Souvenirs comparables

Le Forum Catholique

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Montes Gelboe -  2020-05-19 11:30:01

Souvenirs comparables

des rogations dans la campagne languedocienne. Il y avait eu une interruption à l'époque des lois anti-cléricales a la fin du XIXe siècle. La reprise à l'identique avait suivi la guerre de 1914-18. Elles ont duré, ici ou là, jusqu'aux années 1968-70. Les trois circuits étaient longs, le premier surtout, 5 à 6 kilomètres. Jusque vers 1958 les processions se faisaient le matin, après la messe, et pour la plupart des participants à jeun...Vers 1958 ce fut le soir, ce qui facilitait l'assistance. Le parcours était rituel et immuable, et les stations avec bénédictions des récoltes se faisaient auprès des croix érigées dans la campagne.
Bien plus tard, faisant des études et recherches médiévistes, je me suis intéressé aux parcours et aux croix des stations des Rogations dans plusieurs villages des environs, les conclusions de cette étude établissent une généralité des situations locales du pays :
La quasi-totalité de ces croix marquent le site de villages disparus à l'époque de l'"incastellamentum" c.a.d. le regroupement des populations aux abords immédiats des "castra" ou "castelli", les châteaux fortifiés. L'agglomération concentrique autour du château central, entourée également de murs, était une protection au XIVe siècle contre les pillards et contre.. les anglais qui, depuis l'Aquitaine qu'ils occupaient, faisaient jusqu'ici des incursions dévastatrices, également contre les gueux et les passagers, susceptibles de véhiculer la peste.
Les villages abandonnés, les églises en ruines et les cimetières restèrent fréquentés jusqu'au XVIe voire XVIIe siècle. Puis une croix seule en marqua l'emplacement. Le circuit des processions des rogations n'était pas établi au hasard, il n'était pas le seul fait de la dévotion simpliste. Il visitait les anciennes paroisses, s'arrêtait sur leur emplacement. Il était en quelque sorte un souvenir ou un monument historique que l'on ne percevait plus après plusieurs siècles. C'était une survivance de ces anciennes paroisses, églises et cimetières abandonnés, qui en ces quelques instants retrouvaient une vie symbolique.
Tout cela a disparu, vers 1968-70 dis-je. Bien sûr dans l'indifférence générale, clergé compris. Toutefois la toponymie conserve toujours, à l'état de vestige, le nom des saints patrons et des paroisses, fossilisant une occupation du sol fort ancienne, généralement à l'époque de la fondation des citées romaines du futur Languedoc.
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