Un hasard m'a fait découvrir cette photo (pas très bonne, mais parlante) du fameux cardinal Nicola Canali (º1874), depuis 1935 cardinal-diacre de San Nicola in Carcere (une basilique extrêmement intéressante à deux pas du théâtre de Marcellus), cardinal-protodiacre depuis 1946, et, depuis 1941, dernier Pénitencier majeur de notre sainte Église romaine[,] ayant utilisé pendant la Semaine Sainte la virga paenitentialis dans les quatre basiliques majeures du Latran, du Vatican, de Sainte-Marie-Majeure et de Saint-Paul.
Rappelons que le Pénitencier majeur est le seul cardinal à la Curie (avec le Camerlingue) à rester en fonction (et à garder autorité de décision) pendant la Vacance du Siège apostolique. Malheureusement le cardinal Canali est décédé début août 1961; cela ne nous avance pas beaucoup.

Cette coutume de la verge pénitentielle, devenue largement symbolique, puisqu'il ne s'agissait plus depuis belle lurette de donner une bonne bastonnade (même méritée) aux pénitents repentis, consistait en se laisser toucher la tête ou l'épaule par le très long bâton en bois qu'arborait le Pénitencier certains jours de la Semaine Sainte.
En date du 20 juillet 1942 la Pénitencerie concéda une indulgence de sept ans à tous ceux qui, animés d'humilité chrétienne et d'une sincère contrition de leurs péchés (en principe déjà confessés), s'y soumettraient (christianae humilitatis sinceraeque contritionis sensibus animatis).
Une indulgence de 300 jours une fois par jour était concédée à la même date aux fidèles qui se soumettraient à cette même coutume pratiquée d'autres jours de l'année par les pénitenciers mineurs (les confesseurs attitrés) des basiliques citées.
Je mets les verbes au passé, car ce n'est plus la peine de se précipiter aux basiliques romaines pour ce motif (ni pour d'autres d'ailleurs) : la coutume est tombée en désuétude, pour ne pas dire abrogée (mais abroger est un terme du droit) depuis 1967 (si je me souviens bien) pour des raisons facilement devinables et que je n'ai pas à expliquer ici.
Demeure le fait que l'indulgence continue formellement à exister (elle est au nº 781 de l'Enchiridion indulgentiarum, dernière édition de 1950), même si elle n'est plus d'application pratique.
Personnellement j'ai eu le privilège de connaître et d'apprécier deux pénitenciers mineurs (l'un anciennement de Saint-Pierre, l'autre à Sainte-Marie-Majeure), en début des années 80, qui n'avaient jamais cédé au NOM et qui pendant ces années de plomb se cachaient chez des amis pour célébrer dans des oratoires privés (d'ailleurs una cum omnibus orthodoxis atque catholicae et apostolicae fidei cultoribus). Mais ils n'ont plus jamais appliqué la verge pénitentielle, autant que je sache. Et ils ont quitté cette vallée de larmes depuis bien des années.

Voilà donc une autre coutume qui appartient au passé mais qui est, je le crois, intéressante d'évoquer.
Un sacramental aussi, un moyen de mortification et de grâce, qui nous est ôté, un de plus, par l'injure du temps et ses ignobles complices.

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