Sur la critique de 45 théologiens envers Amoris Laetitia ?

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La Favillana -  2016-08-18 00:06:34

Sur la critique de 45 théologiens envers Amoris Laetitia ?

Lu sur le blog de l'Homme Nouveau :

"La publication de l’exhortation post-synodale Amoris lætitia a entraîné beaucoup de discussions et de réactions, notamment en raison de certains passages que certains ont estimé incompatibles avec l’enseignement antérieur sur le mariage. Une information digne de foi avait fait connaître que 45 théologiens et personnalités avaient adressé au Doyen du Sacré Collège, le cardinal Sodano, et à tous les cardinaux et patriarches de l’Église, un document concernant l’exhortation apostolique Amoris lætitia. Considérant la confusion causée dans l’Église par l’Exhortation, en raison de son désaccord apparent avec un certain nombre d'enseignements sur la foi et la morale, ces signataires s’étaient sentis obligés en conscience de dire publiquement aux autorités hiérarchiques que cette situation posait un grave danger pour les âmes (cf. saint Thomas, sur le devoir pour les inférieurs de corriger leurs supérieurs publiquement quand il y a un danger imminent pour la foi, Somme de Théologie, IIa IIae q 33 a 4, et Canon 212, §3).

De quoi s'agit-il exactement ?

Ce document n’était pas destiné à être rendu public. Il s’adressait légitimement aux autorités de l’Église en leur demandant d’intervenir. Ce texte, qui n’était donc pas une lettre ouverte, a cependant fait l’objet d’une fuite dans le journal australien The Australian. Plusieurs sites et publications en ont parlé par la suite, le publiant en tout ou en partie. Pour le public français, il a semblé bon de le faire connaître pour qu’un jugement puisse s’effectuer à partir d’une vision non tronquée du texte et des signataires. Ces derniers ont organisé leur texte en citant les passages de l'exhortation qu'ils mettent en cause, puis en indiquant le degré d'erreur et en citant les références des textes du magistère antérieur sur lesquels ils s'appuient. Prenant acte du fait que l’Exhortation ne se présente pas comme un texte ayant autorité magistérielle, les théologiens signataires estiment que l'on trouve dans l’Exhortation 11 propositions qu’ils qualifient d’hérétiques et 8 propositions qu’ils estiment fausses et scandaleuses, à tout le moins tels que les termes de l’Exhortation peuvent être compris par un lecteur moyen, prout sonant, selon l’expression technique, c’est-à-dire sans tordre le sens des mots. Le but des signataires était de demander à ces hauts prélats d’exhorter le Pape à remédier à cette situation en condamnant par un acte juridique ces propositions, dans le sens où elles apparaissent à tous. . Nous publions donc cette étude à titre de document et d'information.




Censures théologiques de propositions tirées de l’exhortation apostolique Amoris lætitia

A) Propositions hérétiques

1) AL 83 : « L’Église « rejette fermement la peine de mort » [Relation finale, 64] »

Comprise comme signifiant que la peine de mort est toujours et partout injuste en soi et par conséquent ne peut jamais être infligée à bon droit par l’État :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Perniciosa.

Gn 9, 6 : « Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé. Car à l’image de Dieu l’homme a été fait. »
Voir aussi : Lv 20-21 ; Dt 13, Dt 21-22 ; Mt 15, 4 ; Mc 7, 10, Rm 13, 4 ; Hb 10, 28 ; Innocent Ier, Lettre à Exupère, PL 120, 499A-B ; Innocent III, Profession de foi prescrite aux Vaudois, DH 795 ; Pie V, Catéchisme du concile de Trente, commentaire du 5e commandement ; Pie XII, Adresse au 1er congrès international d’histopathologie du système nerveux, AAS 44 (1952) 787 ; Jean-Paul II, Catéchisme de l’Église catholique, 2267.

2) AL 156 : « Il est important d’être clair sur le rejet de toute forme de soumission sexuelle. »

Comprise non pas simplement comme niant à la femme une obéissance servile à son mari ou au mari d’exercer à l’égard de sa femme une autorité semblable à l’autorité parentale, mais niant que le mari ait la moindre forme d’autorité sur sa femme, ou niant que la femme ait aucun devoir d’obéir aux demandes légitimes de son mari en vertu de son autorité en tant que mari :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Prava, perniciosa

Eph 5, 24 : « Or l’Église se soumet au Christ ; les femmes doivent donc, et de la même manière, se soumettre en tout à leurs maris. »
Voir aussi : 1 Cor 11, 3 ; Col 3, 18 ; Tt 2, 3-5 ; 1 P 3, 1-5 ; Pie V, Catéchisme du concile de Trente, commentaire sur le sacrement de mariage ; Léon XIII, Arcanum, ASS 12 (1879) 389 ; Pie XI, Casti connubii, AAS 22 (1930) 549 (DH 3708-3709) ; Jean XXIII, Ad Petri cathedram, AAS 51 (1959) 509-510.

