I. Les principales formes de l'orgueil
821. 1° La première forme consiste à se regarder soi-même, explicitement ou implicitement, comme son premier principe.
A) Il en est peu qui explicitement s'aiment d'une façon assez désordonnée pour se egarder comme leur premier principe. a) C'est le péché des athées qui volontairement rejettent Dieu, parce qu'ils ne veulent pas de maître : ni Dieu ni Maître ; c’est d'eux que parle le Psalmiste quand il dit : « L'insensé a dit en son cœur : il n’y a pas de Dieu, Dixit insipiens in cordo suo : non est Deus » (Ps. XIII, 1). b) Ce fut équivalemment le péché de Lucifer, qui, voulant être autonome, refusa de se soumettre à Dieu ; de nos premiers parents, qui, désirant être comme des dieux, voulurent connaître par eux-mêmes le bien et le mal ; des hérétiques, qui, comme Luther, refusèrent de reconnaître l'autorité de l'Eglise établie par Dieu ; c'est celui des rationalistes, qui, fiers de leur raison, ne veulent pas la soumettre à la foi. C'est aussi le péché de certains intellectuels, qui, trop orgueilleux pour accepter l'interprétation traditionnelle des dogmes, les atténuent et les déforment pour les harmoniser avec leurs exigences.
822. B) Un plus grand nombre tombent implicitement dans ce défaut, en agissant comme si les dons naturels et surnaturels dont Dieu nous a gratifiés, étaient complètement nôtres. Sans doute on reconnaît en théorie que Dieu est notre premier principe ; mais en pratique, on s'estime démesurément comme si on était soi-même l'auteur des qualités qui sont en nous.
a) Il en est qui se complaisent dans leurs qualités et leurs mérites, comme s'ils en étaient les seuls auteurs : « L'âme se voyant belle, dit Bossuet, s'est délectée en elle-même, et s'est endormie dans la contemplation de son excellence : elle a cessé un moment de se rapporter à Dieu : elle a oublié sa dépendance ; elle s’est premièrement arrêtée et ensuite livrée à elle-même. Mais en cherchant d'être libre jusqu'à s'affranchir de Dieu et des lois de la justice, l'homme est devenu captif de son péché » (Tr. de la concupiscence, ch. XI).
823. b) Plus grave est l'orgueil de ceux qui s'attribuent à eux-mêmes la pratique de la vertu, comme les Stoïciens ; ou qui s'imaginent que les dons gratuits de Dieu sont le fruit de nos mérites, que nos bonnes œuvres nous appartiennent plus qu'à Dieu, alors qu'en réalité il en est la cause principale ; qu'on y prend ses complaisances comme si elles étaient uniquement nôtres.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923
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