Voilà donc des évêques qui se font les apologistes d’un tel système : ils déclarent se mettre religieusement à l’écoute et à la remorque d’exigences modernes et de signes des temps manifestés par la jeunesse avant qu’elle ait reçu enseignement et éducation.
À cette jeunesse est conféré le privilège que Molière réservait à ses faux nobles et à ses précieuses ridicules, celui de « savoir tout sans avoir rien appris ». Au vrai, s’imaginer tout savoir avant d’avoir appris rien est la tentation de la jeunesse de tous les temps. Elle la surmonte assez bien si l’on y tient la main. Que si au contraire ses éducateurs eux-mêmes l’y renfoncent, et au nom du christianisme authentique, des signes des temps, du souffle de l’Esprit, alors elle est bien excusable d’y succomber entièrement, et d’abord dans vos séminaires (je veux dire dans ce qu’il en reste). Seulement, c’est la définition même de la barbarie : quand les générations précédentes renoncent ou échouent à transmettre aux générations suivantes le patrimoine moral de l’humanité.