Intervention de Saint Jean-Paul II devant l'Académie Pontificale des Sciences le 22 octobre 1996:
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4. Compte tenu de l’état des recherches à l’époque et aussi des exigences propres de la théologie, l’Encyclique Humani generis considérait la doctrine de l’" évolutionnisme " comme une hypothèse sérieuse, digne d’une investigation et d’une réflexion approfondies à l’égal de l’hypothèse opposée. Pie XII ajoutait deux conditions d’ordre méthodologique : qu’on n’adopte pas cette opinion comme s’il s’agissait d’une doctrine certaine et démontrée, et comme si on pouvait faire totalement abstraction de la Révélation à propos des questions qu’elle soulève.
Il énonçait également la condition à laquelle cette opinion était compatible avec la foi chrétienne, point sur lequel je reviendrai. Aujourd'hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou provoquée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.
Quelle est la portée d’une semblable théorie ? Aborder cette question, c’est entrer dans le champ de l’épistémologie. Une théorie est une élaboration métascientifique, distincte des résultats de l’observation, mais qui leur est homogène. Grâce à elle, un ensemble de données et de faits indépendants entre eux peuvent être reliés et interprétés dans une explication unitive. La théorie prouve sa validité dans la mesure où elle est susceptible d’être vérifiée ; elle est constamment mesurée à l’étiage des faits ; là où elle cesse de pouvoir rendre compte de ceux-ci, elle manifeste ses limites et son inadaptation. Elle doit alors être repensée.
En outre, l’élaboration d’une théorie comme celle de l’évolution, tout en obéissant à l’exigence d’homogénéité avec les données de l’observation, emprunte certaines notions à la philosophie de la nature. Et, à vrai dire, plus que de la théorie de l’évolution, il convient de parler des théories de l’évolution. Cette pluralité tient, d’une part, à la diversité des explications qui ont été proposées du mécanisme de l’évolution et, d’autre part, aux diverses philosophies auxquelles on se réfère. Il existe ainsi des lectures matérialistes et réductionnistes, et des lectures spiritualistes. Le jugement ici est de la compétence propre de la philosophie et, au-delà, de la théologie.
5. Le Magistère de l’Église est directement intéressé par la question de l’évolution, car celle-ci touche la conception de l’homme, dont la Révélation nous apprend qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 28-29). La Constitution conciliaire Gaudium et spes a magnifiquement exposé cette doctrine, qui est un des axes de la pensée chrétienne.
Elle a rappelé que l’homme est " la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même "(n. 24)."
Discours du Pape François à l’Académie Pontificale des Sciences du 27 octobre 2014 :
"Vous affrontez le thème extrêmement complexe de l’évolution du concept de nature. Je n’aborderai pas du tout, comme vous le comprenez bien, la complexité scientifique de cette question importante et décisive. Je désire seulement souligner que Dieu et le Christ marchent avec nous et sont présents également dans la nature, comme l’a affirmé l’apôtre Paul dans le discours à l’aréopage: «C’est en Dieu en effet que nous avons la vie, le mouvement et l’être» (cf. Ac 17, 28). Quand nous lisons dans la Genèse, le récit de la création nous risquons d’imaginer que Dieu a été un magicien, avec une baguette magique en mesure de faire toutes les choses. Mais il n’en est pas ainsi. Il a créé les êtres et les a laissés se développer selon les lois internes qu’Il a données à chacun, pour qu’ils se développent et pour qu’ils parviennent à leur plénitude. Il a donné l’autonomie aux êtres de l’univers en même temps qu’il les a assurés de sa présence permanente, donnant existence à chaque réalité. Et ainsi la création est allée de l’avant pendant des siècles et des siècles, des millénaires et des millénaires jusqu’à devenir celle que nous connaissons aujourd’hui, précisément parce que Dieu n’est pas un démiurge ou un magicien, mais le Créateur qui donne l’existence à toutes les créatures. Le début du monde n’est pas l’œuvre du chaos qui doit son origine à un autre, mais dérive directement d’un Principe suprême qui crée par amour. Le Big-Bang, que l’on place aujourd’hui à l’origine du monde, ne contredit pas l’intervention créatrice divine mais l’exige. L’évolution de la nature ne s’oppose pas à la notion de Création, car l’évolution présuppose la création d’êtres qui évoluent.
En ce qui concerne l’homme, en revanche, il y a un changement et une nouveauté. Quand, au sixième jour du récit de la Genèse, a lieu la création de l’homme, Dieu donne à l’être humain une autre autonomie, une autonomie différente de celle de la nature, qui est la liberté. Et il dit à l’homme de donner un nom à toutes les choses et d’aller de l’avant dans le cours de l’histoire. Il le rend responsable de la création, également pour qu’il domine la création, pour qu’il la développe et ainsi jusqu'à la fin des temps.".
Voilà, je crois que tout est dit. Nous ne sommes pas des protestants évangéliques américains...mais des catholiques romains !