La contradiction est entre évangélisation et consensualisation.

Le Forum Catholique

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Scrutator Sapientiæ -  2018-05-31 06:45:26

La contradiction est entre évangélisation et consensualisation.

Bonjour et merci, Luc Perrin.

1. Voici ce que j'ai écrit :

"La contradiction "évangélique", en l'occurrence, se situe, à mon sens, à ce niveau :

- d'un côté on nous dit que l'Eglise doit continuer à être épouse et mère, c'est-à-dire épouse de Dieu, Père, Fils, Esprit, et mère des hommes, avant tout en vue de leur salut, et non, bien sûr, épouse du monde et mère des hommes, seulement en vue de leur bonheur,

et

- d'un autre côté, on nous dit que l'Eglise doit commencer, ou continuer davantage, à être soeur et servante, au bénéfice des confessions chrétiennes non catholiques, des religions non chrétiennes, de telle conception agnostique et humaniste de l'homme et du monde contemporains."

2. Ce que j'ai écrit revient à dire ceci : nous sommes en présence de clercs

- qui veulent bien que l'Eglise catholique soit épouse et mère au bénéfice de tous, donc notamment au bénéfice des PERSONNES chrétiennes non catholiques, des PERSONNES croyantes non chrétiens, des PERSONNES humaines non croyantes qui font partie du monde contemporain,

MAIS

- qui ne veulent pas que l'Eglise soit épouse et mère AU POINT QUE CELA SOIT au préjudice des CONFESSIONS chrétiennes non catholiques, des RELIGIONS non chrétiennes, des CONCEPTIONS agnostiques et humanistes qui font partie du monde contemporain.

3. A mon avis, c'est pour cette raison qu'il existe une tendance ou une tentation, d'après laquelle il ne faut plus que l'Eglise soit avant tout Mater et Magistra, d'une manière dissensuelle, notamment dans l'ordre du croire, et selon laquelle il faut que l'Eglise soit seulement Soror et Ancilla, d'une manière consensuelle, y compris dans l'ordre du croire.

4. Je ne suis donc pas en train de demander à Marie de dire ce qu'elle a à dire et de faire ce qu'elle à faire contre Marthe, mais je suis en train de dire qu'à partir du moment où l'Eglise ne veut plus incarner avant tout, d'une manière pacifique, mais certes pas consensuelle,

- une alternative catholicisante, face aux PERSONNES chrétiennes non catholiques ET face aux CONFESSIONS chrétiennes non catholiques,

et

- une alternative christianisatrice, face aux PERSONNES croyantes non chrétiennes ET face aux RELIGIONS non chrétiennes,

elle se condamne à incarner seulement un "accompagnement humanisateur", au point d'en faire un accompagnement légitimateur des confessions chrétiennes non catholiques et des religions non chrétiennes, sans que cela "concurrence" quelque confession chrétienne non catholique que ce soit, ou quelque religion non chrétienne que ce soit.

5. Nous sommes ainsi en présence de la vision selon laquelle plus on est catholique et plus on se doit d'être dans le "respect total", non seulement à l'égard des PERSONNES chrétiennes non catholiques et des PERSONNES non chrétiennes, mais aussi vis-à-vis des CONFESSIONS chrétiennes non catholiques et des RELIGIONS non chrétiennes.

6. Cette vision n'est plus catholique confessante, voire n'est plus missionnaire ni trinitaire (comme vous le dites vous-même), dans la plénitude de chacun de ces termes, mais veut néanmoins avoir en elle une raison d'être, notamment dans le cadre de la promotion des droits de l'homme et du vivre-ensemble.

Le "match" n'est donc pas entre Marthe et Marie, mais entre, d'un côté, Marthe et Marie, et, de l'autre côté, une autocensure "évangélique", ou plutôt horizontale et humanitaire, dont on peut se demander si elle n'est pas devenue, pour elle-même, sa propre raison d'être, sinon sa seule raison d'être.

Ici.

7. C'est un peu comme si l'on disait qu'un croyant non chrétien qui se convertit, sous la conduite et en direction de Jésus-Christ, ne le fait pas dans le cadre de son abandon d'une religion erronée et de son adhésion à la religion révélée, mais dans celui de l'évolution légitime de sa sensibilité et de sa subjectivité.

8. Et c'est aussi comme si l'on disait que toute évolution de la sensibilité et de la subjectivité étant légitime, en matière religieuse, dès lors qu'elle est pensée et vécue dans la sincérité et dans la tolérance, il est tout aussi fécond, non d'un point de vue resté chrétien, mais d'un point de vue qui, désormais, n'est plus que christique (ou kungien), que les uns évoluent en se rapprochant de Jésus-Christ, et que les autres évoluent en s'éloignant de lui, le plus important étant que les uns et les autres communient tous ensemble dans une même "foi en l'homme", laquelle n'est pas catholique confessante, mais "assisienne" ou onusienne.

En d'autres termes, de même que, d'après Jean-Claude Juncker, "il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens" (comme çà, au moins, c'est clair !), de même, pour un nombre croissant de clercs catholiques, "il ne peut y avoir de foi authentiquement et légitimement évangélique contre l'évolution des mentalités et l'orientation de la moralité".

Bonne journée.

Scrutator.
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