3) AL 159 : « Saint Paul recommandait la virginité parce qu’il espérait un rapide retour de Jésus-Christ, et il voulait que tous se consacrent seulement à l’évangélisation : « le temps se fait court » (1 Co 7, 29). […] Au lieu de parler de la supériorité de la virginité sous tous ses aspects, il serait plutôt opportun de montrer que les différents états de vie se complètent, de telle manière que l’un peut être plus parfait en un sens, et que l’autre peut l’être d’un autre point de vue. »

Comprise comme niant que l’état de vie virginal consacré au Christ est, considéré en soi, supérieur à l’état de mariage chrétien :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Perniciosa, suspensiva gravis resolutionis

Concile de Trente, session 24, canon 10 : « Si quelqu’un dit que l’état du mariage doit être placé au-dessus de l’état de virginité ou de célibat, et qu’il n’est ni mieux ni plus heureux de rester dans la virginité ou le célibat que de contracter mariage : qu’il soit anathème. » (DH 1810)
Voir aussi : Mt 19, 12 et 21 ; 1 Cor 7, 7-8, 38 ; 2 Th 2, 1-2 ; Ap 14, 4 ; Concile de Florence, Décret pour les Jacobites, DH 1353 ; Pie X, Réponse de la Commission biblique, DH 3629 ; Pie XII, Sacra virginitas, AAS 46 (1954) 174 ; 2e concile du Vatican, Décret Optatam totius, 10.

4) AL 295 : « Saint Jean-Paul II proposait ce qu’on appelle la ‘‘loi de gradualité’’, conscient que l’être humain « connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d’une croissance ».[Familiaris consortio, 34] Ce n’est pas une ‘‘gradualité de la loi’’, mais une gradualité dans l’accomplissement prudent des actes libres de la part de sujets qui ne sont dans des conditions ni de comprendre, ni de valoriser ni d’observer pleinement les exigences objectives de la loi. »

AL 301 : «Il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les « valeurs comprises dans la norme » [Familiaris consortio, 33] ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute. »

Comprise comme signifiant qu’une personne justifiée n’a pas la force avec la grâce de Dieu de s’acquitter des exigences objectives de la loi divine, comme si les commandements de Dieu étaient impossibles aux justifiés ; ou comme signifiant que la grâce de Dieu, lorsqu’elle produit la justification dans un individu, ne produit pas invariablement et de soi l’aversion pour tous les péchés graves, ou ne produit pas assez d’aversion pour tous les péchés graves :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Impia, blasphema

Concile de Trente, session 6, canon 18 : « Si quelqu’un dit que les commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l’homme justifié et établi dans la grâce : qu’il soit anathème. » (DH 1568)
Voir aussi : Gn 4, 7 ; Dt 30, 11-19 ; Sir 15, 11-12 ; Mc 8, 38 ; Lc 9, 26 ; Hb 10, 26-29 ; 1 Jn 5, 17 ; Zosime, 15e (ou 16e) synode de Carthage, canon 3, sur la grâce, DH 225 ; Félix III, 2e synode d’Orange, DH 397 ; Concile de Trente, session 5, canon 5 ; session 6, canons 18-20, 22, 27 et 29 ; Pie V, Bulle Ex omnibus afflictionibus, sur les erreurs de Baïus, 54 (DH 1954) ; Innocent X, Constitution Cum occasione, sur les erreurs de Jansénius, 1 (DH 2001) ; Clément XI, Constitution Unigenitus, sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71 (DH 2471) ; Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia, 17, AAS 77 (1985) 222 ; Veritatis splendor, 65-70, AAS 85 (1993) 1185-1189 (DH 4964-4967).

5) AL 297 : « Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile ! »

Comprise comme signifiant qu’aucun être humain ne peut ou ne sera condamné au châtiment éternel dans l’enfer :
i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Scandalosa, perniciosa.

Mt 25, 46 : Et ils s’en iront, ceux-ci, à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle. »
Voir aussi : Mt 7, 22-23 ; Lc 16, 26 ; Jn 17, 12 ; Ap 20, 10 ; 16e synode de Tolède (DH 574) ; 4e concile du Latran, DH 801 ; Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, DH 1002 ; Concile de Florence, Décret Laetentur caeli, DH 1306 ; Jean-Paul II, Lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Recentiores episcoporum, AAS 71 (1979) 941 ; Catéchisme de l’Église catholique, 1033-1037.

