Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

Le Forum Catholique

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ami de la Miséricorde -  2017-04-03 08:54:44

Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

JEUDI
Méditation sur le couronnement d'épines, sur l’Ecce Homo,
sur Notre-Seigneur portant sa croix et rencontrant sa sainte Mère


(...) Ô mon âme, que fais-tu ? Ô mon cœur, que penses-tu ? Et toi, ma langue, comment es-tu muette ? Ô mon très-doux Sauveur, lorsque j'ouvre les yeux et que j'aperçois le tableau si douloureux que me présente ce mystère, je sens mon cœur se briser. Eh quoi ! Seigneur, n'était-ce donc pas assez des coups de fouet de la colonne, de votre mort prochaine, et de tant de sang répandu ? Fallait-il encore que les épines fissent violemment couler le sang qu'avait épargné la flagellation ! Ô mon âme, pour sentir un peu ce mystère de douleur, rappelle-toi d'abord l'image de cet adorable Maître avant sa passion, la souveraine excellence de ses vertus, et considère ensuite l'état où il est ici réduit. Oui, commence par contempler la grandeur de sa beauté, la modestie de ses yeux, la douceur de ses paroles, son autorité, sa mansuétude, sa sérénité et cet air divin qui commande tant de respect ; puis, quand tu auras ainsi reposé tes regards sur une figure si achevée, et que tu te seras enivrée de cette vue, viens considérer ton adorable Maître tel qu'il se montre ici, couvert de ce lambeau dérisoire de pourpre, le roseau pour sceptre royal à la main, cet horrible diadème sur la tête ; contemple ces yeux presque éteints, ce visage d'un mort, cette figure toute couverte de sang et salie par les crachats que ces misérables n'ont pas eu horreur de vomir contre lui. Considère-le bien tout entier, et au dedans et au dehors, le cœur traversé par les douleurs comme par un glaive, et le corps partout sillonné de blessures. Vois ton doux Maître abandonné de ses disciples, poursuivi par les Juifs, servant de jouet aux soldats, méprisé des pontifes, renvoyé avec dédain par un roi inique, accusé injustement, et destitué de tout appui humain. Ne considérez point cela comme une chose passée, mais comme présente, non comme une douleur étrangère, mais comme votre propre douleur. Mettez-vous vous-même à la place de celui qui souffre, et faites-vous une idée de ce que l'on vous ferait souffrir si, à un endroit aussi sensible que la tête, on enfonçait des épines nombreuses et aiguës qui pénétrassent jusqu'aux os. Que dis-je, des épines ? Quand ce ne serait qu'une piqûre d'épingle, à peine pourriez-vous l'endurer. Que devait donc souffrir cette tête de la plus délicate organisation qui fut jamais, quand on lui faisait endurer un tel genre de tourment ? Après que les épines ont été ainsi enfoncées autour de la tête du Sauveur, après qu'il a servi de jouet, le juge le prend par la main, et, dans l'horrible état où il est réduit, il le montre aux yeux du peuple transporté de fureur, et leur dit : Ecce Homo, voilà l'Homme, comme s'il disait : Si c'est par envie que vous demandiez sa mort, le voilà maintenant dans un état qui n'excite plus la jalousie, mais la compassion ; vous aviez peur qu'il ne se fît roi : le voilà si défiguré, qu'à peine il paraît un homme. Qu'avez-vous à craindre de ces mains liées ? Cet homme a été battu de verges, que demandez-vous de plus de lui ?(...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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