Bien que ce soit les époux qui soient les ministres du sacrement du mariage, la médiation d'un ministre de l'Église est absolument nécessaire à la validité du mariage. Autrement, le mariage de deux baptisés célébré dans une mairie, devant un officiant civil, serait valide, ce qui n'est pas le cas (en raison du défaut de forme).

Je me sens moi aussi très proche des Orientaux pour qui rien ne se fait sans prêtre, à la différence que je suis ouvert à ce qu'un diacre puisse recevoir les consentements en raison de son ordination. Certes, le diacre n'agit pas en la personne du Christ-Tête, mais en la personne du Christ-Serviteur, ce qui est quand même une configuration au Christ.

Je reconnais qu'un tel mariage, auquel c'est un diacre qui assiste, n'est pas l'idéal en raison de l'impossibilité de célébrer l'Eucharistie; mais il y a justement certains mariages - comme les mariages mixtes ou les mariages avec disparité de culte, et même les mariages des catholiques non-pratiquants - où l'Eucharistie n'est pas permis (ou du moins non recommandée) et l'emploie de diacre pour ces cérémonies permet alors au prêtre de concentrer ses énergies ailleurs.

Dans le cas de Sœur Pierrette Thiffault, elle a certes reçu un mandat de l'Église pour recevoir les consentements mais cela n'est pas sans soulever quelques difficultés:

1- En accordant à un laïc un tel mandat, ne brise-t-on pas l'égalité qui existe entre tous les baptisés (canon 208)? Pourquoi elle plus qu'un autre?

2- Par le mandat reçu, un laïc exerce une fonction non pas liturgique mais juridique. On peut donc se poser comme questions: un tel mariage peut-il vraiment prendre place dans le sanctuaire d'une église? le port de l'aube est-il vraiment approprié? Existe-t-il une partie du Rituel du mariage qui prévoit une telle célébration (comme c'est le cas pour le baptême célébré par un catéchiste en pays de mission)? Puisque la bénédiction nuptiale est réservée aux ministres ordonnés (tout comme l'exorcisme et l'usage du saint-chrême lors des baptêmes), faut-il que le couple prévoie se faire bénir ultérieurement?

3- Pour obtenir un tel mandat, cela prend l'autorisation du Saint-Siège (lorsqu'il n'y a ni prêtre ni diacre) suite à un avis favorable de la Conférence des Évêques (canon 1112 - § 1.). Mais, le temps que Rome donne son autorisation, ça peut être long. N'y-t-il vraiment pas moyen de prendre le temps pour trouver un ministre ordonné? À mon avis, l'autorisation de Rome qui est exigée vient en quelque sorte détruire l'état d'urgence et de nécessité qui devrait pourtant être le cadre dans lequel se célèbre de tels mariages (puisque le temps que Rome se prononce, il y a eu assez de temps pour trouver un prêtre ou un diacre).

4- Enfin, bien qu'il soit vrai que les époux soient les ministres du sacrement du mariage, on oublie parfois que dans le Rituel du Mariage dans la forme extraordinaire du rite romain, le prêtre dit bien après l'échange des consentements: ''Moi, je vous unis dans le mariage. Au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit.'' Cette formulation a certes été supprimée dans le nouveau Rituel du Mariage (afin de mieux mettre en valeur le fait que ce sont les époux qui se donnent le consentement) mais à force d'insister sur cela on en vient à négliger le rôle du prêtre et on finit par célébrer des mariages en se passant de prêtre!

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