La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
Le Forum Catholique
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ami de la Miséricorde - 2020-05-21 08:09:44
La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
CHAPITRE II
- La plénitude initiale de grâce en Marie
« Ave, gratia plena.. »
(Luc, I, 28.)
Article I - LES DIVERSES PLÉNITUDES DE GRÂCE
Dans cette expression « plénitude de grâce », il s'agit, selon le sens habituel de l'Ecriture qui devient de plus en plus explicite dans le Nouveau Testament, de la grâce proprement dite, qui se distingue réellement de la nature, soit de la nature humaine, soit de la nature angélique, comme un don de Dieu tout gratuit, qui dépasse les forces naturelles et les exigences de toute nature créée et même créable.
La grâce habituelle ou sanctifiante nous fait participer à la nature même de Dieu ou à sa vie intime selon les paroles de saint Pierre (II Petr., I, 4) : « Jésus-Christ nous a mis en possession de si grandes, et si précieuses promesses, afin de nous rendre participants de la nature diyine. »
Par la grâce nous sommes devenus enfants adoptifs de Dieu, ses héritiers et cohéritiers du Christ (Rom., VIII, 17) ; par elle nous sommes « nés de Dieu » (Jean, I, 13).
Elle nous dispose à recevoir la vie éternelle comme un héritage et comme la récompense des mérites, dont elle est le principe. Elle est même le germe de la vie éternelle, « semen gloriae » dit la Tradition, en tant qu'elle nous dispose dès maintenant à voir Dieu immédiatement comme lui-même se voit et à l'aimer comme il s'aime.
Cette grâce habituelle ou sanctifiante est reçue dans l'essence même de notre âme comme une greffe surnaturelle qui en surélève la vitalité, la déifie.
D'elle dérivent dans nos facultés les vertus infuses, théologales et morales et aussi les sept dons du Saint-Esprit, c'est-à-dire tout ce qui constitue notre organisme surnaturel, qui est en nous, à la façon des vertus acquises, comme une seconde nature, de telle sorte que nous exerçons connaturellement les actes surnaturels et méritoires des vertus infuses et des sept dons.
Il suit de là que par la grâce habituelle la Sainte Trinité habite en nous comme dans un temple où elle est connue et aimée, où elle est quasi expérimentalement connaissable, et parfois connue, lorsque par une inspiration spéciale elle se fait sentir à nous comme la vie de notre vie, « car nous avons recu un Esprit d'adoption en qui nous crions : Abba ! Père » (Rom., VIII, 15).
L'Esprit-Saint nous inspire alors une affection filiale pour lui, et en ce sens « il rend témoignage à notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu » (Rom., VIII, 16).
Si la grâce habituelle nous fait ainsi enfants de Dieu, la grâce actuelle ou transitoire nous dispose à le devenir, et ensuite nous fait agir, soit par les vertus infuses, soit par les dons, ou simultanément par les uns et les autres, comme de vrais enfants de Dieu. Cette vie nouvelle n'est autre que la vie éternelle commencée, puisque la grâce habituelle et la charité doivent durer éternellement.
Cette grâce, autrement dit cette vie divine, n'est pas, moins gratuite pour les anges que pour nous. Comme le dit saint Augustin (De Civ. Dei, XII, c. 9) : « Deus eos creavit, simul in eis condens naturam et largiens gratiam. »
Dieu, en créant leur nature leur a accordé gratuitement la grâce, à laquelle leur nature purement spirituelle, si élevée soit-elle, n'avait aucun droit, si bien qu'ils auraient pu être créés, comme nous aussi, dans un état purement naturel, sans cette greffe divine qui apporte une vie nouvelle.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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