Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

Le "théorème Kasper" : une falsification de l'histoire ?
par Chicoutimi 2014-10-04 23:25:12
Imprimer Imprimer

Pour légitimer la communion aux divorcés remariés, le Cardinal Kasper se base sur le fait que, dans les premiers siècles, "les Églises locales avaient mis en place un droit coutumier ouvrant la voie à un chemin de pénitence pour les chrétiens vivant en secondes noces." Qu'en était-il réellement ?

J'ai consulté le l'HISTOIRE DE L'ÉGLISE du cardinal Joseph Hergenroether, publié en 1880, et la question est traitée aux pages 481 à 491.

Il semble, à la lecture de ce livre d'histoire, que le chemin de pénitence, demandé à ceux qui se mariaient en seconde noce dans les premiers siècles de l'Église, ne concernait pas ceux qui se mariaient une seconde fois du vivant de leur épouse, mais bien ceux qui se mariaient en seconde noce après la mort de leur épouse.

Les secondes noces (après la mort de l'épouse) étaient permises (pour ne pas dire tolérer) mais comme un moindre mal; cela exigeait donc un chemin de pénitence pour pouvoir, par la suite, accéder à la sainte communion. En effet, "l'Église savait que l’Apôtre ne permettait les secondes noces qu'en vue de la faiblesse humaine; elle défendait dans les secondes noces la bénédiction solennelle, benedictio coronatorum, et interdisait aux prêtres de participer aux festins". C'est pourquoi, un canon de Laodicée stipule que : « Ceux qui ont régulièrement contracté un second mariage [après la mort de leur première épouse] peuvent, après un peu de temps et quand ils ont auparavant vaqué à la prière et au jeûne, participer à la communion. »

Quant aux troisièmes et quatrièmes noces, cela semble avoir causé bien des problèmes de conscience. En effet, "au temps de saint Jérôme, l'Église ne condamnait ni n'approuvait les secondes noces. Sur ce point, l'Église latine et l'Église grecque sont pleinement d'accord; mais tandis que celle-ci défendait absolument le quatrième mariage, l'Église latine ne faisait aucune restriction".

Précisons que c'est surtout chez les Grecs que les secondes noces étaient traitées d'une manière rigoriste. Selon l'auteur de l'Histoire de l'Église: "Les Latins sont plus logiques que les Grecs en s’abstenant d'imposer une pénitence aux noces réitérées. Si elles sont permises, pourquoi les punir? Si elles sont illicites en elles-mêmes, est-ce que la pénitence change leur caractère ?"

La pratique chez les Grecs n'est donc pas plus "miséricordieuse" que chez les Latins. En effet, le Concile de Constantinople (920), "désapprouva les secondes noces, soumit les troisièmes à une pénitence et les défendit à ceux qui dépasseraient quarante ans et auraient des enfants d’un premier mariage; il frappa les quatrièmes d’excommunication. L’Église grecque s’est conformée à ces dispositions jusqu’au temps présent, et elle continue d’interdire les quatrièmes noces."

Par ailleurs, la discipline grecque trouva même des échos jusqu'en France. "Nul laïque, disait Hérard, archevêque de Tours (mort en 870), ne doit se marier plus de deux fois; tout ce qui va plus loin est adultère." Ce sentiment, étranger aux Latins, ne prévalut point. L’Église latine se contentait de marquer sa désapprobation en s’abstenant de bénir ces mariages."

Cependant, il y eut aussi des réticences envers les secondes noces chez les Latins. Par exemple, "le Rituel romain de Paul V (1605-1621), défend généralement de bénir les secondes noces et ne tolère cet usage dans les diocèses que lorsque c'est l’époux qui se remarie. Cette concession n'avait pas lieu pour les veuves. On ne les bénissait point solennellement pendant la messe, mais on se bornait, la messe achevée; de réciter sur elles une prière pour implorer le secours de Dieu".

Bref, on peut voir que l'Église latine a toujours eu le désir, au cours de son histoire, de suivre les enseignements de l'Apôtre Paul qui préfère la virginité (et le veuvage), mais qui refuse de répudier le mariage en seconde noce. De plus la pratique de l'Église latine serait une sorte de voie du milieu entre le rigorisme (qui voit dans les secondes noces un adultère) et la polygamie (qui consisterait à épouser une autre femme du vivant de son épouse).

Il serait donc faux de prétendre que l'Église a déjà autorisé la communion aux divorcés remariés au cours de son histoire. Il serait également malhonnête de faire une comparaison entre ce qui s'est passé aux premiers siècles de l'Église (qui demandait une pénitence pour un second mariage alors que le premier mariage avait été dissous par la mort de la première femme) et la pratique de faire accéder à la communion les divorcés qui se sont remariés (alors qu'ils sont toujours liés par le mariage avec leur première épouse).

Enfin, je ne suis pas historien et je suis ouvert à la discussion. Donc, dites-moi ce que vous en pensez.





     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 Le "théorème Kasper" : une falsification de l'histoire ? par Chicoutimi  (2014-10-04 23:25:12)
      Le Père Grappone du Conseil pontifical pour les laïcs aquiesce par La Favillana  (2014-10-05 00:31:40)
      oui, une partie des clercs falsifient l'histoire par jejomau  (2014-10-05 09:33:42)


98 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]