A l’avant-veille de la bénédiction du séminaire de Dillwyn, voici le troisième article de l’envoyé spécial de DICI aux Etats-Unis, Charles Benoît.
Dillwyn, 2 novembre 2016
C’est à un événement bref mais rarissime auquel sont conviés les lecteurs de DICI, ce 2 novembre : la bénédiction d’un nouveau cimetière. De l’aveu même de l’abbé Yves le Roux, directeur du séminaire de Dillwyn : « C’est la première fois que j’assiste à cette cérémonie. »
Un petit carré de terre vierge, surmonté d’une simple croix plantée dans le sol, à quelques mètres à peine de la forêt impénétrable à l’homme, c’est le lieu choisi, non loin du séminaire, un peu en contrebas, de l’autre côté de la route.
Cérémonie simple : en présence de tout le corps professoral, des séminaristes, des religieuses et de quelques fidèles, Mgr Bernard Fellay bénit la terre désormais consacrée ; il l’asperge à plusieurs reprises d’eau bénite en psalmodiant les prières traditionnelles. Puis le cortège repart sous la tente pour l’office des défunts. Sous la tente, car – vous l’avez compris – le permis d’habiter n’est pas encore attribué.
Pendant ce temps, contrastant avec le recueillement de l’office, les travaux continuent. Les parements de murs continuent de monter, le cloître n’est toujours pas fini et la route se goudronne petit à petit : près d’un kilomètre à revêtir avant ce soir. J’interroge, dans un anglais que je crois assuré, le conducteur de l’engin : « Vous aurez fini ce soir ? » J’obtiens comme réponse : « Yeah ! You are French ? Do you like the United States ? » Bon d'accord... oui, bien sûr j’aime les USA. Je ne vais pas le fâcher : je ne sais qui est le plus impressionnant de lui ou de son tee-shirt, orné d’une tête de fauve... « And the food ? » Là, franchement, j’assure préférer la nourriture française. Visiblement il ne m’en veut pas. Ouf !
Je retourne dans le séminaire et je tombe sur Joe Martin, l’ébéniste qui s’est occupé de tous les ouvrages boisés qui ornent le séminaire : « C’est le travail de ma vie, assure-t-il en souriant, je suis anglais mais je suis venu ici pour ce travail. C’est incroyable ce qui se passe ici. C’est absolument incroyable, unique. Je travaille depuis janvier, je n’ai jamais vu ça... ».
Plus bas, sous la tente, les cloches de la maison Paccard – une fonderie française, près d’Annecy –, qui sonnent le glas, m’annoncent que l’office touche à sa fin. Je quitte la fourmilière du chantier pour revenir dans la quiétude et le silence du recueillement.
C'est cela aussi le séminaire de Virginie : un lieu de contrastes. L’adoration silencieuse et la frénésie des travaux, une terre à défricher et des âmes à attirer. Mais est-ce bien un contraste ? Ora et labora.
Charles Benoît
(Source : DICI – 03/11/16)
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