Montégut-Lauragais. Querelle sur l'autel de l'église entre le maire et le curé

Le Forum Catholique

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Bernard Joustrate -  2019-07-22 11:42:50

Montégut-Lauragais. Querelle sur l'autel de l'église entre le maire et le curé

Voyant que l'autel en bois avait disparu, le maire et ses adjoints ont voulu le remettre mais ont dû se résoudre à quitter l'église avec les paroissiens.



À Montégut-Lauragais, petit village perché, à 10 kilomètres de Revel, va-t-on vivre un nouvel épisode des célèbres querelles entre Don Camillo, le curé et Peponne, le maire ? En tout cas, vu la colère contre le curé, de Georges Arnaud, le premier magistrat de la commune de 500 âmes, depuis dimanche dernier, on ne nage pas en pleine comédie.

Tout a commencé samedi soir, au moment où la fête locale bat son plein. «On m'a prévenu que l'autel de l'église avait été déplacé mais on n'y a pas prêté attention», raconte le maire. Le lendemain, alors que la messe est programmée à 11 heures, dans l'église du village construite en 1861, c'est la stupeur !

«Quand on est rentré dans l'église, dimanche matin, on s'est rendu compte qu'effectivement, l'autel en bois recouvert de Formica, avait disparu. Alors que les habitants prenaient place, avec mes adjoints on l'a cherché et on l'a trouvé au fond de l'église». Le diacre qui devait officier pour la messe, explique alors que c'est l'abbé de la paroisse de Revel, Sébastien Vauvillier, qui a décidé de l'enlever. «Avec mes adjoints on a alors décidé de le remettre en place mais le diacre a menacé de ne pas faire la messe alors on l'a pris au mot et on a quitté l'église et les paroissiens nous ont suivis dehors». Un boycott de messe : du jamais vu ! Toutefois, le maire négocie au moins une bénédiction à l'extérieur, ce que le diacre, un peu gêné, acceptera de faire, vu qu'à Montégut il n'y a qu'une messe par mois.

Ce que dit la loi

Actuellement en vacances, l'abbé Sébatsien Vauvillier s'explique. «La dignité de la célébration et du lieu implique parfois, pour de simples questions de commodité et de propreté, des aménagements et réaménagements. Donc rien de bien inhabituel. Le culte étant libre dans ses murs, la loi de 1905 assure à l'affectaire (NDLR : celui a qui est confié le culte dans l'église appartenant à la commune) la totale souveraineté sur ce qui concerne la loi», explique-t-il en se faisant même un peu menaçant. «D'ailleurs la loi prévoit même des peines importantes pour quiconque viendrait la perturber».

L'abbé Vauvilliers n'a pas tout à fait tort mais n'a pas totalement raison. En fait, ce n'est pas la loi de 1905 mais celle du 2 janvier 1907 qui défini que : «Il ne peut être entrepris de travaux sur l'immeuble et ce qui est immeuble par destination comme l'autel scellé, l'orgue, les cloches,…Ou sur les meubles, sans accord exprès de la commune propriétaire». En clair, le curé chargé du culte ne peut rien faire dans l'église sans en référer au maire. Toutefois, entre-temps, cette loi a évolué, notamment avec l'Arrêt du Conseil d'État du 4 août 1916 et le jugement du tribunal administratif de Lille en 1977 qui font jurisprudence et donnent au curé le droit de : «Substituer d'anciens meubles à des nouveaux et enlever de l'église les meubles vétustes, usagés ou inutiles à condition de les laisser à la sacristie ou dans un local annexe de l'église pour sauvegarder les droits de la commune».

Au regard du droit, le maire se dit quand même prêt à discuter avec le curé à son retour sur Revel, pour trouver une solution.

Émile Gaubert


Source : La Dépêche via Pro Liturgia
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=871881