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Pie IX et François : la construction du mythe d'un "pape libéral"
par Chicoutimi 2015-05-21 06:52:58
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Depuis l'élection du Pape François, assistons-nous à la construction du mythe d'un "pape libéral", comme ce fut le cas jadis dans les débuts du pontificat du bienheureux Pie IX ?

Certes, les deux papes ont vécu dans des contextes différents et n'ont pas eu à aborder les mêmes problèmes. Cependant, nous pouvons certainement faire un parallèle entre les deux pontificats :

1- Leur élection est interprétée comme une rupture d'avec le pontificat précédent qualifié de conservateur;

2- Leurs actions (combinées à une certaine ambiguïté), sont applaudies par les ennemis de l'Église qui tentent de faire croire que le pape va changer les choses selon leurs vues;

3- La construction de ce mythe du "pape libéral" est issue du fantasme des libéraux qui, lorsqu'ils finissent par se rendre compte que le pape n'apportera pas les changements qu'ils désirent, n'hésitent pas à construire un second mythe : celui du "pape traître".

Pour appuyer cette idée, voici deux textes : le premier est du professeur Vilmer qui aborde le pontificat de Pie IX. Le second est tiré de "Pour qu'Il règne" de Jean Ousset. En les lisant, faites un parallèle entre Pie IX et François :

« Le mythe Pie IX s’est essentiellement et d’abord construit sur les ruines du pontificat précédent : celui de Grégoire XVI, dont on ne retient guère que l’immobilisme, la rigidité et l’intransigeance. […]

Giovanni Maria Mastai Ferretti [qui deviendra le Pape Pie IX], pasteur d’Imola, acquiert rapidement une réputation de libéral en se montrant favorable à des réformes administratives et en ne s’opposant pas à la cause nationale italienne. […]

Son élection, le 16 juin 1846, semble s’opposer en tout à celle de son prédécesseur, et annoncer déjà une rupture. […]
Le nouveau pape [Pie IX] est considéré comme « envoyé par Dieu pour conclure la grande affaire du XIXe siècle, l’alliance de la religion et de la liberté ». […]

À peine élu, le pape prend quelques mesures libérales, entame quelques réformes, autant de signes qui trompent l’opinion. D’autant plus que, le plus souvent, Pie IX fait ses réformes contre la majorité des prélats romains, ce qui accentue sa singularité et son charisme. […]

Débordé par le succès du mouvement réformateur qu’il avait lui-même initié, face à une population interprétant toujours plus radicalement le moindre de ses gestes comme un manifeste libéral et nationaliste, Pie IX était simplement incompris. Mieux : l’illusion grandissait chaque jour, le mythe se fortifiait à chaque réforme ; le gouffre entre le pape réel et la représentation du pape dans l’opinion publique se creusait toujours davantage.

Pie IX n’était plus que le reflet chimérique des fantasmes populaires. Il fallait bien, tôt ou tard, que le malentendu cesse, que le pape désenchante son peuple, au risque de le décevoir brutalement. D’autant plus que l’équivocité de sa politique, son ambiguïté, avait jusque-là largement contribué au malentendu. Et ce moment devait arriver quand le décalage entre les faits concédés par le souverain et les attentes de ses sujets serait visible par tous ; quand, finalement, le pape ne pourrait plus suivre son peuple. »

Source : Lamartine et Pie IX : la France face à la question nationale italienne en 1846-1849 sur CE LIEN

Toujours dans le même esprit, lisez cet extrait de "Pour qu'Il règne" traitant, lui aussi, de la période libérale du Pape Pie IX :

« […] Ce fut la période dite « libérale » de ce pontificat. Pie IX, comme César, au témoignage de Pline, s’y montra tout simplement « clément jusqu’à être obligé de s’en repentir. »

Une large amnistie inaugura son règne et, bientôt, le nouveau pape autorisa diverses réformes gouvernementales, qui furent jugées révolutionnaires […].

Le peuple s’en réjouit, mais la Révolution s’empara de ces manifestations pour les tourner contre l’Église. Ce fut, selon le mot plaisant de Crétineau-Joly, « l’insurrection des arcs de triomphe », car les louanges même adressées au Pontife le furent de telle sorte et dans des termes tels qu’elles constituaient la plus basse insulte à Pie IX.

Les sectes ne rêvaient-elles pas d’une révolution « en chape et en tiare » ? Elles pensèrent, sans doute, forcer la main au Vicaire de Jésus-Christ en agissant et en faisant agir comme si la chose était effectivement en voie de se réaliser, cherchant à faire Pie IX prisonniers de leurs acclamations. Tout ce qu’il faisait ou ordonnait était aussitôt commenté et exalté « révolutionnairement ». Au mot d’ordre lancé par les loges une tempête d’hosannas surgit au même instant de tous les points du globe. Par un étrange mépris des traditions sacrés, on prétendit faire de Pie IX une sorte de pontife isolé, de pape sans prédécesseur… Le tout aux cris scandés de : « Viva Pio Nono, solo ! » (p. 286-287)

Source : Jean Ousset, Pour qu’Il règne, Éditions Dominique Martin Morin, 1986, 678 pages [avec Nihil Obstat et Imprimatur ainsi que lettre-préface de Mgr Marcel Lefebvre].

     

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