Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

ami de la Miséricorde -  2017-04-01 08:59:59

Traité de l’oraison et de la méditation de Saint Pierre d'Alcantara

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

MERCREDI
Méditation sur les outrages faits à Notre-Seigneur dans la maison de Caïphe,
sur le reniement de saint Pierre et sur la flagellation


(...) Les tourments de cette nuit douloureuse s'accrurent encore par le reniement de saint Pierre. Cet ami qui vivait dans une si intime familiarité avec le Sauveur, ce disciple choisi pour être témoin de la gloire de la transfiguration ; lui, honoré par-dessus tous les autres, par la primauté dans l'Église ; c'est lui qui, le premier de tous, non pas une, mais trois fois, en présence du Seigneur lui-même, jure et atteste par un faux serment qu'il ne le connaît point, et qu'il ne sait point qui il est. Ô Pierre, est-il donc un si méchant homme, Celui qui est là, que ce soit à tes yeux une si grande honte même de l'avoir connu ? Entends-le bien ! Par une telle conduite, le premier, tu portes contre lui la sentence de condamnation, avant les pontifes eux-mêmes, car tu fais naître la pensée que ton Maître est tel, que c'est un déshonneur pour toi seulement de le connaître. Peut-il y avoir une plus grande injure que celle-là ? Ce fut alors que le Sauveur se tourna, qu'il regarda Pierre, et que ses yeux rappelèrent cette brebis qui s'était perdue. Ô regard de mystérieuse puissance ! Ô regard silencieux, mais divinement expressif ! Pierre sut entendre ce langage et cette voix : le chant du coq n'avait pu le réveiller ; mais, à la voix de ce regard, il sort de son sommeil. Non-seulement les yeux de Jésus-Christ parlent, mais ils opèrent ; les larmes de Pierre en sont la preuve, larmes fortunées qui ne coulèrent pas tant des yeux de Pierre que des yeux de Jésus-Christ.

Après toutes ces injures, considérez les coups de verge que le Sauveur endura à la colonne. Le juge, voyant qu'il ne pouvait apaiser la furie de ces bêtes féroces possédées de la haine de l'enfer, résolut de faire subir à ce très doux Agneau un si effroyable châtiment, que la rage de ces cœurs si cruels en fût enfin satisfaite ; il espérait que, contents de cela, ils ne demanderaient plus sa mort. Entre maintenant, ô mon âme, entre en esprit dans le prétoire de Pilate. Prépare-toi à répandre des larmes, car il en faut, et beaucoup, pour ce que tu vas voir et entendre. Regarde comme ces cruels et vils bourreaux dépouillent le Sauveur de ses habits, avec la dernière inhumanité, et comme il se les laisse enlever avec une ineffable humilité, sans ouvrir la bouche ni répondre une seule parole à tant d'insultants traitements dont il était l'objet. Regarde comment bientôt ils attachent ce saint corps à une colonne, afin de pouvoir le blesser à plaisir, là où ils voudraient, et de la manière qu'ils voudraient. Vois combien était seul le Seigneur des anges au milieu de si cruels bourreaux, n'ayant ni protecteurs, ni défenseurs qui se déclarassent pour lui, ne rencontrant pas même des yeux dans lesquels il pût lire un sentiment de compassion. (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=825014