Bonjour et merci, Aigle.

Votre message m'inspire la réflexion suivante, même si celle-ci n'a "rien à voir" avec celui-là.

Le Pape François est probablement un homme en colère.

Il découvre que des catholiques ne se laissent pas faire, et qu'ils s'opposent, au moyen d'une réflexion sereine, fidèle à l'Ecriture, à la Tradition, au Magistère antérieur, ET RESPECTUEUSE DE SA FONCTION ET DE SA PERSONNE, à son miséricordisme et à son périphérisme.

Ces catholiques, évêques, prêtres, religieux, fidèles, ne sont pas tous facilement caricaturables, disqualifiables, ringardisables, stigmatisables, en d'autres termes, ne sont pas tous facilement assimilables à des hypocrites, intégristes, légalistes, pélagiens, pharisiens, archaiques ou obsolètes.

Il découvre que malgré plusieurs décennies d'AVORTEMENT d'éléments exigeants de la vérité révélée, chez les jeunes catholiques, malgré plusieurs décennies d'EUTHANASIE de composantes dissensuelles de la vérité révélée, chez les catholiques moins jeunes, il y a encore des catholiques qui comprennent que l'Evangile est une chose, et que "l'esprit de l'Evangile" en est une autre.

Il découvre que le flower-powerisme et le tabula-rasisme des années 1960 et 1970 se sont heurtés à une certaine forme de résilience, de résistance ou de réticence, au sein même de l'Eglise catholique.

Il découle de cette probable colère une certaine forme d'autoritarisme, qui n'exclut pas une certaine sorte, un certain type, de jugements malveillants, contre ses opposants, déclarés ou potentiels.

Or, de même que l'accueil inconditionnel des uns implique le rejet inconditionnel des autres, de même, la désactivation du jugement critique, à l'égard des doctrines, principes, pratiques, tendances, des uns, implique la suractivation du jugement critique, vis-à-vis de celles et de ceux des autres.

Je le formule sans doute mal, mais je l'exprime comme ceci : l'accueil inconditionnel des catholiques qui considèrent que c'est au centre à s'adapter, à évoluer, à innover, à s'orienter, pour donner à la périphérie une proximité (dont elle fera quoi ?), implique le rejet inconditionnel des catholiques qui considèrent que c'est au centre à demeurer confiant en lui-même, fidèle à lui-même, pour donner à la périphérie une stabilité, en présence de laquelle elle pourra se convertir, sous la conduite et en direction de celui qui est l'inspirateur du centre, à l'origine du centre, le coeur du centre : Jésus-Christ.

Il paraît que l'Eglise est un hôpital de campagne, mais contre qui la campagne est-elle menée ? Avant tout contre l'esprit du monde, ou avant tout contre ce qui subsiste encore, dans le christianisme catholique contemporain, et qui empêche de donner raison à tout le monde, sauf, bien sûr, aux catholiques explicitement non irénistes ?

La religion du QSPJ, du Qui Suis-je Pour Juger, porte en elle

- le risque de donner l'impresion de reposer avant tout sur du flower-powerisme et sur du tabula-rasisme, mais je pourrais aussi bien écrire : sur de l'édulcoration et sur de l'éradication de ce qui constitue des entraves au miséricordisme, des obstacles au périphérisme, au sein même du catholicisme ;

- le risque de donner l'impression de déboucher avant tout sur l'escamotage "é-van-gé-li-que" d'éléments importants de l'Evangile, dans les discours ad extra, même si ces éléments sont réaffirmés dans des discours ad intra, et quitte à ce que ces réaffirmations égratignent, au passage, les catholiques traditionnels, au sens de : fidèles à la Tradition, et au sens de : explicitement non irénistes.

Bonne journée.

Scrutator.

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