Je ne doute pas qu'un cercle légitimiste n'ait lu plusieurs fois les mémoires de la comtesse, qui a régulièrement joué en son enfance à Versailles, était l'un des esprits les plus lucides des royalistes (pas dupe sur les émigrés ou sur la folie des ultras en 1814 et un peu plus tard), qui a connu intimement le cardinal Consalvi, le prince de Galles, le cardinal Maury, Louis XVIII, Charles X, le duc d'Angoulême et sa femme, Louis-Philippe et sa femme, la cour de Turin en 1815, etc.
Son mari l'a abandonnée à cause d'un mariage arrangé pour sauver la famille de femme. La comtesse réputée pour sa beauté n'eut pas d'enfants, ni de liaisons extra-conjugales, ce qui est un exploit dans ce milieu (famille royale comprise en dehors du duc d'Angoulême...).

Je n'ai rien lu jusqu'à présent de mieux écrit, de plus indépendant, de plus percutant (y compris sur mon cher Chateaubriand) chez une femme des XVIIIe-XIXe s. L'ironie est une grande preuve d'intelligence chez cette femme. Aujourd'hui, il faut mettre des images ou des guillemets au début de son texte ou à la fin, pour être vaguement compris. Et il y a un nombre impressionnant de victimaires et de susceptibles. En outre, la légèreté, l'autodérision et le rire sont aussi bannis en certains milieux conservateurs (ou gauchistes, néo-féministes...) qui cultivent l'esprit de sérieux à faire pâlir d'ennui un taliban. La componction est de bon ton et il faudrait vivre comme si l'on devait mourir ce soir. Je connais tout cela. Je plains surtout les jeunes gens élevés dans cette atmosphère.

Quand j'ai entendu un jour un abbé de St-Nicolas mettre en garde contre la lecture de Val'Ac', voilà ce à quoi j'ai pensé. Optimi corruptio pessima. Je trouverais affligeant qu'un prêtre mette en garde dans son homélie contre La Croix, sauf si c'est sur le ton de la plaisanterie ou de la provocation. Un catholique solide le sait déjà, mais il est bien libre de lire ce machin pour voir parfois le niveau et la propagande. Les avis de décès du clergé sont aussi un incontournable. Et puis plus personne ne lit La Croix !

Cela ne vaut pas mieux que les prêtres que j'ai entendus dire que toutes les familles s'équivalaient, que le vieux (Jean-Paul II, la veille de Longchamp) avait fait son temps, qu'il ne faut pas forcer les enfants à aller à la messe car ils iront quand ils seront grands s'ils le veulent...


Au sujet du prince de Carignan, la comtesse Adélaïde de Boigne (nom transformé par l'anoblissement récent de son mari) écrit :

"Une des choses qui l'affligeait le plus était les précautions exagérées qu'on prenait de sa santé, aussi bien que son salut, et les sujétions qu'elles lui imposaient. Par exemple, il ne pouvait monter à cheval que dans son jardin, entre deux écuyers, et sous l'inspection de son médecin et de son confesseur.
Ce confesseur suivait toutes les actions de sa vie ; il assistait à son lever, à son coucher, à tous ses repas, lui faisait faire ses prières et dire son bénédicité ; enfin il cherchait constamment à exorciser le démon qui devait être entré dans l'âme du prince pendant son séjour dans ces deux pays maudits, Paris et Genève. Au lieu d'obtenir sa confiance pourtant, il était seulement parvenu à lui persuader qu'il était son espion et qu'il rendait compte de toutes ses actions et de toutes ses pensées au confesseur du Roi [de Sardaigne, NDLR], qui l'avait placé près de lui".

A cette époque, on pouvait embaucher un prêtre dont les journées consistaient à surveiller H24, comme on dit, son pénitent... Souvenez-nous de la duègne Alice Sapritch avec la reine d'Espagne... Une reine d'Espagne ne doit pas machin chose quand le roi est à la chasse !

