Lu sur Fides et Forma, de Francesco Colafemmina.
Il y a une histoire liée à l'horrible férule de Scorzelli, c'est celle de la via crucis d' Albert Servaes (1883-1966). Servaes avait réalisé en 1919 quatorze stations d'une Via Crucis exprimant une constante déformation des corps dans leur expression de douleur extrême. Il s'agit d'un exemple d'expressionisme appliqué au sacré, Servaes est un artiste de l'Ecole de Laethem, dont le représentant le plus connu est Gustave de Smet...
Cet art est une forme de rébellion aux formes délicates de l'impressionisme français.
Or la Via Crucis de Servaes a été clairement condamnée par le Saint Office, Benoit XV exprimant en son temps non seulement ici la condamnation de l'oeuvre mais surtout celle du style et de l'école artistique.
DECRETUM DAMNANTUR SACRAE IMAGINES
CUIUSDAM NOVAE SCHOLAE PICTORICAE
Emi ac Rmi Domini Cardinales in rebus fidei et morum Inquisitores Generales, in ordinario consessu habito feria iv, die 23 februarii 1921, publice declarandum censuerunt: Imagines sacras cuiusdam novae scholae pictoricae, quarum specimen exhibetur in opusculo cui titulus: La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ par Cyril Verschaeve (ornée de compositions d'Albert Servaes. Bruxelles et Paris. Librairie Natio- nale d'art et d'histoire G. van Oest et Ci e Editeurs, 1920), ad praescriptum canonis 1399, n. 12, prohiberi ipso iure, ideoque statim removendas esse ab Ecclesiis, Oratoriis, etc., in quibus forte expositae inveniantur. Et insequenti feria v, die 24 eiusdem mensis et anni, Sanctissimus D. N. Benedictus divina Providentia Papa XV, in solita audientia R. P. D. Assessori S. Officii impertita, relatam sibi Emorum Patrum resolutionem approbavit, mandans ad quos spectat ut eam servent et servare faciant. Datum Romae, ex aedibus S. Officii, die 30 martii 1921. A. Castellano, Supremae S. C. S. Off. Notarius.
Cette condamnation semble par la suite, dans son principe, infirmée par la nouvelle approche introduite par Sacrosantum Concilium en 1963, proclamant justement l'absence de style propre à l'Eglise, in SC 123.
La ferule de Scorzelli n'est rien d'autre que la reproposition de cet expressionisme et la revanche de Servaes, proclamée à la face du monde en 1965.
Il est vrai que cette férule a ensuite "vécu" de nombreuses années, perdant en quelque façon sa signification originelle dans l'imaginaire collectif au profit d'un symbole du pontificat de Jean-Paul II...
Il est d'ailleurs significatif que le Pape François ait aussi choisi un anneau du Pecheur ayant appartenu à Mons. Pasquale Macchi, déjà secrétaire de Paul VI...Il est curieux que le retour de cet anneau soit lié à la sortie d'un sarcophage d'une autre momie cardinalice, le Cardinal Re, qui a suggéré cette idée au Pape. Et Bergoglio l'a choisi parce que sa dimension esthétique est étroitement liée à l'époque Paulinienne...époque de subversion esthétique, époque iconoclaste par excellence.
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