Traduction (extrait) de Saint Ambroise, des devoirs, livre 2

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Marquandier -  2017-08-30 18:22:03

Traduction (extrait) de Saint Ambroise, des devoirs, livre 2


2. La mesure de la générosité.

Il est donc clair qu'il doit y avoir une mesure de la générosité pour que la bienfaisance ne devienne pas inu-
tile. Il faut qu'on s'en tienne à la modération, les prêtres surtout, afin qu'ils ne distribuent pas par esprit de vanité, mais par esprit de justice. Nulle part en effet n'existe plus grande avidité de la demande : les gens viennent en bonne santé, viennent sans avoir aucune raison, si ce n'est celle d'errer, et veulent épuiser les secours destinés aux pauvres,
réduire à rien la dépense en leur faveur, et non contents de peu, ils réclament davantage, cherchant à obtenir, par l'étalage de leurs vêtements, un appui à leur requête et, par la simulation sur leurs origines, marchandant des accroissements de gains. Si l'on accorde aisément confiance à ces gens, l'on vide rapidement, au détriment de l'entretien des pauvres, les réserves de l'avenir. Qu'il y ait une mesure de la bienfaisance afin que ces gens ne se retirent pas sans rien et que la subsistance des pauvres ne passe pas en profits d'escrocs. Que l'on use d'une pondération telle que l'on ne néglige pas le sens de l'humain et que l'on n'abandonne pas la misère.
La plupart simulent des dettes : qu'il y ait une enquête sur la vérité. Se plaignent-ils d'avoir été dépouillés par suite de brigandages : que le dommage en fasse foi ou bien la connaissance de la personne afin qu'on l'aide plus volontiers. Il faut faire profiter les excommuniés, de la dépense de la charité, si le moyen de se nourrir leur fait défaut. Et ainsi celui qui observe la mesure n'est chiche pour personne, mais large pour tous. Nous ne devons pas en effet prêter nos seules oreilles pour écouter les voix de ceux qui sollicitent, mais aussi tourner les yeux pour regarder les misères. Pour celui qui agit bien, l'infirmité crie plus fort que la voix du pauvre. Il ne peut se faire en vérité que l'indiscrétion des braillards n'arrache davan-tage; toutefois que la place ne soit pas toujours faite à l'effronterie. Il faut voir celui qui ne te voit pas, rechercher celui qui rougit d'être vu. Que celui-là aussi qui est enfermé en prison accourre à ta pensée, que celui qui est atteint par la maladie trouve un écho dans ton âme, lui qui ne peut le trouver dans tes oreilles.



Source : Saint Ambroise, Des Devoirs, livre II
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