Fidèle à la leçon du juge Giovanni Falcone, pour essayer de répondre à ces questions, j'ai suivi le fil de l'argent qui, dans toutes les affaires liées au pouvoir, s'entrelace à celui du sang, à celui du sexe. Trois fils rouges, donc, qui, en s'entrecroisant,forment un tissu épais d'intérêts opaques, de violences, de mensonges et de chantages qui étouffe toute volonté de renouveau, éteint les espoirs et accentue fatalement ce que Benoît XVI appelait la « crise de la foi ». Car dès le pontificat de Paul VI, un réseau criminel a prospéré dans un monde déchiré par la guerre froide, dans l'Italie instable des mouvements ouvriers, du terrorisme et de pouvoirs occultes qui ont trouvé au Vatican les alliances les plus inattendues, les plus puissantes, les plus sophistiquées. C'est de là qu'il faut repartir,en accordant une attention particulière à l'action de l'archevêque Paul Casimir Marcinkus : placé à l'époque au sommet de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), la « banque du pape », il avait en effet déployé un redoutable filet dont les mailles s'étendaient jusqu'à l'appartement pontifical, aux paradis fiscaux et à l'Amérique des cartels de la drogue, des coups d'État et de la cocaïne.