Le discours de Ratisbonne: 10 ans après

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Chicoutimi -  2017-07-16 09:17:40

Le discours de Ratisbonne: 10 ans après

Un article publié sur Dreuz.info:

Il y a dix ans, le pape Benoît XVI face à la violence de l’islam

Par l'Abbé Alain Arbez le 16 juillet 2017

''Les chrétiens sont depuis des décennies le groupe religieux le plus persécuté, particulièrement en Orient.

Après plusieurs massacres significatifs de chrétiens par des musulmans, le pape Benoît XVI apportait cette clarification : « on ne peut pas utiliser la violence au nom de Dieu ! » Et il ajoutait : « Les religions devraient inciter à un usage correct de la RAISON et promouvoir des valeurs éthiques ».

Depuis longtemps, le pape Benoît XVI exigeait officiellement des changements fondamentaux dans les rapports musulmans-chrétiens. Mais dans cette déclaration il insista surtout pour mettre en évidence le fait qu’un Dieu qui pousse à tuer en son nom ne peut être qu’une idole repoussante. C’est pourtant du dieu de l’islam qu’il s’agit…

Ce discours apparaît comme le prolongement de la brillante démonstration que le pape a présentée dans l’aula de Ratisbonne en 2006 et dont il a conclu la thématique lors de son allocution aux Bernardins à Paris en 2008. Il y a en effet un lien entre les deux événements, et ainsi s’approfondit la même analyse. C’est un fait : Benoît XVI a eu le courage de montrer combien le refus islamique d’associer la raison à une démarche prétendument religieuse fait peser une grave menace sur nos libertés et notre sécurité. Les multiples faits sanglants le démontrent.

Pour étayer sa démonstration, à l’Université de Ratisbonne, lors de cette fameuse conférence de 2006, le pape cite un célèbre passage du 16ème siècle relatant l’entretien entre l’empereur orthodoxe Manuel II Paléologue et un musulman cultivé :


« L’empereur connaissait les dispositions développées et fixées dans le coran à propos de la guerre sainte. Il dit avec rudesse à son interlocuteur musulman : montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme sa mission de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ».



Cette citation volontairement isolée de son contexte par les médias suscita aussitôt dans le monde musulman un embrasement inimaginable. Les médias occidentaux s’en emparèrent avec délectation. Unanimes dans leur fureur, les dirigeants marocain, palestinien, malaisien, iranien, insultèrent grossièrement le pape, évidemment sans même avoir lu le discours, puisque pas encore traduit! La rue musulmane explosa de rage, on brûla l’effigie de Benoît XVI, une religieuse dévouée aux autochtones depuis trente ans fut assassinée en Somalie, aux cris de Allah ouakbar on incendia plusieurs églises dans les Territoires palestiniens, en Iraq et en Inde.

Or Benoît XVI donnait dans son exposé historico-théologique une clé de lecture critique générale, avec l’intention de l’appliquer à toutes les religions (christianisme y compris) : violenter au nom de Dieu est inacceptable, car Dieu a un lien avec la raison.

Comment poser autrement les bases d’un dialogue entre civilisations qui puisse se fonder sur des relations ouvertes à l’altérité?

En citant le Paléologue, Benoît XVI voulait rappeler un constat historique indéniable : Mahomet a prêché sa foi par l’épée, il a plus été chef de guerre que chef religieux.

La préoccupation majeure du pape part d’un constat lucide de sa part : la situation du monde contemporain, en fonction de laquelle il dénonce la vision théocratique de l’islam, concept absolutiste de Dieu qui autorise à violenter au nom du divin.

La grande différence, entre islam et christianisme c’est que les textes fondateurs musulmans ne disent pas la même chose que les textes judéo-chrétiens. En islam, le rapport religion-violence est particulièrement imbriqué, et il suffit de lire le coran et les hadiths, mais aussi les biographes musulmans de Mahomet (Mouslim, Boukhari, etc) pour s’en convaincre.

Face à ce dilemme, Benoît XVI affirme avec conviction que si Dieu s’est mis en relation avec l’être humain doué de raison, la religion ne doit en aucun cas servir de caution et d’alibi à la violence. Pour étayer philosophiquement cette approche, le pape insiste sur la dimension hellénistique de la raison : il estime que si l’on structure la pensée religieuse en lui offrant des outils conceptuels de discernement, on lui évite toutes les déviances.

