L’article en question (extraits)

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

Athanase -  2021-11-24 10:50:21

L’article en question (extraits)

L’archevêque de Paris dans la tempête

(…)

SPÉCIALISTE du catholicisme, le politologue Philippe Portier revient sur la question du célibat des prêtres, après les révélations publiées hier par « le Point ». Selon l’hebdomadaire, en 2012, l’archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit, alors vicaire général, aurait eu une liaison amoureuse avec une femme, ce que le prélat dément. Interrogé par le magazine, Mgr Aupetit « réfute avec force [...] l’existence d’une relation intime et de rapports sexuels ».

Un archevêque soupçonné d’avoir eu une relation amoureuse avec une femme, est-ce grave ?

PHILIPPE PORTIER. Cela tom- be très mal dans le contexte actuel. La réputation et l’image de l’Église de France ont déjà été considérablement abî-
mées par les révélations du rapport Sauvé sur l’ampleur des actes de pédophilie en son sein. Ce qui est reproché à Mgr Aupetit n’a, pour autant, pas du tout la même gravité. Là, ce qui est évoqué, ce sont des relations entre adultes, on n’est pas dans le registre de l’agression. Mais le fait que cela concerne le chef de l’un des diocèses les plus puis- sants et prestigieux de France, celui de Paris et de Notre- Dame de Paris, ne peut que troubler les esprits.

Comment l’Église traite-t-elle ce genre d’affaires en interne ?

C’est le Vatican qui s’en char- ge et c’est du ressort de ce qu’on appelle la Congrégation pour les évêques. C’est à elle de s’assurer que la personne qui est suggérée au poste d’évêque a le bon profil. Dans le cas présent, si elle considè- re que les faits sont solide- ment établis, elle peut dépêcher à Paris un enquêteur. Rome n’aime pas qu’on prenne à la légère le vœu de célibat, qui entraîne celui de chasteté. D’un autre côté, le Vatican est également très attaché à la présomption d’innocence. Le pape, avant toute décision — une suspension, une mutation vers un poste à Rome, une demande de départ à la retraite, le repli dans un monastère ou une
aumônerie —, a son mot à dire dans ce genre de dossier. François, dans le cas du prêtre pédophile Bernard Preynat, n’a, je le rappelle, pas sanc- tionné le cardinal Barbarin. Il lui a maintenu sa confiance. Philippe Barbarin est mainte- nant aumônier dans une mai- son de retraite en Bretagne.

Le célibat imposé aux prêtres est-il encore tenable au XXIe siècle ?


Une très grande partie des prêtres et des religieux con- naissent en tout cas au cours de leur carrière un coup de canif dans le respect du con- trat. Beaucoup ont des dou- bles vies, des vies parallèles : cela peut être une liaison, une famille cachée. Dans mon travail, j’en côtoie beau- coup. Je suis frappé de voir à quel point le respect de l’obli- gation de chasteté est un véritable combat pour nom- bre d’entre eux. La question du célibat au sein de l’Église se pose à nouveau. Cette règle du célibat n’a pourtant pas été immuable ? Non. Pendant le premier millénaire de l’ère chrétienne, les prêtres pouvaient se mettre en mariage avec une femme. En Occident, c’est le pape Grégoire VII qui a imposé le célibat au XIe siècle. Il s’agissait pour lui de marquer la primauté du sacré sur l’État, de remettre de la discipline et de la morale dans les rangs, mais aussi d’éviter, estiment certains anthropologues, que les legs donnés aux prêtres, les biens qu’ils recevaient en héritage, ne se dispersent, sortent du giron de l’Église. Cette nouvelle règle du céli- bat n’a d’ailleurs pas été sans provoquer de vives contesta- tions, notamment en Allema- gne ou encore en Italie. Elle a eu du mal à s’imposer. Ce célibat sacerdotal rendu ensuite obligatoire a contribué à l’émergence du protes- tantisme. Ensuite, pour juste- ment affirmer sa différence avec le protestantisme, la règle s’est encore durcie, sans jamais avoir été fondamentalement remise en cau- se jusqu’à nos jours.

(…)

Un prélat contesté

Un portrait à trois facettes : c’est ainsi que le père Simon de Violet, le prêtre qui immortalise les archevêques de Paris, a choisi de peindre Mgr Aupetit. Laquelle est la bonne ? Celle du prélat souriant « proche du terrain et adoré d’une partie de ses fidèles », selon Karine Dalle, son ex-chargée de communication. Ou celle d’un homme sans lustre, cultivant des secrets inavouables, comme le décrivent ses détracteurs. Avant d’être nommé fin 2017 à la tête du diocèse le plus important de France, Michel Aupetit a été médecin. Ce fils de cheminot a été, durant onze ans, généraliste à Colombes (Hauts-de- Seine). C’est sur le tard, à 39 ans, qu’il entre en religion et gravit les échelons : curé, doyen, vicaire général, évêque auxiliaire... Propulsé avec l’appui de son prédécesseur, le cardinal André Vingt-trois, « il n’a toujours pas décroché sa barrette de cardinal, deux de ses vicaires généraux ont claqué la porte, on ne l’a pas entendu sur la pandémie, très peu sur le rapport de la Ciase, il a fait fuir une paire de gros mécènes. Et maintenant, ces accusations sur sa vie privée..., égrène un fin observateur. L’ambassadeur du Vatican à Paris doit être sur les charbons ardents. »
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=934091