Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

ami de la Miséricorde -  2017-08-09 01:38:14

Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

XVI. DE CEUX QUI VEULENT SE TUER POUSSÉS PAR LE DÉMON QUI LEUR FAIT CROIRE À UNE RÉVÉLATION DIVINE

Pour bien vous montrer que ces deux exemples ne sont pas inventés, je vous rappellerai une histoire que vous avez lue dans les conférences de Cassien. Si vous ne l'avez pas lue vous pourrez facilement l'y trouver. Je l'ai moi-même à moitié oubliée. Voici ce dont je me souviens : Un moine vécut longtemps comme un saint dans le désert. Il jouissait de l'estime de ses confrères et des anachorètes. Pourtant, quelques-uns craignaient que les nombreuses révélations qu'il faisait ne fussent des tromperies du démon. Par la suite, on vit bien que c'en étaient, car le diable l'avait si subtilement envoûté, il lui avait insufflé un tel orgueil que, finalement, il l'amena à se tuer. Pour autant que je m'en souvienne sans avoir l'ouvrage sous les yeux, il lui persuada que telle était la volonté divine et qu'ainsi il irait droit au ciel. Si tel était le motif de son suicide, il n'entre pas dans notre propos de parler de ce moine, car il se complaisait dans son idée de suicide et il avait plus besoin d'être sagement conseillé pour ne pas céder aux séductions du Malin, que d'être réconforté. Mais si le diable lui avait fait comprendre comment il avait été trompé et s'il l'avait poussé à se suicider par honte ou par désespoir, alors cette histoire entrerait dans notre sujet. Car alors son orgueil serait tombé et il aurait souffert de pusillanimité, de cette sorte de « terreur nocturne » dont je vous parlais. Si tel avait été son cas, le conseil à lui donner eût consisté en une parole encourageante.

Mais, comme je vous le disais, cet acte ne relève ni du courage, ni de la force de caractère, non seulement parce que la véritable force (qui est une vertu chez les gens raisonnables) doit toujours être accompagnée de prudence, mais aussi parce que en y réfléchissant bien on verra que le motif du suicide est une peur folle, même chez ceux qui sont connus pour leur bravoure.

Prenez par exemple Caton d'Utique, qui se tua après la victoire de Jules César. Saint Augustin déclare dans son ouvrage De civitate Dei qu'en se suicidant Caton ne fit preuve d'aucune grandeur, d'aucune force de caractère, mais seulement de manque de résistance dans l'adversité. Il n'avait pas le courage d'assister au triomphe d'un autre ni de souffrir les malheurs qu'il pressentait. Ainsi, comme saint Augustin le prouve, cet acte horrible n'exige aucun courage. Il peut être causé par une imagination perverse, qui détourne du respect de soi-même. Dans ce cas, l'homme doit être ramené à la raison par de bons conseils, ou alors, cet acte est le fait d'un homme qui manque de force de caractère. Dans ce cas, ce qu'il lui faut c'est une solide consolation, un puissant réconfort. (...) Si nous nous trouvions devant un homme très pieux, comme le père dont parle Cassien, un homme connu pour son austérité, pour sa très grande vertu, ayant une vie spirituelle très profonde, et sujet à de nombreuses et étranges visions, si donc nous nous apercevions que cet homme nourrit secrètement des idées de suicide, nous devrions, avant d'agir pour l'empêcher de les mettre à exécution, étudier son caractère et ses comportements. (...)

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=832895