déraillements

Le Forum Catholique

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Lycobates -  2013-11-08 13:01:07

déraillements


Mon but dans le fil présent a été de souligner le fait qu'il y a un décalage chronologique gênant entre le déraillement doctrinal et les effets qu'il entraîne (nous nous comprenons) et le déraillement liturgique qui est en effet antérieur.



Oui.
Le déraillement liturgique est nécessairement précurseur.
Pourquoi?
A mon avis, parce que la liturgie donne par son côté pratique-pragmatique davantage d'espace libre et de marge de manœuvre à ceux dont le but fut dès le début le déraillement doctrinal (je reprends votre expression) et ceux qui prônaient ce déraillement doctrinal et ses effets en ont sciemment usé pour y parvenir. Il fallait un temps de préparation, qui devait commencer là où la vigilance était moindre.
Nous sommes témoins d'une destruction savamment conçue et mise en œuvre. Il y a un aspect "pédagogique" à cette Réforme qu'il ne faut pas sous-estimer.
En effet, il était plus sûr de changer la lex orandi pour entraîner par-là sensim sine sensu la chute de la lex credendi. C'est une réussite presque totale. La voie inverse n'aurait pas donné des résultats aussi avérés, même si certains réformateurs l'ont essayée, parfois pour se cogner la tête.

Dom Guéranger l'avait déjà bien cerné mais on ne l'a pas assez lu, il me semble, là où il fallait le lire, dans les congrégations romaines, les curies épiscopales, les séminaires.


Par ailleurs je vous remercie beaucoup d'avoir partagé ici votre article que j'ai lu ce matin. Il est très intéressant. Vous y donnez une belle synthèse de la question et quelques pistes importantes. Le thème est très vaste (il englobe toute la morale) et le fil présent concernait la liturgie, et encore, à l'origine, une simple question de rubrique, une loi ecclésiastique, essentiellement. Ce n'est pas une comparaison avec d'autres questions qui peuvent être de vie ou de mort, dans le domaine de validité sacramentelle notamment.

J'en retiens surtout le fait que comme vous le dites (citant saint Thomas) l'épikeia devrait être comprise, non pas comme un jugement défavorable sur une loi entière ou sur sa convenance générale (ce qui serait abusif et ne nous convient pas de faire en tant que non-législateurs), mais plutôt comme sa non-application dans un cas particulier. Il convient en effet de ne pas perdre de vue que nous nous trouvons dans une situation du cas-par-cas prolongée, les solutions se situant essentiellement in foro interno, et qu'il faut résister à la tentation (inconsciente d'abord) de s'attribuer une autorité d'agir au sens autonome propre, et d'établir de plein droit public ce qui ne pourrait être qu'exception précaire appliquée ad hoc.
En somme, la tentation gallicane, comme vous le disiez.

J’ai imprimé votre texte qui donne ample matière de réflexion et je le relirai encore.
Encore merci !
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