Le témoignage en français

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La Porte Latine -  2018-08-26 08:39:49

Le témoignage en français

Le témoignage "explosif" des 11 pages en français

Version française du témoignage de Mgr Carlo Maria Vigano

TÉMOIGNAGE - Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique

En ce moment tragique pour l’Eglise dans diverses parties du monde – les Etats-Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.

Certains prêtres et évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.

Pour restaurer la beauté de la sainteté du visage de l’Epouse du Christ, qui est terriblement défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment libérer l’Eglise du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspiration du silence ssemblable à qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera proclamé sur les toits. » (Luc 12: 3)

J’ai toujours cru et espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Eglise, ma conscience m’impose de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.

En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches, promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.

Pour dissiper les soupçons insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque.

Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.

De la même manière, le nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.

En rédigeant une note [1] sur ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir commis de tels actes.

Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points suivants:

- Etant donné ce qui semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux scandales touchant l’Église aux États-Unis,

- Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi »;

- J’ai proposé qu’une mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.

- J’ai ajouté qu’il serait salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des victimes innocentes.

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