"Nostra aetate" d'une part et "peine de mort" par ailleurs

Le Forum Catholique

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jejomau -  2013-09-21 11:33:05

"Nostra aetate" d'une part et "peine de mort" par ailleurs

1°) Les propos du Saint-Père me sont scandaleux ("objet de scandale") .... surtout dans le contexte actuel où tant de chrétiens sont massacrés (littéralement parlant) au nom de l'Islam... Je reprends donc ce qui écrit dans Nostra Aetate que vous rappelez à notre souvenir :

3. La religion musulmane

L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre [5], qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.

Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.


Nous sommes bien d'accord vous et moi, non ? Le texte qui n'a même pas une portée dogmatique et que l'on pourrait donc contester déjà sur ce plan là puisqu'il ne reflèterait pas la position de l'Eglise mais celle des Pères du concile à un époque donnée.. ce texte-là donc dit bien :

L’Église regarde aussi avec estime les musulmans


et ce texte ne dit pas que l'Eglise regarde avec "estime l'Islam" . Et comment pourrait-elle dire cela puisqu'il s'agit d'une religion qui "si elle comprend des parcelles de vérité" enseigne l'Erreur ??


Je conteste donc les propos du Saint-Père sur ce point.



2°) Pour aborder le sujet de la peine de mort, je conviens avec vous que l'Etat du Vatican interdit la peine de mort et ne l'accepte pas en faisant pression même avec d'autres pays pour qu'elle soit abolie. MAIS je regarde plutôt l'enseignement Magistériel de Rome (c-à-d de l'eglise) sur ce sujet . Et Rome ne peut se dédire sur un point doctrinal même si je suis d'accord également avec vous qu'un point de doctrine (de dogme) peut-être acclimaté aux époques pour qu'il soit compris par les hommes. On dira donc qu'il est sujet "partiellement" à fluctuation mais il demeure néanmoins entier dans ce qu'il exprime justement parce qu'un dogme exprime une Vérité éternelle dans un de ses aspects et qu'elle ne peut en aucun cas être sujet aux changements.

Que dit donc Saint Thomas d'Aquin à ce sujet ? Il défend le principe de la peine de mort par " l’autorité afin de préserver le bien commun auquel la vie est ordonnée, sacrifiant l’imparfait pour le parfait. (Cf. Ro.XIII,4 : « car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal ; car ce n’est pas pour rien qu’elle porte le glaive : elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. »).

Et que dit le Catéchisme de l'Eglise catholique (1998), expression du Magistère au sujet de la peine de mort :

§ 2266 : L’effort fait par l'État pour empêcher la diffusion de comportements qui violent les droits de l’homme et les règles fondamentales du vivre ensemble civil correspond à une exigence de la protection du bien commun. L’autorité publique légitime a le droit et le devoir d’infliger des peines proportionnelles à la gravité du délit. La peine a pour premier but de réparer le désordre introduit par la faute. Quand cette peine est volontairement acceptée par le coupable, elle a valeur d’expiation. La peine, en plus de protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, a un but médicinal : elle doit, dans la mesure du possible, contribuer à l’amendement du coupable.

§ 2267 : L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.Aujourd’hui, en effet, étant donné les possibilités dont l'État dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants.



Ainsi, si la FACON d'exprimer la doctrine a changé - et là je suis d'accord avec notre bon pape jésuite - je lui dénie le droit de dire que la peine de mort n'est plus acceptée par l'Eglise car cette doctrine serait finalement susceptible d'être ... subjective .

Si j'accepte ce qu'il dit : la Vérité est-elle alors encore objective et perceptible par l'Eglise ? L'Eglise a-t-elle encore la Foi ?


Je conteste donc aussi les propos du Saint-Père sur la peine de mort
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