je ne crois pas du tout à cette piste

Le Forum Catholique

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Luc Perrin -  2013-10-06 16:06:38

je ne crois pas du tout à cette piste

Le pape en 2012 le disait à propos de l'Église des USA :

"Pour sa part, l’Eglise qui est aux Etats-Unis est appelée, à temps et à contretemps, à proclamer un Evangile qui ne propose pas seulement des vérités morales immuables, mais qui les propose précisément comme la clé du bonheur humain et du développement social (cf. Gaudium et spes, n. 10). Dans la mesure où certaines tendances culturelles actuelles contiennent des éléments qui veulent limiter la proclamation de ces vérités, que ce soit en les renfermant dans les limites d’une rationalité purement scientifique ou en les supprimant au nom du pouvoir politique ou de la loi de la majorité, elles représentent une menace non seulement pour la foi chrétienne, mais également pour l’humanité elle-même et pour la vérité plus profonde sur notre personne et notre vocation ultime, notre relation à Dieu. Lorsqu’une culture tente de supprimer la dimension du mystère ultime, et de fermer les portes à la vérité transcendante, elle s’appauvrit inévitablement et devient la proie comme l’a si bien perçu le regretté Pape Jean-Paul II, de lectures réductionnistes et totalitaires de la personne humaine et de la nature de la société."

[merci Scrutator d'avoir attiré mon attention sur ce très beau texte de Benoît XVI en parfaite continuité avec Jean-Paul II lors de ses visites]

L'Église des États-Unis est très engagée dans sa hiérarchie aux côtés du pape depuis Jean-Paul II et les forces vives du catholicisme américain sont néo-conservatrices et pro Life.

Plus vraisemblablement et plus logiquement, Benoît XVI s'est heurté, lui le néo-conservateur académique donc soucieux d'une image, à "l'Empire" des media libéraux tout de suite et surtout en 2009.
Il a eu contre lui pendant des mois TOUS les media du monde (y compris parfois les "catholiques") occidental, c'est lourd à porter ; et Vatileaks est arrivé comme un coup de grâce en 2011-2012.

Surtout le pape en 2009 a renoncé à tout sauf au dossier FSSP : le choix de Mgr di Noia à la place de Mgr Ranjith a sonné le glas de la réforme liturgique.
En 2012, il n'avait plus la force de braver une autre formidable tornade s'il avait approuvé le compromis acceptable négocié au printemps avec Mgr Fellay.

Plus profondément, l'échec de Benoît XVI c'est celui du "renouveau" sous Jean-Paul II plus fragile qu'on ne le disait. La génération Jean-Paul II était plus faible qu'annoncée et le processus de "recentrage" était loin d'être suffisant en 2005 pour fournir à Benoît XVI les moyens d'être ratzinguérien.

Dans cet échec de Benoît XVI, il y a - à mon sens et en l'état des informations - une part liée au caractère du Pontife, une certaine pusillanimité une Führerwächte - faiblesse du chef -, une autre part tient à l'idée de ne pas imposer une "école" théologique à Rome (ce point était très fort à Vatican II et un théologien de métier comme J. Ratzinger a sûrement intégré cela) mais la plus grande cause d'échec fut qu'il n'avait pas les bataillons pour mener une offensive.
En juin 2012, il a fait une série de nominations en Curie assez éloignées du ratzinguérisme en même tant que la capitulation sur l'accord avec Mgr Fellay. Au fond le pape se retrouvait assez seul à Rome et sans plus guère de prise sur la conduite du navire : il a préféré descendre d'un bâteau qu'il ne contrôlait plus du tout.


Ce qui nous ramène à l'idée que l'échec de Benoît XVI, il est d'abord le nôtre.




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