La foi des démons ou l'athéïsme dépassé

Le Forum Catholique

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Velankanni -  2019-08-23 22:16:01

La foi des démons ou l'athéïsme dépassé

Que pensez-vous de cet auteur et de ce livre ?
Ci-dessous 2 textes sur cet ouvrage.



Voici 2 textes sur ce bouquin un de l'Osservatore Romano et l'autre un résumé trouvé sur la Fnac qui est un des vendeurs de cet ouvrage :

1°) Osservatore Romano :
«Marc ne cesse d’insister sur la foi des démons et d’y opposer, para-doxalement, l’incrédulité des disciples», écrit Fabrice Hadjadj dans son essai La foi des démons ou l’athéisme dépassé, auquel a été conféré cette année en France le plus important prix de littérature d’essai catholique. D’origine juive, portant un nom arabe, le philosophe s’est converti au catholicisme et accompagne sa passion pour la foi chrétienne par une grande capacité à réfléchir en profondeur sur des thèmes délicats — comme la tentation diabolique aujourd’hui — en mêlant des expériences personnelles à l’exégèse des Ecritures Saintes, aux œuvres des Pères de l’Eglise et parfois aux midrashim et aux textes rabbiniques.

Dans certains moments rapportés par les Evangiles, le bien et le mal semblent avoir échangé leur rôle — écrit-il — au point que l’incrédulité des disciples, aussi coriace soit-elle, vaut plus que la foi des démons, qui savent au contraire très bien reconnaître le Fils de Dieu. En arrivant à dire qu’un certain athéisme, au fond, peut être moins nuisible que ce type de connaissance de Jésus semblable à la foi démoniaque: un type de certitude spéculative, qui signifie croire que cela est vrai, mais sans s’abandonner à la parole de l’autre. En somme, une foi sans confiance.

Dieu demande à être cherché, et nous ne pouvons pas aller vers lui sans aller vers les autres, même si de cette façon, l’athéisme ou l’hérésie deviennent possibles. Mais cette incrédulité des êtres humains demeure moins grave que la foi privée des doutes des démons, car elle possède l’excuse de l’ignorance, de la pesanteur de notre raison et de la résistance de nos cœurs. Et au moins, c’est une affaire de cœur: la foi des démons, au contraire, provient de la lucidité de leur intelligence; le cœur y est absent.

Comme l’écrit saint Augustin, le diable est «infiniment orgueilleux et envieux». L’envie, son péché le plus grave, signifie ne pas respecter le dessein généreux de Dieu et ne pas se fier à lui. Satan n’éloigne pas de la foi, mais suggère à chacun de se sauver lui-même, il l’encourage à fabriquer son petit ciel privé, et son orgueil fait de lui le «manager de l’auto-suffisance et le père de l’utopie», c’est-à-dire les maux de la modernité. En effet, vouloir créer soi-même le bonheur, le sien et celui des autres, signifie «confondre la providence et la planification», méconnaître le rôle de la grâce, qui demande de ne pas faire, mais de laisser faire Dieu en nous.

Le démon ne s’abandonne pas, c’est un «self-made man» et il con-sidère son enchaînement au péché comme une émancipation, tandis que la sainteté lui semble une forme d’orgueil. Si Dieu est amour, le diable l’est aussi, mais le sien est un amour propre. Lorsque l’on rencontre le diable, il ne s’agit donc pas de voir qui est le plus fort, mais de se reconnaître faible; il ne s’agit pas de comprendre qui est le plus subtil, mais de vouloir être le plus capable d’amour.

On devient esclave du démon lorsque l’on croit être les seuls maîtres. En effet, dans la tentation de l’Eden, la femme ne se limite pas à répondre, mais elle veut répliquer à Satan, elle pense être en mesure de le faire: elle veut être mère d’elle-même, plutôt que fille de Dieu. En tant que femme intelligente, elle veut se défendre seule. Le diable portera avec habilité l’attention sur la connaissance plutôt que sur la vie, sur l’interdiction plutôt que sur le don: Eve désire la béatitude promise par Dieu, mais pense pouvoir l’atteindre par ses propres forces.

«L’ambition d’extirper seuls tout le mal dans le monde est une ambition maléfique. Après avoir oublié le diable (la meilleure façon de l’impliquer), elle méprise la liberté humaine tout comme la liberté divine, ignore la réalité de la concupiscence et de la grâce, refuse le côté tragique de notre condition». Car — poursuit Fabrice Hadjadj — l’essence du péché démoniaque est de «faire le bien avec ses propres forces, de planifier le bien-être sans surprise». Etre un monde qui se suffit à lui-même: aucune expression ne peut révéler mieux que celle-ci la tentation, la fascination du péché. Et le philosophe donne ici l’exemple de Malthus qui, bien qu’étant un ministre anglican, tente de tout expliquer, de posséder les lois de l’histoire, en anticipant en cela Marx.

Aucune réalité n’appartient en soi au mal — le diable peut se présenter comme inhumain et comme humaniste, comme professeur d’angélisme ou comme maître de bestialité — et chacune des réalités qui lui sont habituellement attribuées peuvent être reportées à un ordre juste. Mais, au contraire, chaque chose, à l’exception de Dieu et des saints, peut être orientée vers le mal. Le mal moral est une utilisation désordonnée des choses.

Les vertus sont encore présentes dans le monde moderne, mais rendues folles — écrit Fabrice Hadjadj — pour avoir été isolées les unes des autres. Un exemple de cela sont les chrétiens déchristianisés, qui récupèrent la compassion pour la retourner contre le Christ: selon le penseur, ces derniers auraient fait avorter Marie, pour protéger sa réputation et pour lui épargner la douleur pour la mort de son fils...

Comme antidote à la foi des démons, Fabrice Hadjadj propose le chant du Credo. Il ne s’agit pas en effet de réciter une série d’affirmations doctrinales, mais «de dire une Révélation comme une déclaration d’amour qui ouvre le cœur».

2°) Résumé sur Fnac :
L'athéisme en tant qu'il nie l'existence de Dieu ou la divinité de Jésus n'est pas le pire refus de Dieu possible. D'aucuns ont trouvé Dieu et pourtant ne le servent pas, le servent d'autant moins. Ils se perdent dans la mesure même où ils l'ont trouvé. Ceux-là ne sont pas athées, ils reconnaissent tous les articles de la foi catholique et, néanmoins, refusent Dieu de la manière la plus radicale, - en connaissance de cause. Ceux-là surpassent l'athéisme et nous découvrent un lieu plus ténébreux, d'autant plus ténébreux qu'il se sert de la lumière pour épaissir ses ténèbres.
Tel est le lieu du démoniaque. Il concerne premièrement les démons, sans doute, mais un chrétien ne saurait l'ignorer, car il désigne aussi une possibilité tragiquement sienne, celle d'une perdition qui s'ouvre au cour même de la chrétienté. Le démoniaque n'est pas tant de vouloir le mal, que de vouloir faire le bien sans obéir à un autre, de vouloir faire le bien par ses seules forces, dans un don qui prétend ne rien recevoir, dans une espèce de générosité qui coïncide avec le plus fin orgueil.
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