Le Forum Catholique
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Abbé Néri - 2020-03-17 19:19:30
Des jours en or
Chaque année avec le temps du carême nous avons une occasion de purifier nos âmes par la pratique de la pénitence. Mais les circonstances actuelles par les restrictions qu'imposent nous offrent une aide précieuse.
Dans l'antienne de l'office fériale de tierce pendant ce temps du carême nous lisons :
“Advenerunt nobis dies poenitentiae, ad redimenda peccata, ad salvandas animas”
Il nous est arrivé des jours de pénitence pour racheter nos péchés et sauver les âmes.
Racheter nos péchés et sauver les âmes est ce que le Christ a fait pour nous. Nous trouvons donc ici une invitation à unir nos mortifications aux souffrances du Christ et ainsi prendre part à l’œuvre de la Rédemption.
Un texte de l'épître de saint Paul aux Colossiens peut nous aider à mieux comprendre cette participation :
"En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise." (1;24)
Cependant il faut prendre garde de ne pas lire ses paroles superficiellement, car ont tomberait dans un grave erreur. En effet, saint Thomas d'Aquin le dit clairement :
“Ces paroles, entendues superficiellement, pourraient recevoir cette mauvaise compréhension que la Passion du Christ ne suffirait pas pour la rédemption et qu’il a fallu la compléter par les souffrances des saints.”
Il va même jusqu'à dire :
“Ce serait hérétique : le sang du Christ suffit au rachat même d’un grand nombre de mondes.”
Alors, le saint docteur nous rapelle :
“Au contraire, il faut comprendre : le Christ, et l’Eglise forment une seule personne mystique, dont la tête est le Christ, et le corps tous les justes.”
Tous les justes sont ceux qu'on été justifiés par le sang du Christ. Ainsi :
“Chacun des justes est comme un membre pour cette tête. "[Vous êtes le corps du Christ] et vous êtes ses membres, chacun pour sa part" (I Corinthiens XII, 27).
Tenant compte de cette realité totale qui est le Christ et l'Eglise le docteur angelique enseigne que :
“Dieu donc a déterminé, dans son décret de prédestination, la somme de mérites que doit acquérir l’Eglise entière, tant dans ses chefs que dans ses membres; de même qu’il a prédestiné le nombre des élus.”
Ainsi pour le saint docteur :
“Les souffrances des saints sont parmi les principaux de ces mérites.”
Cependant il y a une différence infinie entre ses mérites:
“Mais les mérites de la tête, le Christ, sont infinis; les saints apportent quelques mérites, chacun selon sa mesure.”
“Ainsi s’expliquent, - dit-il - les paroles de l’Apôtre : ce qui manque à la Passion du Christ, c’est-à-dire de l’Eglise entière dont le Christ est la tête, je l’achève, j’ajoute ma mesure ; et cela dans ma chair, en souffrant moi-même, ou encore en passant par les souffrances qui manquent à ma chair.”
Et, la consequence qu'il tire nous interese au plus haut point :
“Il manquait au Christ, comme il avait souffert en tant que Christ, dans son propre corps, de souffrir en Paul, l’un de ses membres, et de même en tous les autres.”
Nous pouvons par nos souffrances acceptées et offertes laisser le Christ agir en nous. Et, voila pourquoi le docteur angelique dit:
“Tous les saints souffrent ainsi pour l’Eglise qui reçoit de leur témoignage une nouvelle force.”
Et pour conclure saint Thomas ajoute que la Glose fait ce commentaire :
“Il manque des souffrances parce que le trésor de l’Église n’est pas encore plein; il ne le sera qu’à la fin des temps.”
Ce trésor, c’est comme un vase ou une maison où l’on accumule les richesses. Voici donc que nous avons devant nous des jours en or, pour apporter notre part à ce véritable trésor.
* Les citations de saint Thomas se trouvent dans son commentaire à l'épître de saint Paul aux Colossiens.
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