Sachons raison garder

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

Astorg -  2014-02-24 03:32:03

Sachons raison garder

Je me garde bien, pour les raisons évoquées dans mes précédentes interventions, ni de cautionner, ni de condamner les propos de l'abbé Rebourgeon, ni même d'ailleurs le choix du district de les reprendre. En revanche, la réaction qu'ils ont suscitée ici me laisse perplexe et m'attriste un peu.

L'essentiel du message de l'abbé Rebourgeon me semble tenir dans l'observation suivante:


Est-ce que les prêtres qui célèbrent la messe traditionnelle, dans le cadre d’une collaboration avec les évêques et les prêtres qui propagent l’esprit du concile Vatican II, ne participent pas, même sans s’en rendre compte, à cette injure faite à Notre Seigneur ? Loin de moi de juger les dispositions de chacun, les intentions personnelles, d’en vouloir à quiconque, de manquer d’estime et de charité envers ces prêtres. Mais, objectivement, dans les faits, c’est une participation à une oeuvre qui ruine la Foi catholique. Et, conséquemment, aller à la messe de ces prêtres, c’est cautionner, soutenir aussi, à travers eux, cette oeuvre de destruction de la Foi catholique.



"Gravement schismatique", "calomnie et médisance", "discours sans intérêt", "Torquemada d'opérette": permettez-moi de dire que je ne suis pas sûr, en vous lisant l'un et l'autre, de savoir lequel de vous fait preuve du moins de nuance ou de mesure. Mais passons.

Ce que l'abbé semble vouloir dire, c'est sans doute qu'il vaut mieux, pour les raisons évoquées, aller à une de ses messes quand on le peut parce qu'elles sont célébrées dans un contexte dénué de toute association avec la nouvelle messe. C'est son droit, me semble-t-il, de même que d'autres, pour des raisons inverses, feront le choix inverse. Au fond, ce qui différencie les uns des autres, c'est le degré de nocivité qui s'attacherait à une association, même tenue, avec le "poison", réel ou supposé, de la nouvelle messe. On a le droit de trouver ces préventions excessives ou même inconvenantes, mais le fait de les faire siennes ne rend pas ipso facto ni calomniateur, ni médisant, ni inquisiteur sanguinaire, ni schismatique, ni même, je crois, indigne d'intérêt puisque comme un intervenant l'a remarqué sur ce fil, ces préventions ont été dans une certaine mesure partagées par Mgr Lefebvre.

Sujet manifestement ultrasensible, quand on voit la réaction épidermique qu'il suscite, — et sans doute touche-t-on ici au coeur vif du débat noué autour de la crise de l'Eglise. Néanmoins, mon sentiment personnel est que si peu de chose sépare ces deux points de vue, qu'il vaudrait mieux consacrer les colonnes de ce Forum à d'autres combats: mais pour des raisons qui m'échappent un peu, leurs sectateurs respectent s'étranglent de rage les uns comme les autres à l'idée que ceux "d'en face" auraient le droit de les exprimer...

Hasard ou oeuvre de la Providence? Les Méditations pour tous les jours de l’année que je parcours chaque soir me proposent pour ce dimanche de la Sexagésime la réflexion suivante, inspirée par la parabole du Semeur dans l’évangile de ce jour :


Les Prêtres, comme envoyés de Dieu et de ses Vicaires, en ce monde, revêtus du sacerdoce et de l’autorité de Jésus-Christ, jettent diverses semences dans les âmes. Par la communion, ils y sèment Jésus, ce divin germe d’immortalité, cette semence de la vie éternelle, de toute sainteté, de toute perfection, dont il est l’auteur, le principe et la source ; par la prédication, ils y jettent la semence de la parole de Dieu, de la foi, de la vérité et de la science du salut. Les lèvres des Prêtres gardent la science (Mal. II, 7) ; c’est à eux que le trésor de la doctrine est confié. Par l’administration des sacrements, ils sèment dans les âmes la grâce et les mérites de Jésus-Christ. Ministère saint et sacré, qui doit être exercé avec zèle, crainte et humilité, mais qu’il convient de regarder toujours avec autant d’estime que de respect et de dévotion, selon ces paroles de l’Apôtre : Que les hommes nous estiment comme les ministres de Jésus-Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu (I Cor. IV, 1). Ne touchons donc point aux oints du Seigneur ; et ne lançons jamais nos traits malins contre ses Prophètes (Ps. CIV, 15). Révérons leur caractère, couvrons leurs défauts, et tenons-nous en, par rapport à eux, à la maxime du Sauveur : Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous méprise me méprise (Lc. X, 16).


http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=744855