Le clergé, d'hier et plus encore d'aujourd'hui, n'est pas là pour fliquer, dire ce qu'il faut lire et pour qui voter (dans un sens ou dans l'autre...). Il devrait aussi en être des princes dont les discours ne brillent pas par leur profondeur, même quand ils s'adressent au maire de Compiègne mis en examen. Il n'est besoin d'avoir le catéchisme ou je ne sais quel livre sur l'onanisme conjugal du XIXe s. (avec des mises à jour, je n'en doute pas !), pour savoir ce qu'il faut faire dans son lit (ou ailleurs...) quand on est marié. Ma propre arrière-grand-mère, sur le conseil de sa mère possessive et du curé, coucha sa nuit de noces... avec sa mère. Ce fut vu comme une offrande encore plus belle. Quand on est arrivé à ce niveau de bêtise... Die Alte ! Maul zu ! N'est pas Delphine de Sabran qui veut ! Ce sont les cathares qui disaient que le mariage était contraire au salut, pas les catholiques !

Dans leur vie, les prêtres changent de directeur spirituel, pour diverses raisons. C'est donc que les conseils finissent par peser ou que l'incompréhension s'installe sur des choses importantes. Et c'est ainsi.
La foi catholique n'est pas mieux vécue si elle se fait scrupuleuse et pointilleuse. Même le Père Congar n'aimait pas que la douane fît des croix à la craie sur les valises. Je le tiens d'un jésuite qui était à l'aéroport en même temps que lui pour Rome.

Si l'Eglise avait encore quelque poids en France, nous n'aurions pas 90 % - sinon plus - de personnes favorables à l'avortement par principe... C'est sans doute parce que des catholiques lisent de mauvais ouvrages (pour certains prêtres, les écrits de Jean-Paul II et de Benoît XVI sont viciés par avance, alors...). Guillaume Cuchet l'a démontré : passé un certain seuil de pratiquants, le catholicisme n'a plus aucune espèce d'influence. J'ai lu certains livres du cardinal Sarah. C'est très spirituel, très profond. On attendrait cela d'un père abbé, mais pas de celui qui, préfet, aurait pu essayer de faire changer les choses...

Hier soir j'ai eu la grâce d'échanger avec un ami curé d'une grosse église de France. Il m'a parlé de sa santé, de sa retraite avec son évêque dans une belle abbaye (évêque qui mettait en garde contre les dérives du synode), d'un livre qu'il lit en ce moment sur les croix de chanoines. Je ne me suis pas demandé ce qu'il pouvait penser de mon nombre d'enfants, si j'avais le droit moral de lire Valeurs actuelles ou si j'avais eu raison de trouver sans intérêt l'émission de cnews sur le saint suaire (l'un des suaires...) au bout de dix minutes... Ceux qui ont besoin de preuves "scientifiques" et d'un prêtre médecin pour prouver l'historicité du saint suaire de Turin (tiens, encore la Sardaigne !) passé par une vulgaire collégiale de Champagne au XIVe s., ne croient pas vraiment en la résurrection et aux Evangiles. C'est pour cela aussi qu'on aimait voir des hosties qui saignaient à partir d'une époque (et pas avant !), cela collait plus à l'hyperréalisme demandé à ceux qui doutaient que ce fut Corpus Christi... Les hosties qui saignent avant le XIIIe s. se comptent sur les doigts d'une seule main.
Je tiens à disposition les études sérieuses (universitaires) sur les nombreux autres suaires de la chrétienté, par exemple durant le Grand schisme... Aucun évêque médiéval ne disait que le suaire (aujourd'hui de Turin) était une preuve matérielle de Jérusalem, mais il était un témoignage (je n'ai plus les termes en tête).
J'ai vu récemment au musée de Cluny le reliquaire du saint nombril et j'ai remarqué qu'il y avait quelque chose de "blanc" dans le reliquaire. Je vais demander à mon curé si j'étais tenu de vénérer la chose. Je demanderai aussi à la directrice du musée, Mme Lepape (la bien-nommée), si Philippe Charlier a déjà expertiser le truc dans le reliquaire. Notice à mettre à jour, car l'oeuvre est visible depuis un mois.
Charlier a expertisé, en excellent connaisseur de ce domaine, des supposées reliques de Jeanne d'Arc.

saint nombril

Si vous aimez les fémurs de chat...

Jeanne, au secours !

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