Ce n'est pas d'hier

Le Forum Catholique

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Gaius -  2021-02-03 17:22:20

Ce n'est pas d'hier

que le magistère a évolué pour répondre aux besoins des fidèles ou au développement des connaissances. Trois exemples :

Au tout début de la Chrétienté, les apôtres ne savent pas s’ils doivent maintenir les prescriptions juives. Pierre est accusé de faire double-jeu (Gal. 2 11-14). Le Concile de Jérusalem réunit les apôtres et les anciens et, après une vive discussion, adopte un compromis (déjà !): "L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables", à savoir l’interdit du sang (pas de viande non saignée), des viandes sacrifiées aux idoles, des viandes étouffées et de l’impudicité (Ac. 15 7-29). Je ne sais quand l’interdit du sang a été abandonné dans l’Eglise mais nul ne peut nier que les successeurs des apôtres s’en sont affranchis sans que cela provoque un schisme.

Jusqu’au XVIIIe siècle au moins, il a été constant dans tout le magistère de l’Eglise que le fœtus n’était pas immédiatement doué d’une âme humaine (animation médiate). La distinction entre fœtus formé ou non formé qui figure dans le texte de la Septante (Exode 21, 22) est reprise par St Augustin puis par la scolastique qui adopte la limite aristotélicienne de 40 jours pour les mâles et 80 jours pour les filles. L’avortement est puni dans tous les cas, mais d’une peine moins grave s’il a lieu avant l’animation. Le Décret de Gratien précise : Non est homicida qui aborsum procurat antequam anima corpori sit infusa. En 1713 encore, un décret Saint Office interdit de baptiser le fœtus abortif non encore doué de l’âme rationnelle. Le Rituel de Paul V exclut aussi du baptême les « monstres sans figure humaine ». Les progrès de la science conduisent désormais à voir un être humain dans tout embryon humain, dès sa conception. Jean-Paul II a-t-il eu tort d’en prendre acte dans Evangelium Vitae ?

Le Concile de Trente proclame l’authenticité de la Vulgate (décret Insuper, 1546). Cela exclut tout soupçon d’interpolation, comme le précisent le St Office et Léon XIII en 1897 à propos du fameux comma johannique sur la Trinité (I Jean 5, 7, mis sublimement en musique par Monteverdi). L’interpolation était évidente. Pie XII relativisa la notion d’authenticité, limitée depuis lors au plan juridique et non plus critique (Divino afflante Spiritu 1943). Peut-on refuser son enseignement?

Opposer le magistère actuel à celui du passé nécessite une grande prudence.

Gaius, qui tâche progressivement de se départir de sa rigidité et de son infantilisme. Merci de lui en savoir gré.
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