On a fait, dans ses discussions doctrinales et au sommet, rêvant d'un accord global, une erreur:celle de croire que l'Eglise actuelle est forcément homogène dans sa foi et dans sa piété. Comme si l'Eglise actuelle n'avait pas subi la bourrasque des années 60 et 70, et toutes les destructurations qui l'accompagnent. On parlait déjà, du temps de Benoît XVI, d'un pape pour deux Eglises: on se retrouve, maintenant, avec deux papes pour deux Eglises. Mais surtout, on constate une implosion et de vraies divergences dans des points fondamentaux. La question morale est révélatrice: comment peut-on dire qu'un acte qui constitue un péché mortel ne l'est pas d'après un autre prélat ou un autre prêtre ? Cela est-il durable ? Paradoxalement, oui, car la crise s'installe dans le temps, et elle s'y installe très bien, les excentricités devenant des habitudes... On a l'impression, du côté romain, que tout va bien, que tout est en ordre, que l'on est encore dans les années 50... Certes, nous ne sommes que sur une infime partie du temps de l'Eglise, mais on a sous-estimé beaucoup de choses, y compris chez nous, y compris dans la FSSPX.

La sagesse ne serait-elle pas d'éviter la fragilisation de l'édifice, de reconnaître qu'il est malade et que des questions doivent être débattues, mais pas tranchées (des textes pas forcément inutiles, mais qui ne règlent pas tout; sur ce point, certains tradis se sont imaginés qu'il suffisait que Rome fasse telle déclaration, prenne telle position pour que les choses reviennent normalement: or, on remarque que cela ne suffit pas et qu'il faut vraiment une adhésion réelle. La levée des excommunications de 2009, le MP de 2007 sont des décisions audacieuses, risquées, et qui n'entraînent pas forcément une adhésion des troupes...). Le tout, dans la charité la plus élémentaire. La FSSPX ne doit pas vivre en marge canonique, pour différentes raisons que tout le monde pourrait partager dans l'Eglise. Visiblement, même le pape actuel semble l'avoir compris, si l'on en croit telle faveur argentine... La crise de l'Eglise, la divagation et de délitement de beaucoup de positions sont des choses choquantes, mais elles sont avant tout des FAITS, dont la négation n'aboutira à rien: il faut clairement en tenir compte. Par exemple, Rome devrait comprendre qu'il ne sert à rien de vouloir à tout prix tel accord sur tel point d'ecclésiologie, quand des cadres officiels ne sont mêmes pas convaincus de la nécessité de l'Eglise; la FSSPX devrait comprendre que la multiplication des textes et des prises de position de la part des autorités, mêmes favorables à la Tradition ne règle pas tout et que les esprits peuvent rester bornés : je ne compte pas les rappels à l'ordre romains, les dénonciations d'abus liturgiques (ou autres) qui restent lettre morte. Mais surtout, elle doit comprendre qu'il est impossible, pour le moment, de revenir à une Eglise factuellement homogène, sauf miracle (si la situation est dramatique aujourd'hui, elle était déjà compliquée dans les années 50, voire sous le pontificat de Saint-Pie X)...

L'Eglise est paralysée par cette crise, mais, en même temps, les différents groupes vivant selon des dégrés différents en marge canonique éprouvent de véritables difficultés et subissent tous les dangers d'une relégation qui de subie finie par être considérée comme normale... Dans le "centre", c'est l'implosion, l'absence de ligne claire, les 150 herméneutiques, sur fond de carriérisme, et et dans les "périphéries", cela devient l'atomisation marquée par une panoplie complète du traditionalisme et la tentation évidente de l'émiettement: l'exemple brésilien est un exemple supplémentaire de cette atomisation qui affecte le mouvement traditionnel...

Trouvera-t-il la foi sur la terre ? C'est une question, pas une réponse...

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