de notre couche après que nous I ‘eussions mis en fuite au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Nous devons faire le signe de la croix au commencement de nos prières et de nos principales actions. Telle était la coutume des premiers fidèles. C'est le moyen de faire fructifier nos travaux et d'adoucir nos peines et nos fatigues.

« Avant et après les repas, soit que vous buviez ou que vous mangiez, dit le grand Apôtre, faites tout pour la gloire de Dieu. »

[…] Le signe de la croix servira surtout à nous préserver de la gourmandise et de l'intempérance. On doit faire le signe de la croix dans les dangers et dans les tentations. Nous sommes environnés de dangers de toutes espèces dans le cours de notre vie. [...] Des tentations sans nombre nous attaquent de toutes parts. Voulons-nous être préservés au milieu de tant de périls ? Armons-nous du signe de la croix et nous remporterons la victoire. [...]

Ayons, mes frères, pour ce signe sacré de la croix, la plus grande vénération, formons-le souvent sur nous, sur notre bouche, sur notre cœur, sur notre poitrine. Servons-nous surtout du signe de la croix pour obtenir de Dieu la grâce de souffrir avec patience et résignations les diverses peines qu'il plaira à Dieu de nous envoyer, certains que nous nous sanctifierons et qu'un jour dans les cieux, nous glorifierons à jamais Celui qui nous a sauvés par la vertu de sa croix.

Mais pour que ce signe de la croix produise ses effets, il faut le faire avec respect et non pas avec précipitation, avec routine, sans penser à ce que l’on fait. Il faut le faire avec foi, avec attention, avec confiance, en nous rappelant que c'est sur la croix que Jésus-Christ nous a rachetés, que ce n'est pas avec de l’or et de l'argent qu'Il nous a rachetés mais par son sang adorable dont une seule goutte serait plus que suffisante pour racheter des millions de mondes s'ils existaient ! Voilà le prix de nos âmes ! »

Fort de cette protection, l'abbé Guérin pouvait affronter le monde. La modernité ne l'effrayait pas et même, il en voyait à l’occasion les bienfaits et les recherchait. Début 1865, armés d'un arrêté préfectoral, des ingénieurs des chemins de fer débarquèrent Pontmain ; ils venaient reconnaître le tracé d'une voie ferrée qui relierait, peut-être, Laval à Avranches. En maints endroits, pareille annonce eût sérieusement alarmé, à commencer par le curé. Le train, quoique l'on ne vît plus en lui une invention diabolique, suscitait encore de la méfiance, ne fût-ce qu'en raison des expropriations qu’il provoquait. Cela se produirait aussi à Pontmain, …/… mais lui n’en vit que des avantages.

Extrait de:

La simplicité et la grâce : Michel Guérin, le petit curé de Pontmain. Anne Bernet

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