Réflexion autour du suicide de M. Venner

Le Forum Catholique

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XA -  2013-05-23 11:06:29

Réflexion autour du suicide de M. Venner

Je publie ici, avec son aimable autorisation, une réflexion de M. l'abbé Jean-Marie Robinne faisant suite au suicide de M. Dominique Venner en la cathédrale Notre Dame de Paris.


Il est étonnant de lire depuis hier des commentaires quasi laudatifs au sujet du suicide de Dominique Venner, y compris de la part de prêtres. Ceux-ci sans pour autant justifier son acte essaient d’en comprendre la portée, au moins compte tenu de l’orientation philosophique et historique de Venner. Si l’on se doit d’éprouver de la compassion pour sa famille et espérer que Dieu lui fasse miséricorde, il faut en revanche regarder son acte comme ce qu’il est. Une double profanation, qui du fait de la dimension politique voulue par Venner lui-même, doit être encore plus fortement condamnée.

Je m’explique. Supposer qu’en choisissant Notre Dame il ne connaissait pas la portée de son acte et l’aspect profanatoire de ce dernier serait faire injure à son intelligence et à sa culture. Prétendre qu’il voulait, en choisissant ce lieu, passer une dernière fois par l’Eglise sans se renier semble relever du fantasme. Dans l’explication de son acte, il parle de ce lieu qui a été choisi en rapport avec les rites immémoriaux symboles d’une civilisation. Il semblerait plus que douteux que ces rites soient ceux de l’Eglise catholique puisque son geste lui-même ferait offense à ce qu’il prétendait honorer. Mais passons, n’essayons pas d’analyser ce qui relève du secret des coeurs et que Dieu seul connait. En revanche ce que nous pouvons analyser et ce que nous devons analyser c’est l’acte lui-même.

Acte de profanation d’un lieu sacré, dont bon nombre de catholiques semblent s'accomoder alors qu’ils s’insurgent, à juste titre, de celle commise par une femen dans le même lieu le lendemain du suicide. Comme si la ligne de pensée de Venner justifiait ou excusait tout.
Profanation à l’égard de la vie, dont nous ne sommes que dépositaires et non maîtres. Nous combattons avec acharnement le suicide médicalement assisté et nous serions prêt à honorer un «héros des temps modernes» qui se suicide par conviction politique.
Il semblerait que la schizophrénie devienne un sport national quand un homme, proche de nos idées, pose un acte injustifiable.

Je disais plus haut que cet acte devait être encore plus durement condamné car Dominique Venner a voulu lui donner une dimension politique. Or, comme tout acte politique, il est censé avoir une vertu d’exemplarité. Comment pouvons nous, dans ce cas, ne pas condamner avec la plus grande force ce qui se veut être un modèle nécessaire au réveil de la conscience française. Comment prétendre que dans la lignée philosophique qui était la sienne cet acte puisse être compréhensible. Quel que soit le point de vue que l’on choisisse le néantissement est toujours l’aveu d’un échec. Dans la tradition européenne dont il se disait héritier il s’agit d’une fuite du combat, d’un abandon de poste, d’une trahison et non d’un choix héroïque. Vouloir rester maître de sa vie jusqu’au dernier instant et choisir comment se déroulera sa dernière minute ne peut être regardé que comme un acte d’égoïsme. Jusqu’au bout je me choisis. De ce fait je ne vois pas bien comment concilier l’abnégation que nécessite tout combat et le choix délibéré de rester maître de sa vie.

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