6) AL 299 : « J’accueille les considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui sont voulu signaler que « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale. La logique de l’intégration est la clef de leur accompagnement pastoral, afin que non seulement ils sachent qu’ils appartiennent au Corps du Christ qu’est l’Église, mais qu’ils puissent en avoir une joyeuse et féconde expérience. Ce sont des baptisés, ce sont des frères et des sœurs, l’Esprit Saint déverse en eux des dons et des charismes pour le bien de tous. […] Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Évangile. »

Comprise comme signifiant que les personnes divorcées et remariées civilement qui choisissent leur situation avec pleine connaissance de cause et plein consentement du vouloir ne sont pas en état de péché grave et qu’elles peuvent recevoir la grâce sanctifiante et croître en charité :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Scandalosa, prava, perversa.

Mc 10, 11-12 : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. »
Voir aussi : Ex 20, 14 ; Mt 5, 32 ; Lc 16, 18 ; 1 Cor 7, 10-11 ; Hb 10, 26-29 ; Concile de Trente, session 6, canons 19-21, 27 (DH 1569-1571, 1577) ; session 24, canons 5 et 7 (DH 1805, 1807) ; Innocent XI, Propositions condamnées des « laxistes », 62-63 (DH 2162-2163) ; Alexandre VIII, Décret du Saint-Office sur le « péché philosophique », DH 2291 ; Jean-Paul II, Veritatis splendor, 65-70, AAS 85 (1993) 1185-1189 (DH 4964-4967).

7) AL 301 : « il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les « valeurs comprises dans la norme » [Familiaris consortio, 33] ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute. »

Comprise comme signifiant qu’un croyant catholique peut avoir pleine connaissance de la loi divine et choisir volontairement de l’enfreindre dans une matière grave, mais ne pas être en état de péché mortel en conséquence de son action :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Prava, perversa.

Concile de Trente, session 6, canon 20 : « Si quelqu’un dit que l’homme justifié, aussi parfait qu’il soit, n’est pas tenu d’observer les commandements de Dieu et de l’Église, mais seulement de croire, comme si l’Evangile était une pure et simple promesse de la vie éternelle dans la condition d’observer les commandements : qu’il soit anathème . » (DH 1570)
Voir aussi : Mc 8, 38 ; Lc 9, 26 ; Hb 10, 26-29 ; 1 Jn 5, 17 ; Concile de Trente, session 6, canons 19 et 27 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71 (DH 2471) ; Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia, 17, AAS 77 (1985) 222 ; Veritatis splendor, 65-70, AAS 85 (1993) 1185-1189 (DH 4964-4967).

8) AL 301 : « il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les « valeurs comprises dans la norme » [Familiaris consortio, 33] ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute. »

Comprise comme disant qu’une personne ayant pleine connaissance de la loi divine peut pécher en choisissant d’obéir à cette loi :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Prava, perversa.

Ps 18, 8 : « La loi du Seigneur est parfaite, qui convertit les âmes. »
Voir aussi : Sir 15, 21 ; concile de Trente, session 6, canon 20 ; Clément XI, Constitution Unigenitus, sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71 (DH 2471) ; Léon XIII, Libertas praestantissimum, ASS 20 (1887-1888) 598 (DH 3248) ; Jean-Paul II, Veritatis splendor, 40, AAS 85 (1993) 1165 (DH 4953).

9) AL 303 : « La conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. »

Comprise comme signifiant que la conscience peut authentiquement juger que les actes condamnés par l’Evangile, et en particulier les actes sexuels entre catholiques remariés civilement après un divorce, peuvent parfois entre moralement justes ou requis ou exigés par Dieu :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Scandalosa, prava, perversa, perniciosa, impia, blasphema.

Concile de Trente, session 6, canon 21 : « Si quelqu’un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur, à qui obéir : qu’il soit anathème. » (DH 1571)
Concile de Trente, session 24, canon 2 : « Si quelqu’un dit qu’il est permis aux chrétiens d’avoir en même temps plusieurs épouses, et que cela n’a été défendu par aucune loi divine : qu’il soit anathème. » (DH 1802)
Concile de Trente, session 24, canon 5 : « Si quelqu’un dit que le lien du mariage peut être rompu en raison de l’hérésie, ou bien d’une vie en commun insupportable, ou bien en l’absence voulue d’un conjoint : qu’il soit anathème. » (DH 1805)
Concile de Trente, session 24, canon 7 : « Si quelqu’un dit que l’Église se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à l’enseignement de l’Evangile et de l’Apôtre, que le lien du mariage ne peut pas être rompu par l’adultère de l’un des époux, et que ni l’un ni l’autre, même l’innocent qui n’a pas donné motif à l’adultère, ne peut, du vivant de l’autre conjoint, contracter un autre mariage ; qu’est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé l’adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé l’adultère : qu’il soit anathème. » (DH 1807)
Voir aussi : Ps 5, 5 ; Ps 18, 8-9 ; Sir 15, 21 ; Hb 10, 26-29 ; Jc 1, 13 ; 1 Jn 3, 7 ; Innocent XI, Propositions condamnées des « laxistes », 62-63 (DH 2162-2163) ; Clément XI, Constitution Unigenitus, sur les erreurs de Pasquier Quesnel, 71 (DH 2471) ; Léon XIII, Libertas praestantissimum, ASS 20 (1887-1888) 598 (DH 3248) ; Pie XII, Décret du Saint-Office sur la morale de situation, DH 3918 ; 2e concile du Vatican, Constitution pastorale Gaudium et spes, 16 ; Jean-Paul II, Veritatis splendor, 54, AAS 85 (1993) 1177 ; Catéchisme de l’Église catholique, 1786-1787.

