Une figure emblématique de résistance catholique : la princesse Pallavicini reçoit Mgr Lefebvre

Le Forum Catholique

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La Porte Latine -  2017-07-25 17:07:16

Une figure emblématique de résistance catholique : la princesse Pallavicini reçoit Mgr Lefebvre

Une figure emblématique de résistance catholique : la princesse Pallavicini reçoit Mgr Lefebvre



Il y a quarante ans avait lieu un événement historique : la conférence du 9 juin 1977 de Monseigneur Lefebvre au palais Pallavicini, à Rome, sur le thème « L’Église après le Concile ». Je crois utile d’évoquer cet événement, sur la base des notes et des documents que je conserve. Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (1970), après les ordinations sacerdotales du 29 juin 1976, le 22 juillet de la même année avait été suspendu a divinis.

De nombreux catholiques avertis émettaient de graves doutes sur la légitimité canonique de cette mesure. Surtout ils ne comprenaient pas l’attitude de Paul VI qui semblait vouloir réserver ses censures uniquement à ceux qui professaient vouloir rester fidèles à la Tradition de l’Église. Dans ce climat de désorientation, la princesse Elvina Pallavicini (1914-2004) décida, en avril 1977, d’inviter Mgr Lefebvre en son palais sur le Quirinal, pour écouter ses raisons.

La princesse Pallavicini avait 63 ans et était veuve depuis 1940 du prince Guglielmo Pallavicini de Bernis, tombé lors de sa première mission de guerre. Depuis de nombreuses années, elle vivait en fauteuil roulant, à cause d’une paralysie progressive, mais c’était une femme de tempérament indomptable. Elle avait autour d’elle un groupe d’amis et de conseillers, parmi lesquels le marquis Roberto Malvezzi Campeggi (1907-1979), colonel des Gardes Nobles pontificales au moment de la dissolution du corps (1970) et le marquis Luigi Coda Nunziante di San Ferdinando (1930-2015), commandant de la Marine militaire italienne. La nouvelle de la conférence, diffusée au mois de mai, ne suscita, au début, guère de préoccupations au Vatican.

Paul VI estimait en effet qu’il aurait été facile de convaincre la princesse de renoncer à son projet et il en confia la charge à un étroit collaborateur, “don Sergio” Pignedoli (1910-1980), créé cardinal en 1973. Le cardinal téléphona à la princesse avec un ton affectueux, s’informant tout d’abord de son infirmité. « Votre intérêt, après un si long silence, me fait plaisir », observa Elvina Pallavicini avec ironie. Après presque une heure de politesses, la demande du cardinal arriva enfin : «Je sais que vous recevrez Mgr Lefebvre. Est-ce pour une conférence publique ou privée ? » « Dans ma maison, cela ne peut être que privé » répliqua la princesse. Le cardinal se risqua alors : « Ne serait-ce pas opportun de l’annuler ? Mgr Lefebvre a tant fait souffrir le Saint Père, qui est très peiné de cette initiative... ». La réponse de Donna Elvina gela le cardinal Pignedoli. « Éminence, dans ma maison je crois pouvoir recevoir qui je désire recevoir. »

Face à cette résistance inattendue, le Vatican se tourna vers le prince Aspreno Colonna (1916-1987), qui avait encore, ad personam, la charge d’assistant au Trône pontifical. Quand le chef de l’ancienne famille demanda à être reçu, la princesse lui fit savoir qu’elle était occupée. Le prince Colonna demanda audience pour le jour suivant à la même heure mais la réponse de la noble femme fut la même. Tandis que le prince se retirait dignement, la Secrétairerie d’État s’adressa à d’autres dignitaires. Mgr Andrea Lanza Cordero di Montezemolo, tout juste consacré archevêque et nommé nonce en Papouasie-Nouvelle Guinée demanda audience à la princesse.

Le prélat était le fils du colonel Giuseppe Cordero Lanza di Montezemolo (1901-1944), chef de la Résistance monarchique à Rome, fusillé par les Allemands aux Fosses Ardéatines. Pendant l’occupation allemande, la jeune princesse Elvina avait collaboré avec lui, ce qui lui avait valu d’être décorée de la médaille de bronze de la valeur militaire. Je participais moi-aussi au colloque mais ma présence agaça grandement le futur cardinal, qui en vain fit appel à la mémoire de son père pour empêcher l’imminente conférence. Au nonce il fut rappelé que cette résistance de tant de militaires au national-socialisme témoignait combien il est nécessaire parfois de désobéir aux ordres injustes des supérieurs pour respecter les préceptes de sa propre conscience.

La Secrétairerie d’État joua alors son va-tout, en se tournant vers le roi d’Italie en exil à Cascais, Umberto II. Le marquis Falcone Lucifero, ministre de la Maison Royale téléphona à la princesse pour lui faire savoir que le Souverain la priait vivement d’annuler la conférence : « Je suis stupéfaite que Sa Majesté se laisse intimider par la Secrétairerie d’État, après tout ce que le Vatican a fait contre la monarchie» répondit-elle avec fermeté, en réaffirmant que la conférence aurait lieu ponctuellement à la date fixée.

Le marquis Lucifero, en gentilhomme qu’il était, fit envoyer à la princesse un bouquet de roses. A ce point là le Vatican décida de passer aux manières fortes. Il commença sur les principaux quotidiens italiens une véritable campagne de terrorisme psychologique pour présenter la princesse comme une aristocrate têtue, entourée de quelques nostalgiques d’un monde destiné à disparaître. En privé on fit savoir à Donna Elvina que, si la conférence devait avoir lieu, elle serait excommuniée.

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Lire l'intégralité de cet article ici sans oublier le post de notre cher CM de La Rocca du 9 juillet 2015

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