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La ligne du temps s'est substituée à la loi naturelle.
par Scrutator Sapientiæ 2014-07-10 08:39:53
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Bonjour et merci, Ubique Fidelis.

1. Dès lors que le critère d'appréciation des signes des temps n'est plus la loi naturelle, par quel autre critère sont-ils appréciés ? A mon avis, ils sont appréciés, et, du coup, approuvés, par ce que j'appelle la ligne du temps, la "ligne axiologique" de ceux qui veulent non seulement vivre avec leur temps, mais aussi penser comme leur temps, penser conformément à la conception dominante qui inspire et oriente le moment présent.

2. A partir de quand a-t-on commencé à parler des signes des temps ?

Le fait de prendre en compte les signes des temps

- a-t-il plutôt permis de les analyser au moyen de la loi naturelle,

ou

- a-t-il plutôt permis de les accréditer au moyen de la ligne du temps,

conformément à la vision selon laquelle "plus l'humanité s'avance vers la construction de son devenir, plus l'humanité s'élève au-dessus d'elle-même" ?

3. Je pense que la réponse à cette question : "par quels moyens, pour quelles raisons, à quel moment, avec quelle intention, avec quels résultats, a-t-on commencé puis continué à parler, d'une manière souvent sélective et tendancieuse, des signes des temps ?", constitue la clef de compréhension du mépris puis de l'oubli de la loi naturelle.

4. Par exemple, il fut un temps, à partir de 1945, la décolonisation était considérée comme un signe des temps, un signe positif ; mais le fait

- que l'impérialisme européen occidental ait été remplacé, dans les pays concernés, par l'impérialisme atlantiste hédoniste, ou par l'impérialisme communiste soviétique,

ou

- que les classes dirigeantes issues des puissances coloniales aient été remplacées, dans les nations devenues "indépendantes", par des classes dirigeantes autochtones qui ne valaient pas toujours mieux, et qui valaient parfois pire,

n'était pas considéré comme un autre signe des temps, un signe négatif, mais était considéré comme un non signe des temps, comme un signe des temps qui ne pouvait pas exister, ou dont on ne devait pas parler.

Cette mentalité là, qui censure autrui ou s'auto-censure, n'existe-t-elle pas encore aujourd'hui, non plus à propos de la décolonisation, mais à propos d'autres phénomènes culturels, historiques, sociaux, contemporains ?

5. En d'autres temps, et en d'autres termes, on aurait dit : la ligne du temps, c'est "le sens de l'histoire", mais pour des raisons évidentes, on emploie moins cette expression, depuis l'année 1989...

6. En notre temps, on dit plutôt : la ligne du temps, c'est le caractère dynamique des droits de l'homme, qui aboutit à "l'ouverture" imprécise, imprudente, ou, en tout cas, indéfinie, de "nouveaux droits", et, dans l'esprit de bien des clercs, malheur aux catholiques qui se mobilisent et s'organisent pour lutter contre cette ouverture et ces nouveaux droits.

7. Il y a encore plus symptomatique : c'est la confusion récente, chez bon nombre de chrétiens "pro life", entre la défense ou la promotion de la loi naturelle, et celle du droit à la liberté religieuse, qui montre que l'ignorance ou la négligence, vis-à-vis de la notion de loi naturelle, peut être le fait de ceux là mêmes qui sont plutôt favorables à la mise en avant et en valeur de son contenu, mais à l'intérieur d'un contenant moderne qui risque de biaiser ce contenu, ou, en tout cas, de biaiser sa mise en avant et en valeur.

8. En effet, si c'est leur conception de la liberté religieuse qu'il les amène à défendre la loi naturelle, je ne vois pas en quoi une autre conception de la liberté religieuse ne pourrait pas amener d'autres personnes à s'en prendre à la loi naturelle, en considérant, par exemple, que le respect de celle-ci doit être une question d'ordre privé.

Enfin, les droits de l'homme ne sont pas mécaniquement ni nécessairement tous en contradiction avec la loi naturelle, mais la vision du droit et de l'homme qu'ils propagent est certainement plus nuisible à la reconnaissance de l'autorité de la loi naturelle qu'elle ne lui est propice ; voilà, me semble-t-il, ce que bien des hommes d'Eglise ont du mal à avoir, ou se refusent à constater, y compris, parfois, au sommet de l'Eglise.

Le devoir m'appelle, je vous remercie donc pour votre compréhension, au contact de ces quelques remarques, dépourvues de fil conducteur explicite, et je vous souhaite une bonne journée.

Scrutator.

     

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