En effet, une foi authentique ne peut se propager par la violence car elle est le fruit de l’âme, or l’âme est raisonnable, c’est-à-dire capable de réflexion et de dialogue. Dans sa Révélation, Dieu s’est rendu intelligible à l’homme raisonnable, et la raison devrait donc jouer son rôle dans la compréhension humaine de la volonté de Dieu et de ses commandements bénéfiques. Le Paléologue, élevé dans la philosophie grecque, dit le pape, proclame le lien entre la raison et la foi dans le but de contester formellement la démarche islamique et ses injonctions belliqueuses coupées de toute réflexion éthique.

C’est aussi ce que confirme El Tayeb Houdaïfa, un chroniqueur de La vie Eco, lorsqu’il écrit que la période islamique du 7ème siècle fut « trop préoccupée par les conquêtes d’expansion militaire et pas assez par l’usage de la raison ». Il y eut dès le début des assassinats successifs pour la succession dynastique de Mahomet (Omar, Othman, Ali). C’est ce qui donna lieu à la rivalité séculaire entre sunnites et chiites, qui s’affirme de plus en plus avec l’axe Iran-Liban. El Tayeb Houdaïfa enfonce le clou : « l’après-prophète s’illustra plus par l’empire de la déraison que par le gouvernement de la raison ».

(...)

Pour le pape Benoît, le Dieu de la Bible, contrairement au dieu du coran, est un Dieu de l’alliance, un Dieu ami des hommes, en relation avec le peuple des croyants, non pour faire peser sur lui des observances et des interdits, mais par amour.

Dieu est père de son peuple et de chacun de ses membres. Or, le mot amour n’existe pas dans le coran et le mot tuer y est plus présent que le mot prier. L’esprit du coran s’oppose frontalement aux croyances bibliques des chrétiens. Considérer Dieu comme père est une abomination absolue, le shirk. Il n’y a pas de péché, donc pas de rédemption, et Jésus n’est pas mort en croix. Les hadiths précisent même que Issa (Jésus, prophète de l’islam) reviendra à la fin des temps pour « briser les croix et tuer les porcs »…

Dans son discours, si le pape faisait remarquer que la théologie judéo-chrétienne bénéficie de l’outil grec de la pensée, c’est pour souligner expressément que la raison entre en ligne de compte dans l’expression de la foi, telle qu’issue de la bible hébraïque. Le pape refuse donc que l’on propose une foi biblique déconnectée de la raison, y compris dans les parties du monde où règnent d’autres cultures ; rien ne serait pire qu’une foi exemptée de sa dimension grecque de rationalité et de sa dimension juive de spiritualité.

Pour Benoît XVI, il convient de ne pas déshelléniser la réflexion chrétienne, comme il convient de ne pas déjudaïser la foi en amputant sa spiritualité de l’ancien testament.

Le discours de Ratisbonne nous pose ainsi des questions salutaires : en réaffirmant qu’on ne peut pas dire ou faire n’importe quoi « au nom de Dieu », Benoît XVI oriente son propos vers les dangers grandissants du fanatisme religieux ou pseudoreligieux. Il rassure en même temps les tenants de la laïcité sur le fait que la religion bien comprise ne peut pas être déraisonnable, même si elle n’a pas à se laisser enfermer dans les limites restrictives du rationnel.

Certains diront qu’il faut distinguer entre islam et islamisme. Selon eux, l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam vrai, religion de paix et d’amour, religion tolérante et créatrice. Le radicalisme islamique ne serait qu’une perversion du véritable islam. C’est la fameuse distinction entre fanatiques et modérés, mais le problème, c’est que l’islam en lui-même – dès ses premiers pas – n’est pas modéré, et il n’y a qu’une différence de degré et non pas de nature entre radicaux et modérés. C’est un fait que les arguments des terroristes musulmans s’alimentent au coran lui-même.

(...)

Reproduction autorisée avec la mention suivante :
© Abbé Alain René Arbez prêtre à Genève, pour Dreuz.info.


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