10) AL 304 : « Je demande avec insistance que nous nous souvenions toujours d’un enseignement de saint Thomas d’Aquin, et que nous apprenions à l’intégrer dans le discernement pastoral : « Bien que dans les principes généraux, il y ait quelque nécessité, plus on aborde les choses particulières, plus on rencontre de défaillances […]. Dans le domaine de l’action, au contraire, la vérité ou la rectitude pratique n’est pas la même pour tous dans les applications particulières, mais uniquement dans les principes généraux ; et chez ceux pour lesquels la rectitude est identique dans leurs actions propres, elle n’est pas également connue de tous […]. Plus on entre dans les détails, plus les exceptions se multiplient ». [Somme Théologique Ia-IIae, q. 94, a. 4] Certes, les normes générales présentent un bien qu’on ne doit jamais ignorer ni négliger, mais dans leur formulation, elles ne peuvent pas embrasser dans l’absolu toutes les situations particulières. »

Comprise comme signifiant que les principes moraux et les vérités morales contenus dans la révélation divine et dans la loi naturelle n’incluent pas des dispositions négatives qui interdisent absolument certaines sortes d’actes en toutes circonstances :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Scandalosa, prava, perversa.

Jean-Paul II, Veritatis splendor, 115 : « Chacun de nous sait l’importance de la doctrine qui constitue l’essentiel de l’enseignement de la présente encyclique et qui est rappelée aujourd’hui avec l’autorité du Successeur de Pierre. Chacun de nous peut mesurer la gravité de ce qui est en cause, non seulement pour les individus, mais encore pour la société entière, avec la réaffirmation de l’universalité et de l’immutabilité des commandements moraux, et en particulier de ceux qui proscrivent toujours et sans exception les actes intrinsèquement mauvais. » (DH 4971)
Voir aussi : Rm 3, 8 ; 1 Cor 6, 9-10 ; Gal 5, 19-21 ; Ap 22, 15 ; 4e concile du Latran, chapitre 22 (DH 815) ; Concile de Constance, Bulle Inter cunctas, 14 (DH 1254) ; Paul VI, Humanae vitae, 14, AAS 60 (1968) 490-491 ; Jean-Paul II, Veritatis splendor, 83, AAS 85 (1993) 1199 (DH 4970).

11) AL 308 : « Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, « ne renonce pas au bien possible, même [si elle] court le risque de se salir avec la boue de la route ». [Evangelii gaudium, 45] »

Comprise comme signifiant que notre Seigneur Jésus-Christ veut que l’Église abandonne sa discipline pérenne de refuser l’eucharistie aux divorcés remariés et de refuser l’absolution aux divorcés remariés qui n’expriment pas une contrition expresse de leur état de vie et un ferme propos d’amendement à son égard :

i) Haeretica, sacrae Scripturae contraria.

ii) Scandalosa, prava, perversa, perniciosa, impia, blasphema.

1 Cor 11, 27 : « Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. »
Jean-Paul II, Familiaris consortio, 84 : « La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par l’exemple l’éducation des enfants –, remplir l’obligation de la séparation, "ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux". »
2e concile du Latran, canon 22 : « Parmi d’autres, une chose trouble profondément la sainte Église : la fausse pénitence ; nous demandons donc à nos frères dans l’épiscopat et aux prêtres de ne pas souffrir que les âmes des laïcs soient trompées par les fausses pénitences et ainsi enchaînées en enfer. Il appert qu’il y a fausse pénitence lorsque, méprisant la plupart des péchés, on ne fait pénitence que d’un seul, ou lorsqu’on ne le fait que d’un seul sans renoncer à un autre. » (DH 717)
Voir aussi : Mt 7, 6 ; Mt 22, 11-13 ; I Cor 11, 28-30 ; Hb 13, 8 ; Concile de Trente, session 14, Décret sur la pénitence, chapitre 4 ; session 13, Décret sur la très sainte Eucharistie (DH 1646-1647) ; Innocent XI, Propositions condamnées des « laxistes », 60-63 (DH 2160-2163) ; Jean-Paul II, Catéchisme de l’Église catholique, 1385, 1451, 1490.

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