“Un curieux incident”

Le Forum Catholique

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Vianney -  2015-08-31 10:54:36

“Un curieux incident”

Un curieux incident

Selon l’Osservatore Romano (édition en langue allemande) du 22 septembre 1978, Jean-Paul Ier s’était adressé cinq jours plus tôt, le 17septembre, aux enseignants et élèves d’Italie. C’était au cours de son homélie de l’Angélus. Jean-Paul Ier avait proposé aux maîtres comme “exemple classique d’abnégation et de dévouement à l’enseignement” l’ancien professeur à l’université de Bologne : Giosué CARDUCCI.

Cette nouvelle, qui ne semble pas avoir provoqué de nombreux commentaires, mérite pourtant quelques instants d’attention. Qui était CARDUCCI et à quel titre a-t-il été cité en exemple par un pape plutôt que saint Jean Bosco, notamment, qui n’était que de vingt ans son aîné ?

CARDUCCI (1835-1907) fut un poète italien et, comme tel, il exerça une grande influence sur la littérature de son pays, mais il fut aussi autre chose. Il fonda à Bologne deux loges maçonniques. Il était en outre titulaire d’un grade élevé dans la célèbre loge romaine “Propaganda Massonica”, connue pour être l’“Antivatican”. Ce n’est pas tout. Toute sa production littéraire est inspirée par un nationalisme fougueux et aucun sujet ne l’inspira jamais qui ne fût strictement italien. Deux exceptions toutefois : il a fallu qu’il chante la Révolution française en une série de douze sonnets intitulés : “Ça ira” ; et il composa un “Hymne à Satan” de quarante quatrains qui sont une série ininterrompue de blasphèmes contre la Sainte Eucharistie et d’injures contre l’Église.

Encore un mot sur l’“Hymne à Satan”. L’ange rebelle y reçoit hommage pour ses bienfaits et réparation pour les calomnies dont on ne cesse de l’accabler. Le morceau est tellement gratiné que ses huit dernières strophes sont entrées au répertoire maçonnique italien comme chant solennel.

Alors, la deuxième question que nous posions ci-dessus prend toute sa signification. Pourquoi Jean-Paul Ier a-t-il préféré proposé aux maîtres italiens l’exemple d’un sataniste avéré plutôt que l’exemple d’un saint ?

Jean-Paul Ier fut-il victime ou complice ? Sans doute ne le saurons-nous jamais en ce monde. Mais à partir du moment où ce texte fut prononcé par lui, nous pouvions être sûrs qu’il n’était pas ignorant de ce qui se tramait dans les hautes sphères de l’Église.

Jean-Paul Ier est mort peu après l’incident que nous relatons. Sa mort est-elle à mettre en relation avec le complot dont son discours du 17 septembre est une manifestation ? Mystère une fois encore. Mais tous les conseillers qui l’entouraient, hormis ceux qui l’ont suivi dans la tombe, entourent encore son successeur.

Rien ne nous autorise à penser que Satan, lui, a quitté les lieux.

Pierre-Michel Bourguignon

Source : Didasco n° 12, mars-avril 1979, p. 39-40.
 
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