La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
Le Forum Catholique
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ami de la Miséricorde - 2020-05-22 07:21:43
La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
CHAPITRE II
- La plénitude initiale de grâce en Marie
« Ave, gratia plena.. »
(Luc, I, 28.)
Article I - LES DIVERSES PLÉNITUDES DE GRÂCE
La grâce dont il est question dans ces paroles de l'ange : « Ave, gratia plena » est donc supérieure aux forces naturelles et aux exigences de toute nature créée et créable ; étant une participation de la nature divine ou de la vie intime de Dieu, elle nous fait entrer à proprement parler dans le régne de Dieu, immensément au-dessus des divers règnes de la nature, qu'on peut appeler règnes minéral végétal, animal, humain et même angélique.
A tel point que saint Thomas peut dire ; « bonum gratiae unius majus est quam bonum naturae totius universi. » Le moindre degré de grâce sanctifiante contenu dans l'âme d'un petit enfant après son baptême vaut plus que le bien naturel de tout l'univers, plus que toutes les natures créées y compris les natures angéliques.
Il y a là une participation de la vie intime de Dieu, qui est supérieure aussi à tous les miracles et autres signes extérieurs de la révélation divine ou de la sainteté des serviteurs de Dieu.
C'est de cette grâce, germe de la gloire, qu'il est question clans la parole adressée par l'ange à Marie : « Je vous salue, pleine de grâce », et l'ange devait voir que, bien qu'il eut lui-même la vision béatifique, la vierge sainte qu'il saluait avait un degré de grâce sanctifiante et de charité supérieur à lui, le degré qui convenait pour qu'elle devint en cet instant même la digne mère de Dieu.
Sans doute Marie a reçu aussi du Très-Haut dans leur perfection les dons naturels du corps et de l'âme. Si, même au point de vue naturel, l'âme de Jésus, personnellement unie au Verbe, réunit en elle tout ce qu'il y a de noble et de beau dans l'âme des plus grands artistes, poètes, penseurs de génie, des hommes les plus généreux, toute proportion gardée, l'âme de Marie, par sa nature même, par la perfection naturelle de son intelligence, de sa volonté, de sa sensibilité, est un chef-d'œuvre du Créateur.
Elle dépasse bien sûr tout ce que nous avons pu constater dans les personnes les mieux douées comme pénétration naturelle et sûreté de l'intelligence, force de volonté, équilibre ou harmonie des facultés supérieures et inférieures. En elle, du fait qu'elle a été préservée du péché originel et de ses suites flétrissantes, la convoitise et l'inclination à l'erreur, le corps n'appesantissait pas l'âme, mais lui était parfaitement soumis. Si la Providence, en formant le corps d'un saint, a en vue l'âme qui doit vivifier ce corps, en formant le corps de Marie, elle avait en vue le corps et la sainte âme du Verbe fait chair.
Comme se plaît à le rappeler saint Albert le Grand, les Pères disent que la Vierge Marie, même au point de vue naturel, a réuni la grâce de Rébecca, la beauté de Rachel, la douce majesté d'Esther. Ils ajoutent que cette beauté très pure n'arrêtait jamais à elle ; mais élevait toujours les âmes vers Dieu.
Plus ces dons naturels sont parfaits, plus ils montrent l'élévation de la vie invisible de la grâce qui les dépasse sans mesure.
Il faut remarquer enfin, en parlant de la plénitude de grâce en général, que celle-ci existe à trois degrés très différents, dans le Christ, en Marie et dans les saints. Saint Thomas l'explique en divers endroits.
Il y a d'abord la plénitude absolue de grâce qui est propre au Christ, sauveur de l'humanité. Selon la puissance ordinaire de Dieu, il ne saurait y avoir de grâce plus élevée et plus étendue que la sienne. C'est la source éminente et inépuisable de toutes les grâces que reçoit l'humanité tout entière depuis la chute, et qu'elle recevra dans la suite des temps ; c'est la source aussi de la béatitude des élus, car Jésus nous a mérité tous les effets de notre prédestination comme le montre bien saint Thomas (IIIa, q. 24, a. 4).
Il y a en second lieu, la plénitude dite de surabondance, qui est le privilège spécial de Marie, et qui est appelée ainsi parce qu'elle est comme un fleuve spirituel qui, depuis près de deux mille ans, se déverse sur tous les hommes.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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