L’Eglise, pourtant, dans le beau et antique répons : Sancta et immaculata, professe ce même sentiment de son impuissance à louer dignement cette créature privilégiée, et Baillet connaissait cette admirable formule liturgique, qui ne disparut du Bréviaire de Paris qu’en 1736, lorsque les théories qu’on mettait en avant en 1693 eurent porté leurs fruits.
Le Bréviaire des Gondy contenait, au 15 août, des Leçons extraites de Saint Jean Damascène, dans lesquelles l’Assomption corporelle de la Mère de Dieu était célébrée en termes énergiques et pompeux ; ce passage disparut du Bréviaire de 1680. (...) La pratique de la sainte Église, les commentaires lumineux des docteurs ont rendu sacrée autant que précieuse cette interprétation, qui fut attaquée par les réformateurs du XVIe siècle, et que nous avons vue relevée par Pie IX, dans la Bulle pour la définition du dogme de l’Immaculée-Conception.
Baillet, poursuivant le cours de ses attaques contre le culte de la Mère de Dieu, cherche à détourner de son sens le titre de Refuge des pécheurs. (...) En attendant, Baillet, qui n’a de sympathie ni pour le scapulaire, ni pour le rosaire, se sert gracieusement du mot de sortilège (page 224), à propos de ces objets sacrés ; selon lui, en user, à moins d’être en voie de perfection, c’est pharisaïsme.
On sait que ce fut en 1736 que parut la nouvelle liturgie parisienne. Ses auteurs n’avaient tenu aucun compte des livres antérieurs, afin d’appliquer plus largement leur système de doctrine tout entier ; et ils ont célébré eux-mêmes, dans les Nouvelles ecclésiastiques, l’importance du triomphe qu’ils remportèrent par le succès de cette œuvre habile. Le nouveau Bréviaire, sous le prétexte de venger les droits du Christ, enlevait à la Mère de Dieu le titre populaire de deux de ses principales fêtes.