Quiproquo sur le sens du mot "visible" ?...

Le Forum Catholique

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Sacerdos simplex -  2021-01-12 21:06:48

Quiproquo sur le sens du mot "visible" ?...

J'ai l'impression qu'il y a un quiproquo sur le sens de ce mot.
Mot qui a été souligné surtout à l'époque tridentine, pour lutter contre l'erreur de ceux qui prétendaient que l'Eglise est une réalité purement spirituelle, donc invisible.
Par exemple : l'Eglise est, selon certains, l'ensemble des personnes en état de grâce. Conséquence : il est impossible de savoir si tel évêque est membre ou non de l'Eglise !...
[Et s'il n'est pas membre, on n'est pas tenu de lui obéir !...]
On voit l'absurdité de cette conception.

En sens inverse, cela ne veut pas dire qu'elle soit "médiatiquement" visible.
Il suffit que dans les catacombes (physiques ou morales) un petit reste conserve la foi et les sacrements.
Je ne sais pas, peut-être pourrait-on imaginer qu'à l'époque de l'Antéchrist, on ait une notice wikipedia du genre :
"Malgré la protestation d'un certain nombre d'évêques et de prêtres qui sont partis fonder leur "Petite Eglise", l'Eglise catholique a officiellement cessé d'exister le 31 octobre 2022, suite à la décision spectaculaire du Grand Timonier qui l'a fusionnée avec le Conseil Oecuménique des églises et d'autres obédiences et entités religieuses, pour fonder l' "Eglise oecuménique unifiée", religion officielle de la démocratie universelle."

C'est le sens du texte de Dom Guéranger auquel j'ai fait allusion, mais que je n'ai pas sous la main.
Et le cherchant, je suis tombé sur un texte du Card. Billot,
cité dans un forum (donc à prendre avec précaution, étant précisé que la référence est donnée ; il s'exprime dans des termes assez semblables à Dom Guéranger) :

Ce que Daniel met le plus en évidence pour le temps de l'antéchrist et de la fin du monde, c'est la persécution finale qui s'abattra sur l'Église, et dont celle d'Antiochus n'aura été qu'une faible image. Cette persécution finale, Daniel la caractérise comme un "Temps de détresse n'ayant jamais eu son pareil dans toute la suite de l'histoire" "temps quale non fuit ex quo gentes coeperunt usque ad illud." (Daniel XIII, I)

C'est aussi sur cette formidable persécution que se porte l'attention du prophète qui demande: "Quand auront leur terme, ces choses prodigieuses?" et on lui répond: "Dans un temps, deux temps et une moitié de temps; et quand la force du peuple saint sera entièrement brisée, alors tout se consumera." Mais Daniel assure qu'il a entendu sans comprendre; il désire des détails plus explicites, et alors lui est fait mention expresse de l'Antéchrist, en même temps qu'est montré le terme bienheureux auquel, cette fois, le temps de la terrible épreuve étant passé, aboutira la désolation. "Va, Daniel," dit l'ange, "car ces paroles sont scellées et serrées jusqu'au temps final. Beaucoup seront purifiés, blanchis et éprouvés par le feu; les impies agiront en impies, et aucun d'eux ne comprendra; mais ceux qui ont la science de la piété comprendront. Et depuis le temps où sera SUPPRIMÉ LE SACRIFICE PERPÉTUEL ET DRESSÉE L'ABOMINATION DE LA DÉSOLATION, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours. Heureux celui qui attendra et arrivera jusqu'à mille trois cent trente-cinq jours! Toi, va à ta fin et repose-toi; tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours."(Daniel XII, v. 1-8)

Et le Cardinal Billot arrive à trois conclusions:

1- "Que la crise annoncée en ce douzième chapitre de Daniel sera spécialement disposée par Dieu comme moyen de purification pour la dernière génération chrétienne...

2- "Nous savons en outre", dit-il, "qu'au temps de la terrible persécution, sera proscrit tout exercice de la vraie religion, qu'en conséquence LE CULTE DE DIEU CESSERA D'ETRE CÉLÉBRÉ, DU MOINS PUBLIQUEMENT ET OSTENSIBLEMENT A LA LUMIERE, A LA FACE DU SOLEIL. "A tempore cum ablatum fuerit juge sacrificium" lisons-nous au verset onzième. "Depuis le temps où aura été ôté le sacrifice perpétuel." C'est la répétition de ce qui se lisait précédemment (Daniel VIII, v. 13 et XI, v.31) à propos de la persécution d'Antiochus avec la notable différence toutefois qu'il n'est plus fait mention maintenant du temple, ni du sanctuaire, ni de tout ce qui aurait pu rappeler un passé depuis longtemps et à tout jamais disparu.

Le sacrifice perpétuel dont il s'agit ici, est donc le SACRIFICE DE LA NOUVELLE ALLIANCE qui a succédé à celui que, selon la loi de Moïse, on offrait soir et matin dans le temple de Jérusalem et auquel, à mille fois plus juste raison revient le nom de "Juge sacrificium", offert qu'il est conformément à la loi de son institution, sans aucune relâche ni de jour ni de nuit, du levant au couchant, sur toutes les places et sous tous les cieux. C'EST, EN UN MOT, LE SACRIFICE DE NOS AUTELS QUI ALORS, EN CES TERRIBLES JOURS, SERA PARTOUT PROSCRIT, PARTOUT INTERDIT, SAUF CE QUI POURRA SE FAIRE ET SE FERA DANS L'OMBRE SOUTERRAINE DES CATACOMBES, PARTOUT INTERROMPU.

3- Nous savons, en troisième lieu, que dans le même temps sera dressée l'abomination de la désolation: "A tempore cum fuerit juge sacrificium et posita fuerit abominatio in desolationem" (Daniel XI, v. 31)

Mais que sera, cette fois, l'abomination de la désolation? Évidemment quelque chose d'analogue à ce qui parut en la persécution d'Antiochus, quand le temple de Jérusalem fut dédié à Jupiter Olympien et souillé par toutes sortes d'impuretés et de profanations. Quelque chose d'analogue, disons-nous, tout compte fait d'ailleurs de la différence des temps et des lieux, et de la disproportion d'une persécution locale à la persécution mondiale que sera celle de l'Antéchrist. Mais quoi encore? QUELQUE NOUVEAU MONSTRE D'IDOLATRIE ÉTABLIE DANS NOS TEMPLES DEVENUS LES TEMPLES DU DIEU HUMANITÉ, DU DIEU RAISON, DU DIEU IMMANENT AU MONDE, TRIOMPHANT ENFIN, APRES TANT D'EFFORTS DE LA LIBRE PENSÉE, DU DIEU TRANSCENDANT DE LA RÉVÉLATION CHRÉTIENNE? QUELQUE MYSTERE LUCIFÉRIEN DES ANTRES TÉNÉBREUX DES CONVENTS MACONNIQUES ET INSTALLÉ EN PLEIN SOLEIL, EN LIEU ET PLACE DES TABERNACLES RENVERSÉS DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS.".
"La Parousie", Cardinal Billot s.j., pp. 122-124, éd. Beauchesne.



Si je n'ai pas indiqué d'autres auteurs, c'est évidemment parce que ne me souviens plus. C'est déjà pas mal d'avoir retenu, 45 ans après, le nom de Dom Guéranger.

Vous dites :
La liturgie ne dit nulle part que l'Église meurt ou disparaît.
Bah voui, c'est seulement la Bible...
Parce que si le Sacrifice est interdit 42 mois, l'Eglise est "morte en apparence", non ?...

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